À l’heure du déconfinement, de nombreux endroits prisés par les Québécois comme les plages, les zoos, le Jardin botanique ou les aires de pique-nique des « stands à patates » sont toujours fermés. Et parfois, on cherche la logique derrière ces décisions des autorités. La Presse tente d’apporter un peu de lumière.

Le Jardin botanique

Une pétition en ligne réclame depuis des semaines l’ouverture des espaces extérieurs du Jardin botanique. Intitulée « Libérez le Jardin botanique », elle a recueilli près de 2000 signatures. La date de réouverture n’est pas encore connue, mais ce ne serait qu’une question de jours. Les équipes ont repris le travail il y a environ deux semaines et procèdent à la mise en place des nouvelles mesures sanitaires. « On va être prêts à annoncer une date très bientôt », affirme Marie-Joëlle Filion, chargée des communications. Pourquoi est-ce si long ? « On attend l’aval de nos élus, répond-elle. Les gens pensent que c’est facile d’ouvrir, il suffit d’ouvrir la porte, mais c’est plus compliqué. On a 75 hectares. Il faut s’assurer que tout est en place, que tout est correct et que tout est sécuritaire. »

Les zoos

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le Parc Oméga, en Outaouais, permet l'observation des animaux au volant.

Le Parc Oméga, en Outaouais, et le Parc Safari, en Montérégie, permettent l’observation d’animaux en voiture. Des conditions idéales en temps de COVID-19. Pourtant, ces deux parcs n’ont pas le droit d’ouvrir. « Il y a un blocage qu’on ne comprend pas. C’est totalement incohérent. On est comme passés aux oubliettes », lance Charles de Reinach, directeur de l’exploitation du Parc Oméga. Et ce n’est pas faute d’avoir adapté les installations. « Il y a des zones qu’on a fermées, on a installé 18 toilettes espacées pour ne pas ouvrir les toilettes intérieures, on a installé de nouvelles tables à pique-nique, on a modifié la signalétique », énumère M. de Reinach. Pendant ce temps, 60 des 80 employés du Parc Oméga sont à la maison et attendent de revenir au boulot…

Les plages

PHOTO SÉPAQ

La plage d'Oka

Québec a permis l’ouverture des piscines publiques. Mais les plages, elles, sont fermées jusqu’à nouvel ordre. Inaugurée l’an dernier, la plage de Verdun n’accepte pas de visiteurs. Pas plus que celle de Longueuil dans le parc de l’Île-Charron ou la plage Jean-Doré au parc Jean-Drapeau. Impossible de se baigner dans les eaux du Saint-Laurent ou de se prélasser sur le sable. La plage du parc-nature du Cap-Saint-Jacques est aussi fermée, tout comme celle d’Oka. « Tant que la santé publique ne donne pas son feu vert à l’ouverture des plages, toutes celles du réseau ne sont pas ouvertes, y compris celle d’Oka », souligne Simon Boivin, porte-parole de la SEPAQ. « En soi, ouvrir des plages, ce n’est pas un danger », commente le Dr Gaston De Serres, épidémiologiste à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). « Le danger, c’est si les uns se collent sur les autres. »

Les navettes fluviales

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Exploitées par Croisières AML, les navettes fluviales qui relient Montréal à Longueuil en passant par le parc Jean-Drapeau ne sont pas en service. La raison ? La Ville a annulé le contrat à cause du coronavirus. « Il y avait également des enjeux avec les coûts associés à l’appel d’offres de l’été 2020. Et avec la crise que nous connaissons et la baisse du tourisme, nous avons préféré nous concentrer sur d’autres services », avance Geneviève Jutras, attachée de presse de la mairesse Plante. La navette qui relie Pointe-aux-Trembles au Vieux-Port, opérée par la compagnie Navark, a aussi été annulée. Dans ce cas, c’est la Société des traversiers du Québec qui a décidé de ne pas lancer d’appel d’offres cette année. « C’est un peu frustrant, parce qu’ailleurs au Canada, les navettes fonctionnent », signale Gilles Tanguay, directeur des opérations chez Navark. « La navette évite aux gens de prendre leur voiture, le métro ou l’autobus. C’est complètement illogique, on est très déçus », ajoute Lucie Charland, directrice générale adjointe de Croisières AML. Les deux entreprises de transport durable assurent être en mesure d’offrir leurs services en respectant les directives sanitaires de Transports Canada.

Les casse-croûtes

PHOTO FRANCÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Les casse-croûtes offrent des burgers, des hot-dogs et des frites à emporter, mais ils ne peuvent pas permettre aux gens de s’installer aux tables à pique-nique extérieures même en appliquant la distanciation. « En théorie, l’idée c’est de dire comment rester assez loin les uns des autres. Une fois qu’on fait ça, ça devrait être pas pire, surtout si on est dehors », fait remarquer le Dr De Serres.

Les cimetières

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Le cimetière Notre-Dame-des-Neiges, le plus grand au Canada, comprend 45 kilomètres de chemins. Un havre de paix et de verdure au cœur de la ville. Depuis le 25 mai, il accueille les familles qui désirent se recueillir devant le lieu d’inhumation d’un proche. Mais le grand public n’y a toujours pas accès. Pas de promenade. Pas de jogging. « Aucune visite d’agrément n’est permise », précise-t-on. Et un maximum de 10 membres de la famille immédiate peut assister aux funérailles et aux enterrements. « Le danger, dans un immense cimetière comme le nôtre, c’est qu’on peut se retrouver avec 18 000, 20 000 personnes sur le site. Il n’y a pas des toilettes partout. En temps de pandémie, ça devient problématique », explique Daniel Granger, porte-parole du cimetière Notre-Dame-des-Neiges. D’autres cimetières sont aussi fermés au public, mais la très grande majorité de ceux qui se trouvent à l’extérieur du Grand Montréal sont ouverts, confirme François Chapdeleine, président de l’Association des cimetières chrétiens du Québec. « Dans les zones plus touchées, peut-être que les responsables des cimetières ont cru bon de fermer les portes tout simplement. »

La Biosphère

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

« En raison du coronavirus, la Biosphère demeurera fermée jusqu’à nouvel ordre », peut-on lire sur le site de ce musée.

Le dôme géodésique signé Buckminster Fuller, construit sur l’île Sainte-Hélène à l’occasion d’Expo 67, est aussi fermé. Les musées peuvent rouvrir depuis le 29 mai, mais « en raison du coronavirus, la Biosphère demeurera fermée jusqu’à nouvel ordre », peut-on lire sur le site de ce musée, le seul consacré à l’environnement en Amérique du Nord. En attendant, un comité de travail réunissant Ottawa, Québec et Montréal réfléchit au sort de cet ancien pavillon des États-Unis, dont le bail, prolongé de 12 mois, expire à la fin de l’année.