Thérèse Tanguay Dion, mère de Céline Dion et figure publique, s’est éteinte vendredi matin, à l’âge de 92 ans. 

Maman Dion, comme tout le monde la surnommait, a eu une vie bien remplie, entre ses 14 enfants, l’immense carrière de sa benjamine qu’elle a aidé à propulser, et toutes ses initiatives d’affaires et caritatives. 

« Thérèse Tanguay Dion était le cœur d’une famille, dont le destin a ému le Québec et le monde, a écrit le réalisateur et producteur Stéphane Laporte à La Presse vendredi. Son existence est la preuve que rien n’est plus fort que l’amour d’une mère. Qu’il rend tout possible. Thérèse était une femme forte. La force maternelle. Celle que rien n’arrête. »

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

En 2014, Thérèse Tanguay Dion a participé au lancement du recueil de Stéphane Laporte Chroniques, tome 4.

La matriarche a mis au monde 14 enfants, entre 1946 et 1968 : Denise, Linda, Louise, Manon, Liette, Pauline, Ghislaine, Claudette, Michel, Paul, Daniel (mort en 2016), Clément, Jacques et Céline. Elle avait 32 petits-enfants, 48 arrière-petits-enfants et était arrière-arrière-grand-mère 6 fois. 

Elle a souvent été décrite comme celle qui dirigeait le clan Dion. 

Dans une récente parution de la revue Échos Vedettes, Claudette Dion, grande sœur de Céline, racontait que leur mère souffrait de plusieurs problèmes de santé ces derniers mois. Elle avait perdu de l’acuité visuelle et une partie de son audition. Sa mémoire était de plus en plus défaillante, tout comme son énergie. 

À Miami, en Floride, le jour de la mort de sa mère, Céline Dion est montée sur scène comme prévu. Sur les réseaux sociaux, vendredi après-midi, elle a publié une photo du clan Dion, à l’époque où elle était adolescente. 

Maman, nous t’aimons tellement… Nous te dédions le spectacle de ce soir et je chanterai pour toi avec tout mon cœur.

Céline Dion sur les réseaux sociaux

« Je sais qu’elle aurait certainement voulu que je sois la meilleure que je puisse être, ce soir, a dit Céline Dion en spectacle, comme on peut le voir dans les vidéos retransmises par des fans. Et je sais aussi qu’elle aurait voulu que vous ayez du bon temps ce soir. » La chanteuse s’est dite « secouée » que sa mère ait attendu que toute la famille soit réunie avant de partir.

Les proches ont reçu un appel du personnel médical deux jours avant la mort de Mme Dion, pour leur dire de se préparer à l’inévitable. La chanteuse a ainsi pu dire au revoir à sa mère, en compagnie de ses frères et sœurs.

Saint-Bernard puis Charlemagne

Née Thérèse Tanguay le 20 mars 1927, à Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie, Maman Dion est issue d’un milieu modeste. Sa famille s’installe à Saint-Bernard-des-Lacs, que son père Achille a aidé à bâtir, alors que Thérèse est encore toute petite fille.

Elle a 18 ans lorsqu’elle épouse Adhémar Dion. La musique crée le lien entre eux. En apprenant qu’Adhémar est un accordéoniste, Achille demande à sa fille d’apporter son violon lors d’une visite. Ils ont joué ensemble, se sont revus, et se sont promis l’un à l’autre.

Ils vécurent ensemble toute leur vie, jusqu’à la mort d’Adhémar, à l’hiver 2003, à l’âge de 80 ans. 

  • Adhémar et Thérèse Dion au baptême de leur petit-fils, 
René-Charles Angélil, en juillet 2001

    PHOTO RÉMI LEMÉE, ARCHIVES LA PRESSE

    Adhémar et Thérèse Dion au baptême de leur petit-fils, 
René-Charles Angélil, en juillet 2001

  • Thérèse Dion avec sa fille Céline et son regretté mari, 
Adhémar, en 1984

    PHOTO MICHEL GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

    Thérèse Dion avec sa fille Céline et son regretté mari, 
Adhémar, en 1984

  • À droite, Thérèse Dion, aux funérailles nationales de son gendre René Angélil 
à la basilique Notre-Dame, à Montréal

    PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

    À droite, Thérèse Dion, aux funérailles nationales de son gendre René Angélil 
à la basilique Notre-Dame, à Montréal

