(Ottawa) Un rapport d’évaluation révèle que le gouvernement fédéral a dépensé à peine la moitié des 184 millions destinés depuis cinq ans à prévenir les inondations dans les municipalités canadiennes.

Le rapport récemment publié indique que l’efficacité du « Programme national d’atténuation des catastrophes » a été entravée par des problèmes d’échéanciers, qui ont entraîné des retards, mais aussi par des obstacles administratifs pour les communautés autochtones. On y apprend par ailleurs qu’aucun projet n’a été financé au Québec parce qu’aucun accord bilatéral n’a été signé avec cette province.

Selon les données d’Ottawa, 108 des 170 catastrophes majeures survenues de 2008 à 2018 étaient des inondations, qui ont causé des milliards de dollars de dommages. Et selon le rapport d’évaluation, 80 % des villes canadiennes sont érigées sur des plaines inondables. Or, « avec le changement climatique, les coûts de rétablissement après des inondations continueront à augmenter », prévient-on.

Le rapport indique que le programme fédéral, créé en 2015, a financé jusqu’ici 363 projets dans 117 communautés — principalement pour cartographier les zones inondables et pour améliorer les infrastructures afin d’atténuer les impacts de la crue des eaux. Une quinzaine de projets ont été financés au Nouveau-Brunswick, pour une somme de 9,2 millions, et 189 autres projets ont bénéficié en Ontario d’une enveloppe totale de 39,8 millions.

Dans l’ensemble du pays, environ 95 millions ont été consacrés à ces projets depuis 2015, mais les autres 89 millions du budget total alloué n’ont pas été dépensés. « Les exigences administratives et les délais requis pour les projets structurels ont été perçus comme des obstacles », indique le rapport d’évaluation. En 2019-2020, un peu plus de 57 millions avaient été budgétés pour ce programme.

Le rapport d’évaluation indique que le programme a été peu sollicité au cours des deux premières années, car le moment du lancement ne correspondait pas aux cycles budgétaires des provinces, qui ne pouvaient alors assumer une partie des coûts. De plus, les provinces et territoires s’attendaient à un « programme tous risques », pour toutes les catastrophes naturelles, et ont donc « probablement dû modifier leurs projets pour se concentrer sur l’atténuation des inondations ».

Bien que l’atténuation des effets des inondations ait bénéficié d’un soutien, la majorité des personnes interrogées pour l’évaluation du programme ont souligné la nécessité de couvrir tous les risques, à cause de l’interdépendance entre les catastrophes. « Quand il y a des incendies de forêt, nous savons qu’il y aura davantage d’inondations au cours des prochaines années », a déclaré une personne interrogée par l’équipe d’évaluation.

Autochtones

Par ailleurs, puisque les demandes devaient être présentées par l’intermédiaire des gouvernements provinciaux ou territoriaux, « les communautés des Premières Nations sur les réserves ont fait face à des obstacles additionnels pour accéder au financement ».

On souligne également l’administration « complexe et lourde » du programme, les formulaires longs à remplir et le roulement important de personnel dans les régions et au ministère de la Sécurité publique au début du programme.

Les gestionnaires du programme ont accepté les recommandations de l’évaluation et se sont engagés à apporter des changements.

Il y a cinq ans, le Canada était le seul pays du G7 qui n’offrait pas d’assurance résidentielle couvrant les inondations, car les cartes de zones inondables existantes n’étaient plus à jour, note le rapport. Le programme fédéral a été mis en place, en partie, pour entreprendre les évaluations et la cartographie nécessaires, et le secteur des assurances a commencé à utiliser les cartes nouvellement créées.

« Toutefois, à l’heure actuelle, les communautés canadiennes affectées n’ont pas toutes accès à une assurance abordable contre les inondations. »

Les gouvernements, les propriétaires, le secteur privé, les chercheurs et les organisations non gouvernementales ont tous un rôle à jouer pour réduire le fardeau des gouvernements en matière de reprise après sinistre, selon le rapport.