Alors que la tragédie ferroviaire de 2013 est commémorée, la Coalition des citoyens et organismes engagés pour la sécurité ferroviaire (OESF) de Lac-Mégantic dénonce l’état des rails près de chez eux et exige du fédéral une inspection immédiate.

La Coalition a envoyé lundi une mise en demeure à Transports Canada et au ministre des Transports, Marc Garneau.

La situation est urgente, a déclaré en entrevue le porte-parole de la Coalition, Robert Bellefleur.

Une portion des rails, située entre Nantes et Lac-Mégantic, est usée à la corde, soutient-il.

Ce tronçon – dont les rails ont presque 40 ans, dit-il – est situé dans une courbe et dans une pente à l’entrée de Lac-Mégantic.

C’est un risque de déraillement, affirme-t-il. Si le train part à la déroute dans la pente, comme ce fut le cas le 7 juillet 2013, « je ne suis pas sûr que le rail va tenir le coup ».

Cette nuit-là, le train a déraillé et ses wagons transportant du pétrole ont explosé, faisant 47 morts.

« La voie est usée, usée, usée, dit-il. Et puis, on a vu apparaître des fissures. »

« Aucun signe de vie »

Début juin, la Coalition dit avoir avisé le ministre des Transports ainsi que la Ville de Lac-Mégantic, entre autres.

Aucun suivi, aucun signe de vie, dit-il.

La mise en demeure transmise vise « l’état des rails situés entre le point millénaire 1 et 2 sur la subdivision de Sherbrooke, près de la ville de Lac-Mégantic, et l’état général des rails entre Lac-Mégantic et Farnham ».

La Coalition veut obtenir une copie du rapport d’inspection d’ici 10 jours. Si cette inspection révèle des problèmes de sécurité, elle veut que soient réparés ou remplacés d’ici la fin de l’année 2020 tous les rails, travers, ballasts et ponceaux jugés non sécuritaires à Lac-Mégantic et dans la région. Si cela n’est pas fait, tous les « recours appropriés » seront pris, est-il écrit dans la mise en demeure. Une injonction est notamment envisagée.

Une voie de contournement doit être construite d’ici 2023 pour éviter que les trains ne traversent Lac-Mégantic. Et la voie qui présente actuellement des problèmes sera démantelée.

« La sécurité ne peut attendre »

Mais la sécurité ne peut pas attendre si longtemps, dit M. Bellefleur.

« Dans trois ans ? Les rails sont finis, là.

« Je peux comprendre qu’on ne veuille pas investir dans quelque chose de temporaire. Mais la sécurité veut qu’on ait quand même un entretien décent », soutient l’homme.

Et puis, si c’est du pétrole qui était transporté par le train qui a décimé le centre-ville de Lac-Mégantic en 2013, des matières encore plus dangereuses traversent maintenant la petite municipalité de l’Estrie, comme du propane et de l’acide sulfurique, ajoute M. Bellefleur.

Le bureau du ministre Marc Garneau a indiqué lundi que Transports Canada est au courant que le Canadien Pacifique (CP) – le propriétaire du chemin de fer – a entrepris une inspection sur le terrain et a effectué un suivi auprès de l’entreprise concernant les travaux d’entretien (meulage du rail), dans la même semaine.

Le plus récent examen ultrasonique du rail a été terminé à la fin du mois de juin de cette année, et l’analyse des résultats est en cours.

Il est probable que cette inspection ne soit pas à la satisfaction de la Coalition.

Elle a déjà fait savoir par la lettre de ses avocats qu’une autre méthode que celle des ultrasons doit être utilisée, car cette dernière « ne peut identifier avec précision certaines défectuosités que présentent de vieux rails usés », dont des microfissures.

Transports Canada soutient qu’il continue de surveiller les opérations du CP et n’hésitera pas à prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité ferroviaire.