(Ottawa) La pandémie de coronavirus a modifié profondément la nature des festivités du 153e anniversaire de fondation du Canada, ce mercredi.

La grande majorité des célébrations s’est mise en mode virtuel, afin d’éviter la formation de rassemblements populaires qui pourraient faciliter la transmission du virus qui a fait jusqu’ici près de 8600 morts au Canada.

Des millions de personnes ont perdu leur emploi de façon temporaire ou permanente, les dépenses du gouvernement ont explosé afin d’aider d’urgence la population et les entreprises. Parallèlement, la demande pour des services de soutien, comme les banques alimentaires, a aussi connu une forte croissance.

Ainsi, à l’occasion de la fête du Canada, le premier ministre Justin Trudeau et sa famille ont visité la ferme de la Banque d’alimentation d’Ottawa en matinée. Ils ont donné un coup de main à l’équipe en récoltant des brocolis.

D’après l’organisme dédié à la sécurité alimentaire, la demande s’est stabilisée à la suite d’une poussée soudaine en début de pandémie. On craint cependant une nouvelle crise alors que les bénéficiaires de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) vont atteindre le maximum auquel ils ont droit.

Sur le coup de midi, Justin Trudeau et son épouse, Sophie Grégoire, ont prononcé une allocution depuis la ferme de la banque alimentaire.

PHOTO JUSTIN TANG, LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre Justin Trudeau et sa famille ont visité la ferme de la Banque d’alimentation d’Ottawa en matinée.

Dans son message aux citoyens, le premier ministre a abordé plusieurs enjeux sociaux mis en relief par la pandémie, dont l’importance de s’assurer que les aînés puissent vivre dans des lieux sécuritaires.

« En tant que Canadiens, on comprend à quel point c’est important d’être là, les uns pour les autres. La solidarité ne fait pas seulement partie de notre identité, c’est notre mode de vie, a déclaré le premier ministre. Parce qu’en tant que Canadiens, quand les temps sont durs, on ne se replie pas sur nous-mêmes, on s’entraide. On est là pour les plus vulnérables et les plus durement touchés. »

« Au cours des derniers mois, on a vu ce que ça veut dire d’être de bons voisins, ce que ça veut dire de faire partie d’une communauté tissée serrée. On comprend à quel point on peut dépendre les uns des autres », a poursuivi Sophie Grégoire.

Justin Trudeau n’a pas manqué de rappeler qu’il faut maintenant « bâtir un Canada meilleur, pour tous ». Il a notamment énuméré la lutte contre le racisme et le processus de réconciliation avec les Peuples autochtones comme priorités pour rendre le pays « meilleur ».

La gouverneure générale du Canada, Julie Payette, a elle aussi transmis un message aux Canadiens, mercredi. Elle a notamment rappelé la terrible tuerie en Nouvelle-Écosse, « l’importance de la réconciliation » et de « dénoncer la haine ».

« Je suis convaincue que nous ne resterons pas indifférents. Cela s’appuiera sur notre capacité à agir collectivement, à agir nos seulement pour soi, mais pour le bien commun », peut-on lire dans la déclaration.

Évidemment, la planète étant toujours en mode pandémie, les traditionnelles fêtes sur la Colline parlementaire, à Ottawa, n’ont pas eu lieu cette année.

En revanche, les Canadiens ont pu assister à la télévision et sur diverses plateformes sur le web à l’émission « La fête du Canada à travers le pays » diffusée à compter de 13 h, heure de l’Est.

PHOTO ÉRIC MYRE

Pierre-Yves Lord coanime La fête du Canada Ensemble avec la chanteuse Serena Ryder.

Les animateurs, le Québécois Pierre-Yves Lord et l’Ontarienne Serena Ryder, ont offert une tournée virtuelle des célébrations tenues partout au Canada et présenté les performances de plusieurs artistes.

L’émission a célébré la diversité culturelle, l’excellence sportive, la culture et les langues autochtones ainsi que la résilience des travailleurs de première ligne qui affrontent la crise de la COVID-19 depuis quelques mois.

Pierre-Yves Lord et Serena Ryder ont également convoqué les Canadiens à une autre émission, cette fois en soirée, pour dévoiler des collaborations artistiques originales entre artistes d’un bout à l’autre du Canada, incluant des arrêts à Halifax, à Toronto et à Vancouver.

La soirée s’est terminée par un montage d’images des plus beaux feux d’artifice de la fête du Canada des années passées.

Le carillon de la tour de la Paix s’est fait également entendre, deux fois plutôt qu’une. Le son des cloches pourra être entendu d’un bout à l’autre du pays grâce à une diffusion en ligne.

Le ministre du Patrimoine canadien, Steven Guilbeault, a reconnu que les consignes sanitaires ont forcé les organisateurs de la fête à s’adapter rapidement.

En entrevue, il s’est dit heureux de la formule choisie pour l’occasion. Le mode virtuel pourrait d’ailleurs faire partie d’une nouvelle tradition afin de rejoindre les Canadiens les plus éloignés.

À 19 h, un spectacle enregistré mardi dans l’enceinte du Stade olympique à Montréal a été diffusé sur le web.

Rufus et Martha Wainwright ont ouvert le bal en chantant l’hymne national.

Hubert Lenoir, Charlotte Cardin, Patrick Watson et Elisapie ont ensuite enchaîné les performances au milieu d’un stade olympique complètement vide.

Dans certaines régions, de petites foules se sont rassemblées pour assister à des spectacles pyrotechniques, dont en Alberta.

Mardi, la médecin-hygiéniste en chef, Dre Deena Hinshaw, a permis que des groupes de moins de 200 personnes puissent se réunir à l’extérieur pour des activités communautaires.

« Célébrez la fête du Canada sécuritairement, a-t-elle écrit sur Twitter. Portez un masque, lavez vos mains et restez à deux mètres des autres. »