Durant la pandémie, le premier ministre François Legault a hissé l’autonomie alimentaire du Québec au rang de projet de société, en lançant plusieurs appels à une plus grande souveraineté dans l’assiette. Agriculteurs et consommateurs voient-ils cette mission de la même manière ? Dans la cadre d’un exercice inédit, un groupe de producteurs agricoles et de citoyens tenteront de s’entendre sur un « contrat social » pour favoriser l’autonomie alimentaire du Québec.

Au cours des prochains jours, 12 000 Québécois choisis aléatoirement recevront un appel de candidatures par la poste pour y participer.

Surfant sur la vague de l’achat local, ce « dialogue sur l’autonomie alimentaire du Québec » est organisé à l’initiative de l’Union des producteurs agricoles (UPA), mais c’est l’Institut du Nouveau Monde qui mènera l’expérience, pour en assurer l’indépendance.

« On espère que cette discussion-là va réussir à faire tomber certains préjugés, mais en même temps, que les producteurs constatent aussi que les attentes des consommateurs sont peut-être différentes de ce qu’elles étaient il y a quelques années. Que leur préoccupation environnementale a beaucoup augmenté », a expliqué Marcel Groleau, président de l’UPA, le syndicat qui représente les 41 000 agriculteurs de la province.

Valeurs communes

Une fois les candidatures reçues, de 24 à 36 citoyens seront choisis pour prendre part à différentes discussions en ligne à l’automne. Les participants seront sélectionnés afin de représenter différents régimes alimentaires, groupes d’âge, régions et types d’emplois.

Le groupe devra ensuite débattre avec un second groupe composé de 24 à 36 producteurs agricoles issus de différentes productions et qui auront aussi soumis leur candidature pour participer à l’exercice.

Malorie Flon, directrice du développement à l’Institut du Nouveau Monde, explique que les deux groupes devront s’entendre sur « un ensemble de valeurs, de principes et de moyens pour promouvoir l’autonomie alimentaire du Québec ».

Un contrat social sera ensuite présenté en décembre prochain. « Ensemble, on pourrait soumettre des solutions intéressantes au gouvernement. On espère que ce projet-là va susciter l’intérêt général de la population », dit Marcel Groleau.

Les appels à une plus grande souveraineté alimentaire ont permis de sensibiliser davantage le consommateur, croit Marcel Groleau. « L’élan que les Québécois ont démontré, on veut en profiter. On veut la développer pour s’assurer qu’elle demeure », dit-il.