L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) prévoit confirmer vendredi l’embauche d’un nouveau directeur exécutif à un salaire de plus de 200 000 $ et avec une indemnité de départ équivalente à un an de salaire, malgré les pertes de revenus tarifaires de près de 100 millions encourues depuis le début de la pandémie de COVID-19.

Selon un document « confidentiel » obtenu par La Presse, le nouveau directeur exécutif, qui entrera en fonction à la fin de juin, sera le responsable de la « gestion des infrastructures et portefeuilles de projets », y compris le « plan de relance de 9 milliards », qui inclut des projets de transport collectif à court, à moyen et à long terme, qui vont des voies réservées aux autobus aux prolongements du métro.

La grande majorité de ces projets sont toujours en développement et n’ont pas encore été confirmés ni financés.

Le nouveau titulaire touchera un salaire annuel de 215 000 $, en sus de la couverture d’« assurances collectives complètes » et de contributions non détaillées à un fonds de retraite. En plus de six semaines de vacances, le directeur exécutif bénéficiera aussi d’une indemnité de fin d’emploi équivalente à « un an de rémunération du salaire de base ».

Selon le document obtenu, « il doit être noté que les conditions de travail précitées respectent la Politique relative à la rémunération des cadres de l’ARTM et la Politique relative aux ressources humaines de l’ARTM », en vigueur depuis 2019.

Manque à gagner

L’ARTM est une entité essentiellement administrative relativement peu connue du grand public, créée en 2017. L’organisme chapeaute les activités des quatre grands transporteurs de la région métropolitaine, soit la Société de transport de Montréal, le Réseau de transport de Longueuil, la Société de transport de Laval et le réseau Exo, responsable des trains de banlieue et des autobus métropolitains.

C’est cette entité qui finance les activités des quatre transporteurs, qui détermine les heures de service des bus, des départs de trains ou des passages du métro, qui fixe les tarifs et qui gère l’ensemble des revenus provenant des usagers et des contributions des villes et des gouvernements.

Son budget pour 2020, adopté à la fin de l’année dernière, prévoit des revenus de près de 970 millions en provenance des usagers, ce qui représente 37 % des dépenses totales de l’ARTM, qui doivent s’élever à près de 2,6 milliards.

La pandémie de COVID-19 a fait exploser ces prévisions. Depuis la mi-mars, l’ARTM enregistre un manque à gagner s’élevant aujourd’hui à près de 100 millions en revenus de passagers. Dans une mise à jour budgétaire présentée le mois dernier, l’administration Plante-Dorais estimait que ce manque à gagner pourrait s’établir entre 154 et 244 millions d’ici la fin de l’année.

Depuis que le gouvernement du Québec a décrété l’arrêt de toute activité non essentielle pour contenir la pandémie, l’achalandage du métro, des trains et des autobus s’est globalement effondré de 80 à 85 % par rapport à la même période l’an dernier. De plus, les tarifs ne sont plus perçus dans l’ensemble des autobus circulant sur le territoire métropolitain, et ce, jusqu’à nouvel ordre, par mesure de précaution sanitaire.

L’ARTM devra aussi faire face aux demandes de remboursement de dizaines de milliers d’abonnés de ses services, qui avaient acheté une passe mensuelle en mars, restée inutilisée en raison des mesures de confinement à domicile. L’ARTM prévoit tenir une rare assemblée publique, le mois prochain, pour faire le point sur sa situation.

Candidat de choix

L’ARTM a confirmé hier que la nomination du nouveau directeur exécutif sera entérinée vendredi par le conseil d’administration. Le candidat choisi compte 30 années d’expérience dans la gestion privée et publique de projets d’infrastructures (La Presse a choisi de retenir son nom en attendant l’annonce publique).

Il a été choisi au terme d’un processus d’analyse des cinq candidatures reçues par un comité de sélection interne de l’Autorité.

Selon l’ARTM, « compte tenu de la reprise graduelle des activités dans la région métropolitaine et du rôle essentiel que sera appelé à jouer le transport collectif dans ce contexte, il est nécessaire de pourvoir ce poste, qui fait partie intégrante de la structure organisationnelle de l’Autorité et qui est prévu au budget ».

Ce poste était anciennement occupé par l’actuel directeur général de l’ARTM, Benoît Gendron, promu à ses nouvelles fonctions le 1er janvier 2020.