(Laval) Un jeune homme affirme avoir été traumatisé à la suite d’une arrestation par la police à Laval au cours de laquelle il aurait été frappé et traîné hors d’une voiture par les cheveux.

Samuel, qui n’a pas voulu donner son nom de famille parce qu’il dit avoir peur de la police, a affirmé que l’incident s’était produit quand il était dans une voiture avec deux amis le 25 mai — le même jour de la mort de George Floyd au Minnesota ayant déclenché des manifestations contre le racisme et la brutalité policière.

Une vidéo en deux parties de l’incident publiée en ligne semble montrer un policier de Laval debout devant une voiture demandant à plusieurs reprises à un passager noir de sortir du véhicule, pendant que l’homme demande pourquoi il fait l’objet d’une intervention.

« Mets tes mains sur le véhicule », peut-on entendre l’un des policiers demander.

« Mais pour quelle raison ? », répond l’homme.

Après que Samuel demande de nouveau pourquoi il fait l’objet d’une intervention, un policier répond : « Si tu sors pas du “char”, je t’arrête pour entrave. »

Quelques instants plus tard, on peut voir le policier s’avancer à l’intérieur du véhicule et traîner l’homme sur le trottoir par ses « dreadlocks ».

La deuxième vidéo semble montrer un policier frappant l’homme alors que lui et son partenaire se mettent à genoux sur lui sur le trottoir, lui ordonnant de cesser de résister.

Dans la vidéo, les policiers lui demandent de mettre ses mains derrière son dos, et celui-ci soutient qu’il est incapable de le faire puisqu’il est maintenu au sol.

Samuel dit qu’il a été libéré avec une contravention pour ne pas avoir respecté les règles de distanciation sociale.

Il a déclaré qu’il était traumatisé depuis l’incident, craignant de sortir et de se heurter à la police, et il prévoit une action en justice contre la Ville pour ce qu’il pense être un évènement de profilage racial.

Une porte-parole de la police a déclaré que la vidéo ne montrait pas les raisons de l’arrestation, mais que le corps policier ne pouvait plus commenter, car des plaintes concernant l’incident ont été déposées auprès du comité d’éthique de la police.

La sergente Geneviève Major a indiqué que l’homme pourrait être inculpé de défaut de se conformer à une ordonnance de probation, d’entrave et de voie de fait contre un policier, mais qu’il revient au bureau du directeur des poursuites criminelles et pénales de décider si des accusations sont déposées.

Elle a souligné que la police de Laval a reçu huit plaintes de profilage racial sur 150 000 interventions en 2018, la plus récente année pour laquelle des données sont disponibles. Parmi celles-ci, trois ont finalement fait l’objet d’une enquête par le comité d’éthique de la police.

« Mathématiquement parlant, en regardant les chiffres, on ne peut pas dire qu’une à trois plaintes par année faisant l’objet d’une enquête par le comité d’éthique représentent un problème de profilage racial », a fait valoir Mme Major.

Virginie Dufresne-Lemire, une avocate représentant Samuel, a affirmé qu’il y avait « de nombreux éléments problématiques » dans l’arrestation de son client.

Elle a déclaré que la brutalité de l’arrestation, et en particulier de tirer une personne par les cheveux, est « totalement inacceptable ».

« Il n’était pas agressif, il n’était pas violent, il existe d’autres méthodes que vous pouvez utiliser », a-t-elle soutenu lors d’un entretien téléphonique.

Elle a affirmé que son cabinet analyse toujours les faits, mais qu’elle intentera probablement une action en dommages-intérêts contre la Ville de Laval pour des motifs pouvant inclure le profilage racial, la violation de la dignité ou la force excessive.

Gunar Dubé, un avocat criminaliste qui représente également Samuel, a déclaré qu’il avait l’intention de porter des accusations criminelles contre la police.

Il estime que la police a utilisé un « prétexte » pour intercepter la voiture et que toute accusation ultérieure représente une tentative de la police de justifier ses actes.

Il a noté que la voiture avait été fouillée par la police dans les instants qui ont suivi l’arrestation et que rien d’illégal n’avait été trouvé.