(Québec) Des résidences privées pour aînés (RPA) sont à bout de souffle et menacent de fermer, parce que les enveloppes promises par le gouvernement Legault tardent à être versées.

Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de l’Outaouais retient notamment des aides financières dues à au moins une résidence parce qu’elle n’a pas fourni les factures de produits nettoyants de 2019 afin d’établir des comparaisons, selon les renseignements fournis par le Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRPA).

Des résidences ont dépensé beaucoup d’argent, en salaires, en primes et en mesures sanitaires, en attendant notamment les subventions salariales et aides diverses du gouvernement promises pour faire face à la pandémie qui a frappé durement les RPA. Les petites résidences sont les plus affectées par les retards dans le versement des aides.

« La situation devient intenable », a écrit Alain Faubert, gestionnaire de la Maison Angélique, à Papineauville.

« Le CISSSO retient les subventions pour le (supplément de) 4 $ l’heure pour nos préposés, (la prime de) 4 % pour les autres catégories d’employés et le 100 $ par semaine à temps plein depuis juin 2020 parce qu’on refuse de soumettre les factures d’épicerie démontrant combien nous avons dépensé en 2019 en eau de Javel et en désinfectant afin d’établir des comparaisons. Nous n’avons pas le temps d’éplucher des factures de 2019 à la recherche des sommes qui correspondent à des produits nettoyants ! C’est ridicule ! »

Il a dit avoir dû puiser dans ses économies pour avancer les avantages promis, dans l’attente des sommes dues, mais ne pourra continuer à le faire en septembre. Il craint donc de perdre ses employés.

Le président du RQRPA, Yves Desjardins, est scandalisé. Il a dit que ce n’est pas la première fois qu’il dénonce ce genre de situation, qu’il considère comme un abus de pouvoir de la part des autorités régionales en santé et services sociaux.

« Ça me met hors de moi, qu’on abuse d’un pouvoir et qu’on commence à “gosser” sur des factures d’eau de javel », a-t-il déclaré en entrevue avec La Presse Canadienne, mardi.

Selon lui, dans les circonstances actuelles, il est aberrant de réclamer des factures de 2019 étant donné qu’on ne peut comparer une année par rapport à l’autre, car la clientèle change d’année en année, de même donc que le niveau de soins.

« Ne compliquez pas les choses. Les propriétaires (de RPA) sont déjà à cran, ils travaillent comme des fous parce qu’ils manquent de personnel, et là faudrait qu’ils passent leur journée dans le bureau à fouiller dans les factures. Le bon sens doit prévaloir. On s’attaque aux plus petits et je trouve ça épouvantable. »

Une résidence a dû cesser ses activités à Montebello. Deux autres RPA, à Saint-André-Avellin et à Buckingham, ont aussi déploré avoir eu des ennuis dans la réclamation des sommes dues.

Le CISSS de l’Outaouais a donné suite à notre demande d’entrevue en fin de journée. La porte-parole a fait savoir qu’elle n’était pas au courant de cette situation et qu’elle allait devoir se renseigner.