(Ottawa) Irrité de voir que l’Iran tarde à faire analyser les boîtes noires du vol 752 de la compagnie aérienne Ukraine International Airlines par des experts compétents, le ministre des Transports, Marc Garneau, demandera ce mercredi aux membres de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) de rappeler le régime iranien à l’ordre pour qu’il se conforme à ses obligations face à la communauté internationale.

M. Garneau rencontrera mercredi les membres du conseil de l’OACI, qui a pignon sur rue à Montréal, afin d’exhorter cet organisme qui relève des Nations unies à accentuer la pression sur Téhéran pour que les boîtes noires soient examinées par des experts à Paris.

Deux mois après que les forces armées iraniennes eurent abattu cet avion, tuant du coup les 176 passagers à bord, dont 55 Canadiens, les précieuses données que contiennent les boîtes noires n’ont toujours pas été examinées, même si Téhéran a reconnu sa responsabilité dans cette horrible tragédie.

En vertu de l’annexe 13 de la Convention relative à l’aviation civile internationale, l’État où un accident d’aéronef survient doit produire un rapport préliminaire dans les 30 jours qui suivent la date de l’accident. Si l’État n’a pas l’expertise, il est tenu de confier l’analyse à un autre pays.

Pour le ministre Garneau, il est « absolument essentiel » que cet examen minutieux des boîtes noires ait lieu le plus rapidement possible afin de s’assurer que toute la lumière soit faite sur ce drame L’Iran, qui est membre de l’OACI, a déjà admis ne pas avoir l’expertise ou l’équipement requis pour mener à bien une telle analyse.

PHOTO BLAIR GABLE, REUTERS

Le ministre Marc Garneau

À notre avis, l’Iran n’a pas vraiment le choix de faire appel à un autre pays où il y a de l’expertise, et on se demande pourquoi les Iraniens n’ont pas conclu la même chose, soit d’envoyer les boîtes noires à Paris, par exemple. […] L’Iran ne respecte pas ses obligations internationales en ce moment.

Marc Garneau, ministre des Transports, en entrevue avec La Presse, mardi

« Le Canada ne va pas lâcher le morceau dans cette affaire. Il y a des Canadiens qui ont perdu la vie. Les familles des victimes veulent que justice soit faite et ils veulent aussi obtenir une compensation. Surtout, ils veulent des réponses à leurs questions et que l’Iran s’acquitte de ses responsabilités. »

Même si les boîtes noires ont été endommagées durant la tragédie, cela ne veut pas dire que les informations qu’elles contiennent ne sont pas intactes, a tenu à souligner M. Garneau.

De son côté, le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, a signalé mardi qu’une délégation iranienne doit bientôt se rendre à Kiev, en Ukraine, pour faire le point sur ce dossier.

Le chef de la diplomatie canadienne s’est lui-même entretenu pendant plus d’une heure en tête à tête avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, lors d’un déplacement à l’étranger la semaine dernière.

« Il a été question des boîtes noires pendant une bonne partie de notre discussion ainsi que des façons d’exercer certaines pressions sur l’Iran afin que les boîtes noires soient transférées. Cela fait maintenant plus de 30 jours », a-t-il affirmé.

Le ministre Garneau pressera également ce mercredi les membres du conseil de l’OACI d’adopter des lignes directrices visant à éviter que des avions civils volent au-dessus de zones de conflit. En vertu de ces nouvelles lignes directrices, un pays impliqué dans un conflit armé devrait avoir l’obligation de fermer son espace aérien aux vols commerciaux pour éviter les tragédies comme celle qui est survenue le 8 janvier à Téhéran.