Une survivante de la tuerie de Polytechnique a imploré Ottawa de resserrer le contrôle des armes à feu lors de la cérémonie de commémoration de l’attentat, dimanche

Les Québécois ont souligné dimanche le triste anniversaire de la tuerie de Polytechnique lors d’une cérémonie virtuelle animée par l’une des survivantes de l’attentat, qui a imploré le gouvernement fédéral de resserrer le contrôle des armes à feu.

« On aurait envie de vivre un deuil calme, tranquille et serein. Sauf qu’on ne peut pas avoir ce type de deuil, on a encore trop de luttes à mener », a déploré Nathalie Provost, dont le discours prononcé à la place du 6-décembre-1989 à Montréal a été diffusé sur les réseaux sociaux.

Alors âgée de 23 ans, Mme Provost était en classe à Polytechnique le 6 décembre 1989, lorsqu’un homme a fait irruption et a ouvert le feu sur elle et ses compagnes de cours. Elle a raconté avoir tenu la main de Nathalie Croteau et de Barbara Daigneault, 2 des 14 victimes, tout au long de l’attaque antiféministe.

« Pour moi, ce sont plus que des noms. Ce sont des personnes, des sourires. Aujourd’hui, ces femmes sont là pour nous accompagner et nous donner de la force quand on sait plus où la trouver », a témoigné Mme Provost d’une voix assurée, mais émotive.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Nathalie Provost, survivante de la tuerie de Polytechnique, a prononcé un discours à la place du 6-décembre-1989, à Montréal, dimanche.

La porte-parole du groupe PolySeSouvient pour le contrôle des armes à feu a imploré une fois de plus le gouvernement fédéral d’en faire davantage pour protéger les femmes.

Trente et un ans après les premières demandes des étudiantes de Polytechnique, on demande encore des contrôles simples, des contrôles nécessaires.

Nathalie Provost, survivante de la tuerie de Polytechnique

Il est notamment question de contrôle sur les armes de pointe, sur les chargeurs et sur le rachat des armes d’assaut. « Trente et un ans après, c’est encore à faire. Je suis encore là à vous parler », a-t-elle constaté avec regret.

Un mot sur les femmes autochtones

Joséphine Bacon, porte-parole du comité 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes, a tenu à souligner la violence systématique dont les femmes autochtones font constamment les frais.

« Il y a eu tant de femmes autochtones disparues ou assassinées […]. Juste cet automne, il y a eu Joyce Echaquan, qui est partie dans la violence », a rappelé la poétesse et réalisatrice innue, lors de la cérémonie. « Nous avons droit au respect, à l’amour et à la tendresse. »

Comme les années précédentes, des faisceaux de lumière devaient être projetés dans le ciel dimanche soir depuis le belvédère du mont Royal. Baladodiffusions, vidéos, tables rondes et évènements d’art et de poésie ont aussi été proposés dans le cadre des 12 jours d’action pour dénoncer la nature systématique de la violence basée sur le genre.