Les femmes devraient être appelées à déclarer rapidement leur grossesse au gouvernement et les 260 organismes communautaires qui œuvrent auprès des familles doivent recevoir rapidement un financement annuel minimum de 200 000 $.

Telles sont les premières recommandations émises par la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse.

« Chaque fois qu’il y a des coupes, c’est la prévention qui écope », a regretté Régine Laurent,   présidente de la Commission.

Les travaux de la commission - mise en place après la mort tragique de la fillette de Granby - se poursuivent jusqu’au printemps et un rapport final sera publié en novembre.

Si Mme Laurent y est allée mercredi de premières recommandations, c’est parce que « le temps presse » pour les enfants vulnérables et parce que Mme Laurent espère que les mesures proposées se retrouvent dans le prochain budget provincial.

« On n’a pas besoin de réinventer la roue », a souligné Mme Laurent.

Le Québec a déjà été champion de la prévention, d’excellents programmes ont fait leurs preuves, mais ils ont malheureusement été mis à mal, selon Mme Laurent.

Par exemple, il faut impérativement à son avis reprendre les visites à domicile des mères plutôt que de se contenter de petits coups de fil.

Et il faut aussi accompagner les mères vulnérables avant la naissance. D’où cette idée d’avis de grossesse obligatoires, déjà en place dans deux régions du Québec.

Ces avis de grossesse ne nécessitent pas de gros investissements, a précisé Mme Laurent, pas plus que ses cinq premières recommandations.

Outre l’avis de grossesse et le meilleur financement d’organismes de proximité,   Mme Laurent prône aussi la mise en place de stratégies pour que les familles vulnérables utilisent réellement les places en CPE qui sont réservées à leur intention.

Elle recommande aussi que le programme accompagnant les jeunes vers leur sortie des services de la DPJ soit plus accessible et que les services en périnatalité et en petite enfance soient mieux déployés.

Au départ, la Commission a eu du mal à entendre des employés de la DPJ qui craignaient des représailles. Lors d’audiences, Mme Laurent s’est même plainte d’une certaine omerta.

Son message semble avoir été entendu, croit Mme Laurent qui a noté que de nombreux professionnels de la DPJ se sont inscrits aux prochains forums, encouragés aussi le faire par le ministre Lionel Carmant, responsable du dossier de la DPJ.

À Québec, le ministre délégué à la Santé, Lionel Carmant, a dit avoir un préjugé « très favorable » envers les premières recommandations de la Commission.

« On accueille avec ouverture les recommandations de Mme Laurent. On va prendre le temps de les analyser avec Mme McCann (Santé) et M. Lacombe (Famille). Mais je veux la rassurer : les recommandations ne seront pas tablettées. D’ici le prochain budget, on va mettre sur pied des mesures pour aider la première ligne », a-t-il affirmé lors d’une mêlée de presse avant une réunion du conseil des ministres.

Le ministre a indiqué que le gouvernement ne peut mettre en œuvre les recommandations immédiatement parce qu’elles impliquent des « demandes budgétaires ».

« Ce que j’aime de ses demandes, c’est qu’elles sont toutes en amont de la DPJ. Et ça, ça va avec ce qu’on dit : on doit faire plus de prévention pour que la DPJ devienne une mesure d’exception comme elle l’était initialement », a ajouté M. Carmant.

-Avec Tommy Chouinard