  • Thérèse Dion avec sa fille Céline
et son mari, Adhémar

    PHOTO ROBERT MAILLOUX, ARCHIVES LA PRESSE

    Thérèse Dion avec sa fille Céline
et son mari, Adhémar

  • René Angélil, Thérèse Dion, René-Charles Angélil et Céline Dion en 2008, alors que le président 
français de l’époque, Nicolas Sarkozy, remettait la Légion d’honneur à la chanteuse

    PHOTO CHARLES PLATIAU, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

    René Angélil, Thérèse Dion, René-Charles Angélil et Céline Dion en 2008, alors que le président 
français de l’époque, Nicolas Sarkozy, remettait la Légion d’honneur à la chanteuse

  • Adhémar Dion, Thérèse Dion, René Angélil et Céline Dion à Ottawa en 1998, lorsque la chanteuse a été faite officière de l’Ordre du Canada. Elle a depuis été faite compagne de l’Ordre du Canada.

    PHOTO TOM HANSON, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

    Adhémar Dion, Thérèse Dion, René Angélil et Céline Dion à Ottawa en 1998, lorsque la chanteuse a été faite officière de l’Ordre du Canada. Elle a depuis été faite compagne de l’Ordre du Canada.

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Après avoir vécu à La Tuque où la famille Tanguay était installée, Thérèse a plié bagage avec Adhémar et leurs premiers enfants pour s’installer à Charlemagne, près de Montréal, où la famille a longtemps vécu. Ces dernières années, la matriarche du clan Dion vivait à Laval avec sa fille aînée, Denise, qui prenait soin d’elle.

La musique a toujours été importante au sein de la famille. Le père de Thérèse, lui-même musicien, lui a offert un violon pour ses 11 ans. Petite, elle savait aussi jouer de la bombarde et de l’harmonica. 

Dans le foyer Dion, les parents ont initié tous leurs enfants à la musique. Pendant des années, la fratrie s’est produite sur des scènes locales, puis dans le resto-bar familial, Le Vieux Baril. La fin de cette époque survient subitement, quand un incendie ravage le bar.

Si la carrière musicale des enfants Dion a alors pris fin, la mère a conservé un espoir particulier en sa fille Céline. Au début des années 80, elle prend en main la carrière de sa benjamine, devenant ainsi sa première agente. 

Ce n’était qu’un rêve

Le projet de Thérèse Dion était clair : elle voulait faire de Céline une chanteuse célèbre. C’est Maman Dion qui a écrit la chanson Ce n’était qu’un rêve, dont la mélodie a été composée par son fils Jacques. L’enregistrement du titre est envoyé sur cassette à René Angélil. 

« Elle avait de la vision, dit l’animatrice Julie Snyder, proche de la famille Dion-Angélil. Elle a eu un feeling, elle a vu ce que Céline pouvait devenir. Elle avait une ambition inconsciente. Il fallait être très ambitieuse et très inconsciente pour penser que la petite Céline irait jusque-là. »

PHOTO FOURNIE PAR PRODUCTIONS J

Thérèse Tanguay Dion et Julie Snyder

D’ailleurs, ce n’est pas par hasard qu’elle s’est tournée vers René Angélil. « Céline, vers 11 ans, avait déjà un manager, mais ça n’allait pas assez vite pour Mme Dion, raconte Julie Snyder. Après avoir écrit Ce n’était qu’un rêve, elle s’est demandé qui était la plus grande star à l’époque. C’était Ginette Reno. Elle a pris son microsillon, a regardé le nom du producteur écrit en arrière et elle a appelé le gars qui gérait la plus grande chanteuse du Québec : René. »

Le reste de cette histoire-là est bien connu. René Angélil devient l’agent de la jeune Céline Dion, qui entre alors dans l’adolescence.

C’est le début d’un succès local instantané, qui prendra une ampleur planétaire. Maman Dion la suit dans tous les premiers instants — elle prend même l’avion pour la première fois, en 1982, à l’âge de 55 ans, pour s’envoler à Paris avec sa fille et René Angélil. 

« L’incroyable détermination de Céline, sa fougue, sa combativité, son ardeur au travail, sa compréhension des autres, tout ça, elle l’a beaucoup puisé en sa mère », dit Stéphane Laporte. 

Chaque fois que je les voyais ensemble, ce qui me sautait aux yeux, c’est leur profonde complicité. Une complicité totale qui rend invincible.

Stéphane Laporte

Thérèse Dion s’est d’abord inquiétée de la relation entre sa fille et Angélil, de 26 ans son aîné. Le couple s’est marié en 1994. Thérèse Dion deviendra au fil des ans la personne de confiance de René Angélil, mais aussi la seule qui pourra l’influencer dans ses décisions. « Je disais souvent à René, à la blague, qu’il n’avait peur de personne, sauf de sa belle-mère », sourit Julie Snyder.

