Isabelle Charest, ministre responsable de la Condition féminine, n’a pas été en mesure de déterminer le nombre de places manquantes dans les maisons d’hébergement pour femmes violentées.

Durant le pic de la pandémie au Québec, la situation des centres d’hébergement pour les femmes confrontées à de la violence conjugale a suscité l’inquiétude, un sujet de discussion central en marge de l’étude des crédits budgétaires mardi après-midi.

Confinées, les femmes aux prises avec de la violence à la maison avaient plus de difficulté à chercher l’aide nécessaire. « On a eu les témoignages de femmes qui devaient se cacher dans la salle de bain pour appeler. On a dégagé des sommes pour aider les maisons d’hébergement très rapidement », a soutenu la ministre.

En mars dernier 120 millions sur cinq ans ont été alloués au réseau des maisons d’hébergement.

Une somme de 6 millions est prévue pour la rénovation et l’adaptation de 420 places déjà existantes en centre d’hébergement, mais le nombre de nouvelles places déployées « reste à déterminer », soutient la ministre. Il y a pourtant 1000 places manquantes dans le réseau, soutient la députée libérale Isabelle Melançon, porte-parole de l’opposition officielle, volet condition féminine.

La Fédération des maisons d’hébergement pour femmes estime toutefois que les sommes annoncées insuffisantes pour combler les besoins criants. Le manque à gagner s’élève à environ 43 millions.

L’an dernier, pas moins de 15 000 demandes d’hébergement ont été refusées, faute de place, indique la ministre.

Elle ne disposait pas d’informations précises sur le nombre de signalements de violence conjugale, à savoir s’ils avaient augmenté ou diminué durant la crise sanitaire.

Dénonciations et pandémie

L’année a été marquée par des évènements de violences conjugales médiatisés, de nombreuses dénonciations de nature sexuelles et les lourds effets de la pandémie sur les femmes. Ces sujets sont « au cœur des discussions », assure Isabelle Charest.

« On est dans une deuxième vague de dénonciations […] et je sens cette volonté affirmée de vouloir changer les choses et d’arriver à redonner confiance à celles qui dénoncent qui ont moins confiance dans le système », a déclaré Isabelle Melançon.

Les vagues de dénonciations sur Instagram ont fait beaucoup de bruit, signale la députée indépendante Catherine Fournier. « Un rapport d’expert va sortir cet automne, mais on sent que l’impatience commence à monter. Le processus judiciaire est là, mais il ne correspond pas nécessairement à toutes les formes d’inconduite. »

« On attend avec impatience le rapport du comité, on a donné un mandat au Conseil du statut de la femme de commenter la problématique », soutient la ministre caquiste, questionnée sur les différentes ressources octroyées.

Un financement de 50 millions sur 5 ans vient en aide aux Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) pour accompagner les victimes.

Plus de femmes que d’hommes ont été contaminées par le virus, confirme la ministre. « On a des données là-dessus. Les éclosions sont survenues dans des lieux où les femmes travaillent en plus grand nombre en première ligne. »

Le plan d’action d’un comité chargé d’étudier l’impact de la COVID-19 sur les femmes est attendu fin septembre « pour pouvoir faire en sorte de ne pas exacerber la précarité de la situation des femmes », assure la ministre Isabelle Charest. Plusieurs réflexions et consultations sont en cours pour déployer différentes mesures, explique-t-elle. Entre autres, 70 millions sont déjà prévus pour soutenir les organismes communautaires, qui pourront les aider.