Le Parti libéral du Québec demande aux gouvernements fédéral et québécois de prendre des mesures contre le site de pornographie PornHub, établi à Montréal.

Le quotidien New York Times a récemment publié un article affirmant avoir examiné le populaire site pornographique qui attire des milliards de visites par mois. Selon lui, on y trouverait des vidéos montrant des viols et l’exploitation sexuelle d’enfants.

Les libéraux québécois demandent qu’un terme soit mis à cette situation qu’ils jugent « intolérable, scandaleuse et choquante ».

Selon eux, le reportage représente « dur coup pour la réputation du Canada, du Québec et de la ville de Montréal ».

Ils demandent notamment à la ministre de la Sécurité publique du Québec, Geneviève Guilbault, de mettre en application dans les plus brefs délais, l’article 5 du Rapport de la Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs recommandant « que le gouvernement du Québec confie à des experts le mandat de produire un avis concernant la présence de pornographie juvénile sur des sites liés à des entreprises enregistrées au Québec et les mesures mises en place pour la prévenir et la réprimer ».

En entrevue téléphonique, la députée libérale Christine St-Pierre réclame aussi « d’analyser quels sont les avantages fiscaux que la (société mère) Mindgeek peut avoir au Québec ». « Est-ce qu’on permet à une compagnie admissible aux crédits d’impôt d’héberger un site comme PornHub ? », s’interroge la vice-présidente de la Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La députée libérale et vice-présidente de la Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs, Christine St-Pierre

Le PLQ demande aussi au premier ministre fédéral Justin Trudeau de « donner suite aux demandes de la sénatrice Julie Miville-Dechêne et des 20 élus fédéraux, dont celle de consentir à lancer une enquête sur PornHub et de prendre les mesures coercitives qui s’imposent pour avoir hébergé des vidéos démontrant des crimes sexuels de masse comme le viol, la traite, la maltraitance et l’agression d’enfants ».

Au-delà des possibilités d’actions concrètes que peuvent poser les gouvernements contre une grande entreprise du web, Christine St-Pierre croit au pouvoir de la pression sociale. Elle appelle Québec et Ottawa à joindre leurs voix à celles qui s’élèvent un peu partout dans le monde pour dénoncer les pratiques du site pornographique.

« On peut joindre notre voix à cet effort international qui est de dire “Assez c’est assez”. PornHub doit trouver le moyen de gérer son site, sinon qu’il le ferme ! », tranche-t-elle en soulignant que rien ne démontre que Mindgeek met toutes les mesures en place pour contrer l’exploitation sexuelle des mineures sur son site.

Vendredi, la ministre Guilbault s’est dite troublée par les allégations visant PornHub et a souhaité que la police mène une enquête. Quant à la possibilité de ferme le site, elle a aussi dit craindre qu’un autre site du genre le remplace rapidement.

M. Trudeau a affirmé vendredi que son gouvernement travaillait avec la police et les différentes autorités concernées pour lutter contre l’exploitation sexuelle et la pornographie juvénile.

« Nous avons toujours été extrêmement préoccupés par la violence fondée sur le genre, l’exploitation des mineurs et la pornographie juvénile, a déclaré M. Trudeau devant sa résidence d’Ottawa. Nous allons continuer à travailler avec les services de police et les agences de sécurité et tous les moyens possibles pour garantir la sécurité de tous les Canadiens. »

De son côté, PornHub a rejeté les allégations.

« Nous avons une tolérance zéro pour les contenus d’agressions sexuelles envers des enfants. Pornhub est résolument engagé dans la lutte contre (ces contenus) et a institué une politique de confiance et de sécurité de pointe pour identifier et éliminer les contenus illégaux de notre communauté, a réagi l’entreprise, vendredi.