Femme d’affaires

La fibre de femme d’affaires de Thérèse Dion la mène à commercialiser ses créations culinaires et à créer Les Pâtés Maman Dion, dans les années 90.

Alors qu’elle en fait la promotion dans la province, elle est de passage sur le plateau de Julie Snyder, à l’émission Le poing J. « On était en direct et elle était tellement drôle, se souvient l’animatrice. Elle ne s’adressait plus à moi, elle faisait face au public. Et quand son temps sur le plateau était écoulé, elle continuait. Ce jour-là, c’est elle qui avait le plancher. »

Peu après, Snyder lui propose d’animer sa propre émission culinaire. « Elle m’a dit que ça faisait des années qu’elle attendait ça », dit Julie Snyder. 

Pendant trois saisons, accompagnée de son coanimateur Éric Salvail, elle a piloté l’émission Maman Dion, présentée sur TVA et produite par Productions J. Elle y a reçu de nombreuses vedettes, dont sa fille Céline. 

Mais Adhémar Dion est atteint d’un cancer. Thérèse Dion laisse alors sa carrière télévisuelle de côté en 2002 pour se tenir à son chevet, jusqu’à sa mort, un an plus tard.

La Fondation Maman Dion

En 2005, c’est la création d’une fondation de soutien pour l’éducation des enfants les moins nantis. D’abord baptisé Fondation Achille Tanguay, l’organisme sera renommé peu après Fondation Maman Dion.

La Fondation distribue des fournitures scolaires aux enfants d’écoles primaires et secondaires de milieux défavorisés aux quatre coins de la province. 

En mai dernier, Thérèse Tanguay Dion a reçu la médaille de l’Assemblée nationale des mains de la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais.

Thérèse Dion s’est également impliquée auprès de la Maison Adhémar-Dion, un centre de soins palliatifs mis sur pied en 2010, accueillant sans frais les personnes en fin de vie dans la région de Lanaudière. 

Ils ont dit

« Triste d’apprendre le décès de Thérèse Dion, Maman Dion pour tous les Québécois. Une femme remarquable, si généreuse, si aimante, qui a consacré sa vie entière au bien-être de sa famille. Notre grande famille québécoise pleure son départ. »

— François Legault, premier ministre du Québec 

« Aujourd’hui, le Québec pleure le décès de Maman Dion. Thérèse Dion occupe une place spéciale dans nos cœurs — elle a été une figure marquante et une généreuse philanthrope. »

— Justin Trudeau, premier ministre du Canada

« On n’a qu’une seule maman, et celle qui a élevé et accompagné une des plus grandes voix au monde s’est éteinte. »

— Steven Guilbeault, ministre du Patrimoine canadien 

« Thérèse Dion était la maman de 14 enfants. Elle est aussi devenue en quelque sorte la maman du Québec grâce à sa Fondation. Elle était la preuve que l’amour d’une mère peut rendre tous les rêves possibles. »

— Valérie Plante, mairesse de la Ville de Montréal 

« Nos pensées vont à la famille et aux ami·es de Thérèse Dion. Appelée affectueusement Maman Dion, son travail pour aider les familles à faible revenu restera gravé dans la mémoire de plusieurs. »

— Jagmeet Singh, chef du NPD 

« Le grand cœur d’une grande dame s’est arrêté aujourd’hui, elle se repose enfin après toute une vie, à aimer, à créer, à aider les autres ! Merci Madame Tanguay-Dion ! »

— Lise Dion, humoriste 

« Tellement d’affection pour ce petit bout de femme qui vient de nous quitter. En 2016 à peine arrivée d’une grande tournée en France, je lui avais promis de passer prendre le thé. Arrivée chez elle, elle s’est mise à me parler de tous ses projets ; sacs de Noël pour les enfants, sa collection de boutons, sa belle chambre. Et finalement on avait tellement jasé qu’on avait fini par prendre l’apéro à la place du thé ! Elle va nous manquer “maman” » Dion ! »

— Véronic DiCaire, imitatrice et chanteuse 

« Nos plus sincères condoléances à la famille Dion. J’ai eu le privilège d’animer des soirées-bénéfice pour sa fondation. Cette femme a contribué énormément au bien-être des enfants défavorisés grâce à sa fondation, mes pensées accompagnent celles et ceux qui l’aiment. »

— Jasmin Roy, comédien et animateur 

— Avec Janie Gosselin, La Presse