L’ancien grand chef de Wendake Max Gros-Louis est mort samedi à l’âge de 89 ans, a annoncé le Conseil de la Nation huronne-wendat. Figure importante de l’histoire des Premières Nations, il a marqué les esprits par son implication dans la défense des droits autochtones et son engagement indéfectible dans le développement de la réserve.

« C’est avec grande tristesse que nous apprenons le décès de l’un de nos anciens Grands Chefs de la Nation huronne-wendat. […] Nos pensées vont d’abord à sa famille, à sa conjointe Mme Marie Roux, à ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants », a annoncé samedi en matinée le Conseil de la Nation huronne-wendat dans un communiqué.

Sa santé s’était détériorée ces dernières semaines. La cause exacte de son décès n’a pas été précisée.

Surnommé « Oné Onti » – « pagayeur » en wendat –, Max Gros-Louis est né le 6 août 1931 à Wendake. L’homme politique a été chef de Wendake par intermittence de 1964 à 2008. Considéré comme un leader chevronné, il a contribué à agrandir les terres de la Nation et à faire rayonner celle-ci au Québec et ailleurs. Il est d’ailleurs l’un des membres fondateurs de la Fraternité des Indiens du Canada, devenue l’Assemblée des Premières Nations. Reconnu sur la scène internationale, il a représenté la culture des Premières Nations lors de diverses tribunes en tant que porte-parole de l’Association des Indiens du Québec de 1966 à 1973.

Il a été guide de chasse, de pêche et de trappe, puis entrepreneur dans les années 1950. Il a mené des luttes territoriales aux côtés des grands leaders cris en lien avec le développement hydroélectrique. Il était reconnu pour être fin diplomate.

« Au cours des derniers jours, j’ai eu le privilège de m’entretenir avec M. Gros-Louis. Ce fut un échange à la fois chargé d’émotion et de respect. Il est fort peu aisé de résumer en un seul communiqué l’ensemble de toutes les actions que vous avez accomplies lors de ces nombreuses années où vous vous êtes investi pour notre Nation et nos droits », a déclaré l’actuel grand chef Rémy Vincent, en s’adressant au défunt.

La Nation huronne-wendat lui rendra hommage, il a marché avec nous et à nos côtés pendant de si nombreuses années. Nous avons perdu un grand guerrier.

Rémy Vincent, grand chef de la Nation huronne-wendat, sur Twitter

« Il y a quelques années, deux mois avant le décès du Grand-Chef Wellie Picard, j’ai appelé tous les anciens Grands-Chefs à se joindre à moi et au Conseil afin de témoigner notre unité et notre détermination à toute épreuve à vouloir protéger nos droits ancestraux et issus de traité, et notre territoire national, le Nionwentsio. Le Grand-Chef Max Gros-Louis s’empressa alors de venir former le Cercle et d’apporter sa voix aux efforts que nous avons toujours menés pour le bénéfice de tous les nôtres et pour les générations à venir », a écrit sur les réseaux sociaux Konrad Sioui, ancien grand chef de Wendake.

Max Gros-Louis a reçu plusieurs distinctions à travers le temps, dont l’Ordre national du mérite de France, l’Ordre national du Québec et l’Ordre du Canada.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a rendu hommage à l’ancien grand chef sur Twitter, affirmant qu’il « avait une vision audacieuse d’un avenir meilleur pour sa communauté ».

« Votre vie a été consacrée à la défense de votre nation et à la promotion de votre culture. Vous avez été un rassembleur des Premières Nations, avait dit l’ex-premier ministre Jean Charest en le nommant officier de l’Ordre national du Québec en 2011. Votre héritage est celui de la main tendue, nation à nation. »

Pluie d’hommages

Plusieurs personnalités ont tenu à rendre hommage à cet important personnage de l’histoire de la Première Nation.

« Sa contribution et son apport au rayonnement des Premières Nations ainsi que son sens du devoir, de la communauté et de la fraternité ont fait de lui un leader impressionnant dont tout le monde se souviendra. Bien que son départ laisse un grand vide, son imposant héritage politique, culturel et communautaire demeurera inscrit à jamais dans l’histoire », a affirmé Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador.

Mes condoléances à la famille et aux proches de Max Gros-Louis. Le Québec perd un leader, un défenseur passionné des droits et de la culture des nations autochtones. Il a contribué à faire avancer la collaboration et le respect entre nos peuples.

Le premier ministre François Legault, sur Twitter

« C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris le départ d’un grand homme : Max Gros-Louis. Un homme plus grand que nature ! Aux proches, à la Nation wendate, j’offre mes sympathies les plus sincères », a exprimé Ian Lafrenière, ministre responsable des Affaires autochtones.

« La communauté de Wendake et la grande région de Québec perdent en Max Gros-Louis un grand ambassadeur du développement culturel et économique autochtone. Mes pensées accompagnent sa famille », a écrit Geneviève Guilbault, ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale.

« Monsieur Gros-Louis a marqué notre paysage politique grâce à son engagement pendant 33 ans comme Grand Chef de sa nation et sa volonté à être cette voix forte pour sa communauté », a ajouté la cheffe libérale Dominique Anglade.

« J’adresse mes condoléances et amitiés à toute la digne et lumineuse communauté huronne-wendat au moment du départ de Max Gros-Louis, grand chef emblématique entre tous, respecté de tous, et dont les pas resteront imprimés dans le sol riche de traditions des terres de son peuple », a affirmé le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.

« Connu pour ses engagements voués à la défense et au rayonnement de sa culture, l’ancien grand chef Max Gros-Louis a fait une réelle différence pour les siens. Je garde d’excellents souvenirs de ma relation avec ce grand médiateur, qui va me manquer, ainsi qu’à beaucoup d’autres », a déclaré le maire de Québec, Régis Labeaume.

« Pendant des décennies, son engagement pour les Premières Nations aura été inestimable. Un monument. Un géant », a écrit le député fédéral Gérard Deltell, dont la circonscription couvre le territoire de Wendake, dans la région de Québec.

— Avec La Presse Canadienne