À la fin du mois d’octobre, quatre requins blancs adultes ont été repérés dans les environs des îles de la Madeleine par l’organisme américain Ocearch. Le requin blanc est toutefois loin d’être la seule espèce de requin dans les eaux québécoises. En effet, sept espèces sont présentes, chaque année, dans le golfe du Saint-Laurent.

Requin blanc

Le requin blanc est dans le golfe du Saint-Laurent depuis toujours, affirme Jeffrey Gallant, directeur scientifique de l’Observatoire des requins du Québec : « Il y en a toujours eu, mais on réussit rarement à les observer. » C’est une espèce particulièrement indépendante. « S’il se retrouve en groupe autour des îles de la Madeleine, c’est probablement pour la nourriture », explique Chris Fisher, chef d’expédition du groupe de recherche maritime Ocearch. À ce moment-ci de l’année, il y a beaucoup de thons et de phoques, des attraits intéressants pour le requin blanc.

C’est également une des espèces de requins les plus célèbres grâce aux films américains, notamment Les dents de la mer. « Dans les années 70, la peur des requins créée par ces films a entraîné une chasse systématique des requins blancs visant à les éliminer de l’Atlantique Nord », raconte M. Gallant. Le nombre de requins blancs est toujours particulièrement bas, mais il commence à remonter tranquillement, puisque c’est désormais une espèce protégée, ajoute Chris Fisher.

Jeffrey Gallant rappelle qu’il ne faut pas avoir peur de ce prédateur des mers, mais qu’il faut tout de même prendre garde de ne pas aller nager près des phoques. « Les requins blancs pourraient prendre un être humain pour un phoque par accident », indique-t-il.

Requin-pèlerin

PHOTO TIRÉE DE WIKIMEDIA COMMONS

Requin-pèlerin

Pouvant atteindre jusqu’à 12 m de long, le requin-pèlerin est le plus gros requin que l’on retrouve au Québec. On le trouve en très grand nombre dans la province, particulièrement de part et d’autre de la Gaspésie. Malgré sa taille imposante et sa très large gueule, l’humain n’a rien à craindre. « C’est un requin qui ne mange que du plancton », explique Jeffrey Gallant. Il ajoute qu’il ne faut toutefois pas que les plongeurs s’en approchent de trop près, parce qu’il risque de les frapper accidentellement avec sa queue.

Requin du Groenland

PHOTO FOURNIE PAR JEFFREY GALLANT

Requin du Groenland

Le requin du Groenland réside à l’année dans le golfe du Saint-Laurent et dans le fjord du Saguenay. Il aime vivre dans les eaux froides de moins de 12 °C, il peut donc facilement passer l’hiver au Québec. C’est un requin carnivore, mais principalement charognard. « Il mange ce qu’il retrouve déjà mort sur le fond », indique M. Gallant. Il précise que Baie-Comeau est le seul endroit au monde où l’on peut plonger et rencontrer un requin du Groenland sans avoir à l’attirer ou à le capturer. Celui-ci peut vivre jusqu’à 400 ans. C’est aussi le requin le plus toxique au monde. Il est pourtant très apprécié pour la consommation en Islande, mais sa chair doit d’abord être bouillie plusieurs fois pour éliminer les toxines présentes.

Requin bleu

PHOTO TIRÉE DE WIKIMEDIA COMMONS

Requin bleu

Jeffrey Gallant décrit le requin bleu comme un grand voyageur. « Chaque année, il part de l’Atlantique Sud et remonte jusqu’en Atlantique Nord pour se rendre dans le golfe », explique-t-il. On le retrouve entre Pointe-Des-Monts, sur la Côte-Nord, et Matane. Le spécialiste explique que ce n’est pas une espèce qui vient près de la côte. Elle se nourrit de poissons et de calmars au large, là où les eaux sont plus profondes. Avec les changements climatiques, le requin bleu pourrait devenir de plus en plus présent au Québec.

Requin maraîche

PHOTO FOURNIE PAR MÉLANIE HUET-FOURNIER

Requin maraîche

Le requin maraîche, qui ressemble à un petit requin blanc, peut se retrouver dans le fleuve jusqu’à La Malbaie. N’ayez crainte pour vos prochains voyages dans Charlevoix, le requin maraîche est piscivore, il se nourrit donc exclusivement de poissons. C’est également le requin le plus souvent capturé de façon accidentelle par les pêcheurs. Si un requin est pris dans un filet, il risque de ne pas survivre. « Les requins ont besoin de nager pour s’oxygéner, donc s’ils restent pris dans des filets pendant plusieurs heures ou plusieurs journées, la majorité d’entre eux ne survivent pas », indique M. Gallant. Les chercheurs profitent toutefois de ces captures accidentelles pour mettre à jour leurs informations sur les différentes espèces de requins au Québec.

Aiguillat commun et aiguillat noir

PHOTO FOURNIE PAR LE BIODÔME DE MONTRÉAL – ESPACE POUR LA VIE

Aiguillat commun

L’aiguillat commun est un petit requin d’environ un mètre de long qui se déplace en groupes de centaines, voire de milliers d’individus. Certains plongeurs racontent que dans les années 80, près de Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie, ils leur arrivaient de nager entourés de centaines d’aiguillats communs. « Il y en avait tellement qu’ils pouvaient les attraper par la queue et les remonter à la surface », raconte M. Gallant. L’aiguillat noir est le plus petit requin que l’on retrouve au Québec. Il mesure entre 60 et 75 cm et il peut se retrouver jusqu’à 1600 m de profondeur. Il est présent à longueur d’année dans le fleuve Saint-Laurent, puisqu’il adore les eaux froides, entre 3,5 et 4,5 °C.

Le saviez-vous  ?

1. Les requins sont apparus pour la première fois dans l’océan il y a environ 455 millions d’années, soit bien avant les dinosaures. Aujourd’hui, il y a plus de 400 espèces différentes de requins dans le monde, dont sept au Québec.

2. Les dents de requin tombent et se remplacent constamment. Un individu peut donc perdre jusqu’à 30 000 dents au cours de sa vie.

3. Les attaques de requins sont très rares : on risque davantage d’être frappé par la foudre que d’être croqué par l’un d’eux. Les requins tuent environ 10 personnes par année, tandis que les humains tuent jusqu’à 100 millions de requins.

4. Le hákarl est un plat traditionnel islandais composé de chair de requin du Groenland durcie par un procédé de fermentation et séché pendant quatre à cinq mois. Il est souvent accompagné d’un shooter de Brennivín, spiritueux à base de pommes de terre.

5. Le squalène, extrait de foie de requin, est utilisé comme adjuvant dans les vaccins du monde entier. Il a été efficace dans le vaccin contre la rage et différents virus, notamment le H1N1 et le SARS-CoV-1 de 2003. Des équipes de recherche souhaitent l’inclure dans le futur vaccin contre la COVID-19.