(Ottawa) Un responsable ukrainien a déclaré qu’une analyse préliminaire des enregistreurs de vol a révélé que l’Iran avait abattu illégalement un avion de passagers de son pays au-dessus de Téhéran en janvier.

Yevhenii Yenine, ministre adjoint aux Affaires étrangères de l’Ukraine, a fait cette déclaration vendredi sur Twitter.

Le Bureau de la sécurité des transports (BST) du Canada a déclaré qu’une équipe d’enquêteurs internationaux a terminé l’analyse préliminaire des données des enregistreurs de vol.

Les boîtes noires du vol 752 d’Ukraine International Airlines sont arrivées à Paris plus tôt cette semaine.

Les 176 personnes à bord ont été tuées, dont 55 citoyens canadiens et 30 résidents permanents et des dizaines d’autres personnes ayant des liens avec le Canada.

Une porte-parole de l’ambassade d’Ukraine à Ottawa a confirmé la légitimité du message sur Twitter, mais a déclaré que son gouvernement n’avait aucun autre commentaire.

La déclaration lève le voile sur ce qui pourrait être une enquête opaque, car l’Iran est devenu l’enquêteur officiel même si son armée a abattu le vol 752 d’Ukraine International Airlines le 8 janvier peu après son décollage de Téhéran.

En vertu de l’annexe 13 de la Convention relative à l’aviation civile internationale, l’Iran devient l’enquêteur principal de l’accident parce qu’il s’agissait de « l’État d’occurrence ».

Cela donne également à l’Iran un contrôle total sur le dévoilement d’informations sur le contenu des enregistreurs de vol.

Le message sur Twitter de M. Yenine semble entrer en conflit avec les exigences de l’annexe 13, car il lève le voile sur ce qui a été un long processus par le Canada, la Grande-Bretagne, l’Ukraine, l’Afghanistan et la Suède — les pays qui ont perdu des citoyens dans la tragédie — pour forcer l’Iran à coopérer.

« Je remercie tous les partenaires qui ont contribué à nous rapprocher de ce moment, a écrit le ministre adjoint ukrainien, affirmant que les boîtes noires avaient été déchiffrées avec succès. La transcription a confirmé le fait de l’interférence illégale avec l’avion. Nous attendons la partie iranienne pour la première ronde de pourparlers la semaine prochaine », a-t-il affirmé.

Le message sur Twitter n’a offert aucune explication supplémentaire.

Le ministre canadien des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, presse publiquement l’Iran de partager le contenu des enregistreurs de vol.

« Cette analyse doit maintenant être transmise rapidement à la communauté internationale pour assurer une enquête complète, crédible et transparente sur la sécurité du vol », a écrit M. Champagne sur Twitter jeudi.

M. Champagne a déclaré plus tôt cette semaine que les enregistreurs de vol constitueraient une partie d’une enquête sur la sécurité des vols, en plus d’une enquête criminelle internationale visant à identifier les personnes responsables des tirs sur l’avion de passagers.

L’Iran a d’abord nié avoir abattu l’avion, mais a été contraint d’admettre sa responsabilité après que des séquences vidéo sur les médias sociaux ont montré un missile frappant l’appareil. La tragédie s’est déroulée au moment où l’Iran tirait des missiles sur des bases militaires américaines sur le territoire de l’Irak voisin après que les États-Unis eurent tué un haut général iranien.

Deux enquêteurs du BST ont participé à l’examen des conversations dans le poste de pilotage et des enregistreurs de données de vol.

La présidente du BST, Kathy Fox, a déclaré que cet examen initial des données était une étape importante, mais elle a souligné que l’enquête était loin d’être terminée.

Mme Fox dit qu’elle sait que les familles cherchent des réponses sur les raisons pour lesquelles l’armée iranienne a tiré deux missiles sur l’avion le 8 janvier, peu de temps après le décollage de l’aéroport de Téhéran, et qu’elles ont hâte de savoir quelles données ont été récupérées.

Le BST affirme que les accords internationaux l’empêchent de partager des informations spécifiques, mais le Canada exhorte l’Iran à divulguer les informations factuelles des enregistreurs dès que possible.

Dans une entrevue plus tôt cette semaine, Mme Fox a affirmé que le Canada souhaite que l’annexe 13 soit modifiée, ajoutant qu’il s’agit d’un long processus qui n’affectera probablement pas l’enquête en cours.