Alors que nous attendons tous de voir si on achètera une dinde de trois kilos plutôt que de cinq, préparer quatre grosses tourtières ou douze petites, rouler une bûche pour huit personnes ou une bûchette pour quatre (que de questions philosophiques !), une autre réflexion devrait nous habiter : comment allons-nous consommer cette année ?

Je vous parle de cadeaux, pas de Bloody Caesar !

Cette période de pandémie est l’occasion plus que jamais de poser un geste capital pour notre économie, pour la survie de milliers de commerces québécois qui vivent des moments extrêmement difficiles depuis plusieurs mois.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

« Cette période de pandémie est l’occasion plus que jamais de poser un geste capital pour notre économie, pour la survie de milliers de commerces québécois qui vivent des moments extrêmement difficiles depuis plusieurs mois », écrit Mario Girard.

Il serait judicieux, en cette période de confinement, de se tourner vers le commerce en ligne pour faire ses emplettes. Après tout, c’est la méthode idéale pour se protéger du virus.

Les ventes en ligne se calculent par dizaines, sinon par centaines de milliards de dollars dans tous les pays du monde. Les experts estiment qu’à ce rythme-là, 95 % des achats se feront de cette façon d’ici à 2040.

Mais avant de s’adonner à cette séance de magasinage passive et solitaire, demandons-nous à qui elle sert vraiment. À qui elle fait mal.

Pour Noël, faisons-nous un cadeau : celui d’acheter consciencieusement. Faisons des choix éclairés qui vont nous aider collectivement. Privilégier des petits commerces de proximité est une première avenue. J’oserais même dire, par les temps qui courent, que ça devient un choix politique.

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La campagne J’achète bleu vise à encourager les Québécois à choisir des entreprises qui ont pignon sur rue. N’hésitons pas à faire d’abord des choix de cadeaux en fonction du caractère et de la présence des petits commerces qui se trouvent dans notre quartier.

Le raz-de-marée du commerce en ligne crée des remous partout sur la planète. Le Québec n’y échappe pas. Le secteur de la mode est durement touché. Alors que Le Château a annoncé sa fermeture, plusieurs enseignes (Reitmans, Dynamite, Aldo et Frank & Oak) se retrouvent en situation de précarité.

Cela dit, le commerce en ligne n’est pas complètement à jeter. Encore là, il faut se demander à qui nos achats vont réellement profiter. On peut encourager des produits, des fabricants ou des commerçants de chez nous en effectuant des achats en ligne.

Le site Le Panier bleu est un formidable exemple de cela. Lancée en avril dernier, cette plateforme québécoise a été visitée par 120 000 visiteurs uniques au cours des quatre dernières semaines. Plus de 250 000 recherches de produits ont été effectuées dans le catalogue qui rassemble à ce jour 1 250 000 produits offerts par des détaillants québécois.

Notre but est de mettre de l’avant le commerçant. Le défi que nous avons est d’ancrer une habitude qui va aller au-delà du temps des Fêtes et de la pandémie.

Alain Dumas, directeur général du Panier bleu

Le Panier bleu est une plateforme qui rassemble des détaillants. Une fois que nos choix sont faits, les transactions et les livraisons sont effectuées par les commerçants eux-mêmes.

Postes Canada appréhende un achalandage très important au cours des prochaines semaines. Alain Dumas précise que des cueillettes en magasin peuvent alors être faites si on veut s’assurer que le cadeau se retrouve sous le sapin à Noël.

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Depuis quelques jours, un peu partout au monde, il semble y avoir un mouvement de solidarité qui incite les consommateurs à soutenir leurs produits et leurs commerces locaux afin de contourner les géants mondiaux du commerce en ligne.

En France, des enseignes ont décidé de prendre les choses en main et de créer la plateforme « Sauvons Noël », un site web qui encourage les consommateurs à préférer une quarantaine d’enseignes françaises à d’autres étrangères. Certains détaillants ont fait grimper leur chiffre d’affaires depuis la mise en ligne de cette plateforme.

L’avantage d’encourager des détaillants locaux, en les visitant ou en achetant leurs produits par l’intermédiaire du commerce en ligne, c’est qu’on assure la sauvegarde de nombreux emplois. On fait travailler des salariés de ces magasins.

Ces initiatives visent à faire la guerre aux gros acteurs du commerce en ligne, notamment Amazon. C’est pourquoi cette figure de proue a créé des zones qui permettent aux consommateurs de différents pays de soutenir leurs entreprises locales. Au Canada, Magazinez local, d’Amazon.ca, propose des produits fabriqués aux quatre coins du pays.

En terminant, un petit conseil : les observateurs du phénomène du commerce en ligne confirment que l’alcool stimule les achats. Un récent sondage de Global Connected Commerce de Nielsen a montré que 10 % des répondants avaient déclaré avoir fait des achats en état d’ébriété. C’est ce qu’on appelle le « drunk shopping ».

Les hommes sont deux fois plus susceptibles que les femmes de poser ce geste dans de telles conditions.

Vous ne serez pas surpris d’apprendre que 42 % des acheteurs qui ont effectué des achats en ligne alors qu’ils étaient pompettes ont regretté leur geste. On apprend aussi que 21 % ont acheté quelque chose qu’ils ne voulaient pas.

Bref, on réserve la bouteille de Sancerre pour le réveillon, pas pour le magasinage.

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