Afin de dissuader les atteintes contre les bâtiments agricoles, les restaurants ou les entreprises agroalimentaires par des tenants de la cause antispéciste, Québec a récemment mis sur pied un comité qui se penchera sur les actions prises par d’autres juridictions pour faire obstacle à ce phénomène. Le gouvernement Legault n’écarte pas l’option d’imiter l’Alberta ou l’Ontario en légiférant pour permettre l’imposition d’amendes salées à ceux qui s’introduiraient illégalement dans des bâtiments de fermes ou des abattoirs.

« L’idée, c’est de trouver comment mettre en place un environnement dissuasif parce que ce n’est pas acceptable ce qu’il se passe. Qu’on discute d’un sujet c’est une chose, mais qu’on pose des gestes pour faire valoir ces opinions-là qui ultimement, peuvent porter atteinte à la santé ou à la propriété des gens, c’est sûr qu’on ne veut pas cela », a expliqué le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne, en entrevue avec
La Presse.

Bien que le groupe de travail soit en place depuis décembre, le ministre Lamontagne en a fait l’annonce, aujourd’hui, dans la foulée d’un événement survenu au restaurant Manitoba, à Montréal.

« On est certainement ouverts à poser des gestes pour aider nos agriculteurs, nos restaurateurs. À savoir le meilleur véhicule pour le faire, c’est quelque chose que l’on va déterminer et dont on va convenir, mais on est certainement ouverts à plusieurs options. »

Alors que le végétalisme est un régime alimentaire, l’antispécisme est une idéologie qui s'oppose à toute forme d'élevage animal destiné à la consommation humaine, ce qui inclut par exemple la laine, le cuir, la fréquentation de zoos ou même le fait de posséder un animal de compagnie.

Rappel des faits

Dimanche soir, la serrure du restaurant du quartier Mile-Ex a été enduite de colle, empêchant les propriétaires d’y entrer. Dans une missive manuscrite laissée dans la boîte aux lettres, le chef de l’établissement est par ailleurs accusé d’avoir « du sang sur les mains », car il occupe aussi un poste au conseil d’administration du Petit abattoir, un projet coopératif de petite échelle destiné aux producteurs artisanaux de volaille.

Mais c’est l’occupation d’une porcherie à Saint-Hyacinthe par des militants véganes, début décembre, qui a motivé le gouvernement Legault de créer un groupe de travail formé de représentants des ministères de la Justice, de la Sécurité publique et de l’Agriculture.

« Que les gens aient des opinions divergentes sur des faits, c’est quelque chose qui est sain dans une société. Ce qui est important pour moi, c’est de s’assurer que cette divergence-là s’exprime de façon respectueuse », souligne M. Lamontagne.

Après cet événement, les Éleveurs de porcs du Québec ont demandé au gouvernement Legault d’imiter l’Ontario et de légiférer pour empêcher d’autres événements du genre.

Au début du mois de décembre, un projet de loi intitulé Security from Trespass and Animal Safety Act a été déposé à l’Assemblée législative de l’Ontario après des pressions du monde agricole. Il prévoit des amendes pouvant aller jusqu’à 15 000 $ pour une première entrée par effraction dans un abattoir ou une ferme et jusqu’à 25 000 $ pour les entrées par effraction subséquentes. Avec cette loi, bloquer un camion qui transporte du bétail deviendrait aussi illégal.

En Alberta, le gouvernement de Jason Kenney a récemment durci le montant des amendes pouvant être imposées à la suite d’entrées par effraction dans des fermes après l’occupation d’un élevage de dindes.

« Après des discussions avec la ministre de la Justice Sonia Lebel, rapidement, on a convenu que c’était important de répertorier les pratiques d’ailleurs », a souligné M. Lamontagne. « Avec le ministère de la Sécurité publique, on est au stade de répertorier ce qui se fait ailleurs dans les autres juridictions. »