(Ottawa) Après quatre ans d’attente pour l’adoption d’un chien guide pour sa fille atteinte de paralysie cérébrale, de guerre lasse Vicki McKenzie s’est tournée vers internet pour trouver la perle rare : mais derrière l’écran, des fraudeurs se tenaient à l’affût.

En plein confinement, l’annonce pour un labrador-retriever sur le site Canadapups.com était une escroquerie : cette mère québécoise y a perdu 300 dollars canadiens.

Sa fille Océane, 11 ans, était inconsolable. « Elle pleurait beaucoup », se souvient Mme McKenzie.

« Comme Océane ne parle pas et ne peut pas courir, c’est difficile pour elle d’établir un contact avec les autres enfants », explique-t-elle à l’AFP.

Comme cette famille, des centaines de personnes en quête d’un animal de compagnie sont tombées dans les mailles des filets des fraudeurs depuis le début de l’année au Canada.

La pandémie de COVID-19 a fait exploser les demandes d’adoption d’animaux partout dans le pays.

A Toronto, la Humane Society, un refuge qui trouve un foyer pour environ 3000 animaux chaque année, a reçu plus de 10 000 demandes depuis le printemps.

« Et l’intérêt pour adopter un animal va grandissant à l’approche de Noël », dit Hannah Sotropa, une porte-parole de l’association.

Pour les gens en quête d’un chien de race pure, le temps d’attente dépasse maintenant deux ans en Ontario, selon une éleveuse, Carol Bodnieks.

« Je reçois normalement entre deux et sept appels par mois pour des chiens, ces derniers temps, c’est de sept à quinze par jour », explique-t-elle.

Au même moment, moins de chiots sont disponibles, les restrictions sanitaires limitant l’accès aux services vétérinaires et d’insémination.

Résultat, les prix augmentent et les arnaques aussi. L’adoption d’animaux de compagnie est maintenant la cible préférée des escrocs sur l’internet au Canada, selon les agences fédérales de lutte contre la fraude.

Vols à main armée

La police de Toronto a même signalé en octobre deux vols de chiots à main armée.

« Beaucoup de gens tombent sur des escrocs qui publient des annonces pour des animaux qui n’existent pas ou qui ne sont jamais envoyés », déplore Jessie St-Cyr, porte-parole du Bureau de la consommation, une agence fédérale de protection des consommateurs.

« De nombreuses victimes », dont plusieurs sont en télétravail chez elles, « voulaient adopter un chiot afin de réduire leur isolement et égayer leur vie pendant la pandémie ».

Les fraudeurs prennent généralement prétexte des restrictions sanitaires pour exiger de leurs victimes qu’elles paient à l’avance pour un animal de compagnie potentiel qu’elles ne peuvent même pas voir en personne.

Les agences fédérales de surveillance ont reçu près de 500 plaintes pour des chiens depuis le début de l’année.

Les acheteurs potentiels ont perdu en moyenne chacun 1000 dollars, estime le Bureau de la consommation.

La famille de McGowan Weddig, un résident de Guelph dans le sud de l’Ontario, est tombée dans le panneau en voulant se procurer un premier chiot.

Après avoir répondu à une annonce en ligne, la famille a reçu des documents qui « semblaient parfaitement légitimes », se souvient M. Weddig.

« C’était notre premier chiot, donc nos émotions ont pu se mettre en travers de notre chemin », reconnaît-il.

« J’étais en colère », se rappelle M. Weddig. « Nous sommes en pleine pandémie et certaines personnes s’en prennent à d’autres. Je ne fais plus confiance à personne. »

Le Bureau de la consommation estime qu’environ 80 % des publicités pour des animaux de compagnie sur l’internet sont potentiellement « frauduleuses ». Elles concernent le plus souvent des yorkshire terriers ou des bouledogues français.

Des courriels obtenus par l’AFP démontrent les mille et une tactiques employées par les escrocs et l’indignation qu’ils feignent lorsque leur manège est découvert.

Remises de leurs mésaventures, les familles de Mme McKenzie et M. Weddig ont fini par avoir un chiot. « Ça s’est bien terminé », conclut Mme McKenzie, pendant qu’Océane joue avec Oakley, un jeune Berger allemand fringant.