(Québec) Les Innus de Pessamit et les Atikamekws de Wemotaci réclament des « milliards » au gouvernement du Québec, qui bâtit des barrages, des réservoirs et des lignes de transport sur leurs territoires de manière illicite, selon eux.

En conférence de presse à Québec mercredi, le chef René Simon, de Pessamit, a exhorté le gouvernement québécois et Hydro-Québec à reconnaître les « injustices et les préjudices causés en territoire innu ».

Il a rappelé que le Québec comptait toujours « deux classes d’Autochtones ». En 2002, Québec avait conclu un accord historique avec les Cris, la Paix des Braves, qui était assortie d’une enveloppe de 4,5 milliards sur 50 ans.

Déplorant le manque d’écoute du premier ministre François Legault, les Innus et Atikamekws ont menacé, mercredi, de bloquer la construction d’une ligne de transport d’hydroélectricité vers le Massachusetts.

Le chef Simon a affirmé qu’il était prêt à poursuivre ses activités de lobbyisme contre cet important projet.

« On va faire une campagne publicitaire contre Hydro-Québec, contre le gouvernement du Québec […] et on va poursuivre la démarche aux États-Unis », a-t-il menacé.

Il n’a pas exclu non plus des blocus ferroviaires, comme ceux qui ont paralysé le pays cet hiver.

« Si, en cours de route, on s’aperçoit que ce que le gouvernement du Québec amène à la table, ce n’est pas assez pour nous, je pense qu’on va être obligé d’agir autrement », a-t-il déclaré.

Les Premières Nations disent ne plus vouloir vivre dans la pauvreté. Le chef Simon réclame de généreuses « compensations financières » tout en refusant de s’engouffrer dans une négociation « territoriale ».

« On ne veut pas négocier un traité, a-t-il affirmé. On veut juste des compensations monétaires pour tous les développements qu’il y a eus en territoire innu sans le consentement des Innus. »

« Surprise » chez Hydro-Québec

Cette sortie publique des Innus et Atikamekws a créé la « surprise » chez Hydro-Québec, rapporte le directeur médias et relations externes, Serge Abergel.

« On est en lien étroit avec ces communautés-là, dit-il. Alors, de voir des gens avec qui on était assis à la même table il y a quatre semaines, avec qui on entretient de bonnes relations, sortir et nous dénoncer sans préavis, on est surpris. »

En outre, il qualifie d’« inacceptable » la menace de faire dérailler le projet de ligne de transport aux États-Unis, un projet « porteur » pour le Québec, argue-t-il.

« Si l’objectif ici, c’est de nuire au Québec et de nuire à la lutte aux changements climatiques, parfait, ça va accomplir l’objectif recherché. Par contre, si l’objectif, c’est de chercher des solutions durables pour les communautés, il y a plusieurs avenues qui sont devant eux », a enchaîné M. Abergel.

La ministre D’Amours réagit

Au bureau de la ministre responsable des Affaires autochtones, Sylvie D’Amours, on assure que le gouvernement est « résolument déterminé à en arriver à une véritable réconciliation avec les Premières Nations et les Inuits ».

« Nous prenons acte aujourd’hui des demandes faites par les Innus de Pessamit et les Atikamekws de Wemotaci », a déclaré l’attachée de presse de la ministre, Lauréanne Fontaine, dans un courriel.

« Nous invitons ces communautés à revenir à la table de négociation, afin que l’on puisse, ensemble, établir des partenariats bénéfiques et en arriver à des solutions communes », a-t-elle ajouté.