La communauté haïtienne de Montréal a souligné le 10e anniversaire du tremblement de terre qui a dévasté la Perle des Antilles, le 12 janvier 2010, par un grand rassemblement à la Tohu.

Une cérémonie commémorative a eu lieu dimanche après-midi pour rendre hommage aux quelque 200 000 victimes qui ont perdu la vie dans le séisme et aux 300 000 personnes blessées par les dégâts causés par la puissante secousse.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

La foule a observé un moment de silence à 16 h 53, l’heure exacte à laquelle le séisme s’est produit.

Gaël Stephenson Chancy, qui est à la fois citoyen haïtien et canadien, avait 12 ans en 2010. Il se souvient avoir vu de nombreuses personnes mortes et blessées lors du trajet vers l’ambassade du Canada avec ses proches.

« C’était vraiment une confrontation aux privilèges. Ma famille et moi […] nous avons eu la chance d’être rapatriés. Les Haïtiens qui ont eu l’asile au Canada ont pu partir avec nous et être accueillis comme réfugiés. Mais je regardais quand l’avion est parti, nous avons laissé des gens dans ces conditions. C’était très fort. »

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Dominique Anglade était présente à la cérémonie.

La cinéaste Laurence Magloire était chez elle en train de travailler lorsque sa maison en banlieue de Port-au-Prince s’est mise à trembler. La secousse a été si forte qu’elle a été projetée par terre.

Dans le quartier où elle vivait, peu de maisons ont été endommagées, mais elle a rapidement reçu des appels qui lui ont fait comprendre la gravité de ce qui venait de se produire.

« Quand ma fille m’a dit : “ Maman, l’hôpital devant là où je travaille est tombé, c’était cinq étages et c’est devenu un étage ”, j’ai dit : “ Ben non, tu exagères. ” Elle m’a dit non. […]. C’est là que j’ai compris la catastrophe. »

Ce qui l’a le plus marquée dans cette tragédie, « c’est la volonté commune d’arranger les choses, de refaire, de se tenir ensemble, de se sortir tous ensemble de ce qui venait de se passer. »

Ses espoirs ont toutefois été déçus. « Ça n’a pas duré plus qu’un an, parce qu’après on a vu que ça continuait. […] Ça n’a rien donné », se désole-t-elle.

« Le traumatisme est toujours vivant »

L’organisme communautaire et culturel La Maison d’Haïti, qui a coordonné la cérémonie de dimanche, a tenu tout un week-end d’activités artistiques, d’échanges et de conférences pour marquer les dix ans de la catastrophe.

Pour la directrice générale Marjorie Villefranche, il est important de se souvenir des morts, mais aussi des vivants, qui continuent de vivre avec les conséquences du désastre.

« Dix ans, c’est un peu le bilan et c’est encore plus triste parce qu’on essaie de voir ce qui s’est amélioré et l’on constate que l’on a encore autant de peine, a-t-elle confié en entrevue à La Presse canadienne. Dix ans plus tard, le traumatisme est toujours vivant. La plaie n’est pas refermée. »

Le ministre des Affaires étrangères, Francois-Philippe Champagne, et la ministre du Développement international, Karina Gould, ont rendu hommage au courage et à la résilience du peuple haïtien ainsi qu’à tous ceux à travers le monde qui ont contribué à la reconstruction du pays.

Dans un communiqué, les deux ministres fédéraux ont aussi souligné l’apport à la société canadienne des nombreux réfugiés haïtiens qui sont venus au pays après le séisme et qui ont laissé leur marque dans leur communauté d’accueil.

Le premier ministre Justin Trudeau a lui aussi souligné ce triste anniversaire.

« En tant que partenaire et ami fidèle d’Haïti, le Canada demeure résolu à appuyer le peuple haïtien. Que ce soit par la générosité des Canadiens qui ont fait un don après le séisme ou par le biais de la communauté canado-haïtienne qui multiplie les ponts entre nos deux pays, nous sommes solidaires des Haïtiens », a déclaré M. Trudeau dans un communiqué.

D’après les plus récentes données du recensement, en 2016, plus de 165 000 personnes d’origine haïtienne vivaient au Canada, dont une importante majorité au Québec.