(Vancouver) Une ancienne cadre de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a déclaré qu’elle n’avait aucune inquiétude quant à la conduite des agents frontaliers impliqués dans la détention de la dirigeante du géant chinois Huawei, Meng Whanzou, qui a été arrêtée à l’aéroport de Vancouver en vertu d’un mandat des États-Unis.

Roslyn MacVicar était directrice générale de l’agence frontalière dans la région du Pacifique au moment de l’arrestation de Mme Meng, le 1er décembre 2018, bien qu’elle ait dit devant le tribunal qu’elle était à l’extérieur de la ville à l’époque.

Mme MacVicar, qui est maintenant à la retraite, ne se souvient pas d’avoir donné des directives précises sur la tenue des registres liés à l’interrogatoire de Mme Meng à l’aéroport, mais elle affirme que ses cadres supérieurs auraient su que c’était prévu.

« J’aurais parlé de l’enjeu de savoir à quel point il était important d’avoir un compte rendu complet de ce qui s’est passé », a-t-elle déclaré.

« Ce que je dis habituellement avec mes cadres supérieurs, c’est que, vous savez, nous avons l’obligation de nous assurer que nous avons un dossier et ils auraient su que je m’attendais à ce qu’il y ait un dossier en ce qui concerne l’arrivée (de Mme Meng) ».

Nicole Goodman, qui a supervisé les opérations des passagers pour l’agence frontalière, a déclaré au tribunal cette semaine que Mme MacVicar lui avait conseillé de ne pas effectuer de registres supplémentaires sur l’affaire dans les semaines suivant l’arrestation de Mme Meng, car les notes pourraient faire partie d’une demande d’accès à l’information.

Roslyn MacVicar témoigne dans le cadre d’une audience de collecte de preuves, au cours de laquelle les avocats de Mme Meng se penchent sur les circonstances de l’arrestation de leur cliente pour soutenir un argument d’abus de procédure qu’ils devraient présenter l’année prochaine.

Meng Wanzhou est recherchée par les États-Unis pour répondre à des allégations de fraude et de complot relativement aux sanctions américaines contre l’Iran par l’entremise d’une filiale de Huawei. Mme Meng et Huawei nient ces allégations.

Ses avocats allèguent que la Gendarmerie royale du Canada et l’ASFC ont comploté pour fouiller et interroger Mme Meng à la demande de responsables américains sous le couvert d’un examen d’immigration de routine.

Mme MacVicar a déclaré vendredi qu’elle croyait qu’il y avait des questions de sécurité légitimes à poser à Mme Meng avant son arrestation par la GRC.

Le tribunal a déjà entendu dire que les codes d’accès aux téléphones de Mme Meng avaient été indûment partagés à la GRC.

En contre-interrogatoire avec l’avocate de Mme Meng, Mona Duckett, Mme MacVicar a convenu que les codes d’accès partagés représentaient un incident important.

Mona Duckett a suggéré, en se basant en partie sur le témoignage de Mme Goodman, que Mme MacVicar avait donné l’ordre de « commencer à rassembler, mais ne pas créer » de nouveaux registres après avoir appris l’erreur de partage de code d’accès.

« Je ne dirais jamais cela. Je n’ai pas dit cela, et c’est incompatible avec tout ce que j’ai dit en ma qualité de fonctionnaire. Je ne peux pas commenter ce que quelqu’un a compris de ce que j’ai dit, mais je n’aurais pas dit ça », a-t-elle rétorqué.

Le tribunal a appris jeudi que les avocats de Mme Meng prévoyaient présenter un nouvel argument juridique alléguant qu’elle avait été victime d’un abus de procédure et qu’elle devrait être libérée.

Son équipe juridique a plaidé jusqu’à présent que Mme Meng avait été utilisée par l’administration Trump comme monnaie d’échange à des fins politiques. Elle a aussi allégué que les autorités américaines avaient induit en erreur leurs homologues canadiens en laissant des informations clés hors de son dossier, et que la détention et l’arrestation de Mme Meng étaient illégales.

Ses avocats prévoient déposer un quatrième argument lundi.

Le dossier d’extradition suit son cours alors que certains médias rapportent que le département américain de la Justice négocierait un accord selon lequel Mme Meng reconnaîtrait certains actes répréhensibles, ce qui lui permettrait de quitter le Canada.