Après Laval, c’est au tour de Longueuil de rejeter l’idée d’une fusion des trois principaux services de police de la région métropolitaine, proposée par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). La Ville affirme qu’une telle démarche serait tout simplement « contradictoire » avec son approche locale.

« La proximité actuelle de notre service de police avec la population a permis de développer une expertise du territoire, tout en adaptant les services aux citoyens en fonction de leurs besoins. Une fusion des services de police engendrerait la perte de cette expertise », martèle la mairesse de Longueuil, Sylvie Parent, dans une déclaration publiée vendredi. Une fusion des corps de police risquerait « d’empiéter sur les responsabilités des municipalités », ajoute Mme Parent.

Plus tôt, cette semaine, dans un document destiné au Comité consultatif sur la réalité policière (CCRP), la police de Montréal avait proposé l’idée d’une intégration des trois corps de police, en affirmant que ceux-ci ont en réalité plusieurs défis communs.

« Dans une ère où la demande citoyenne […] est de réduire l’effectif policier et le budget de la police, des regroupements de corps policiers doivent être envisagés pour des raisons d’efficacité et d’efficience », justifie le SPVM dans le rapport. L’organisation souligne que la gouvernance pourrait être assurée par une commission des services policiers, mais affirme qu’une desserte décentralisée de patrouille et d’enquête pour les crimes territoriaux pourrait être maintenue.

Une police de « concertation »

Critiquant au passage le fait qu’elle n’ait jamais été consultée dans l’élaboration de cette recommandation, la Ville de Longueuil affirme que celle-ci est « contradictoire » avec son approche de « police de concertation ».

On travaille à rapprocher notre police des gens, plutôt que sur une révision des structures. C’est basé sur la proximité des agents avec leur milieu.

Alexandra Lapierre, attachée de presse de la mairesse de Longueuil Sylvie Parent

Le modèle de police de concertation, expliqué par La Presse il y a quelques mois, a pour but d’en finir avec une « culture toxique » qui a mené à des excès, partout dans le monde. « Je veux qu’on aille à une autre étape. Des policiers qui ne sont plus sur appel, qui patrouillent à pied dans la communauté, rencontrent les commerçants, rencontrent les familles, les groupes communautaires, au quotidien », avait notamment expliqué le chef du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL), Fady Dagher.

Pour laisser ces projets évoluer, l’administration Plante suggère que les services de police « ne desservent pas des territoires trop étendus ». « Chaque territoire a un contexte social qui lui est propre », insiste la Ville, en rappelant que les villes sont les mieux placées pour « cerner » les besoins et les enjeux locaux. Cela dit, la municipalité propose de mettre en place des « équipes mixtes » lorsque les infractions ne sont pas délimitées sur un seul et même territoire.

Vendredi, en début de journée, le maire de Laval, Marc Demers, a fait savoir qu’une fusion ne correspondait pas non plus à ses orientations et quil souhaitait conserver son service local. Il rappelle que son administration a entamé une démarche visant la refonte complète de son service de police et la mise en place de mesures pour contrôler les dépenses de fonctionnement.

Le CCRP tiendra plusieurs consultations publiques virtuelles à partir du 12 novembre.