La Société de transport de Laval (STL) prévoit augmenter ses services d’autobus de 5 % par an, au cours des cinq prochaines années, et implanter des corridors de « bus à haut niveau de service » sur plusieurs grands boulevards afin de faciliter la mobilité des Lavallois à l’intérieur de leur île.

La STL rendra public mercredi un plan de développement de 720 millions sur 10 ans qui vise à faire grimper la fréquentation de ses autobus de presque 30 % d’ici 2028.

Il prévoit l’ajout d’une centaine d’autobus au parc actuel de la STL (qui en compte 317), l’électrification accélérée des véhicules et la création de nouvelles voies réservées au transport collectif sur le boulevard des Laurentides ainsi que dans l’axe des boulevards de la Concorde/Notre-Dame.

En plus de favoriser des déplacements plus rapides en direction du centre de l’île Jésus, la STL prévoit améliorer les lignes existantes en y consacrant la moitié de ses ajouts de service. Les sommes nécessaires pour assurer ces améliorations durant les cinq premières années du plan sont déjà réservées par la Ville de Laval et la société de transport, a indiqué le président du conseil d’administration de la STL, Éric Morasse, en entrevue avec La Presse.

« Cela vient d’une volonté commune de commencer immédiatement la mise en place des mesures nécessaires pour qu’on atteigne les cibles de la politique de mobilité durable du gouvernement du Québec », explique-t-il.

Pour cela, on doit mieux répondre aux besoins d’une clientèle qui évolue, qui ne se déplace plus seulement aux heures de pointe, qui demande des services le soir, les fins de semaine, ou à contre-courant des périodes de pointe.

Éric Morasse, président du conseil d’administration de la STL

Selon lui, les usagers de la STL devraient percevoir la différence dès l’automne 2020, alors qu’un grand nombre de bus additionnels seront déployés sur des lignes existantes afin de réduire les intervalles de passage.

Aller « où on est moins bons »

« On veut aller travailler dans des zones où on est moins bons, ajoute le directeur général de la STL, Guy Picard. Dans les endroits où l’autobus passe aux heures, on va essayer de réduire ça à 30 minutes. Si l’autobus passe aux 30 minutes, on va peut-être descendre l’intervalle à 20. »

« Quand on demande à nos clients ce qu’ils pensent de nos services en périodes de pointe, poursuit M. Picard, ils sont généralement satisfaits. Mais quand on demande pour le service hors-pointe ou les fins de semaine, la note est beaucoup moins bonne. C’est à cela qu’on veut s’attaquer dans les prochaines années. »

Le plan stratégique 2019-2028 de la STL vise ainsi à répondre à ce changement de dynamique dans les déplacements, qui a suivi la lente transformation de Laval de ville-dortoir qu’elle était encore il y a 20 ans en un véritable pôle d’emploi métropolitain.

Les modèles prévisionnels du ministère des Transports du Québec estiment ainsi que d’ici 2031, les déplacements pour le travail vers Laval devraient augmenter deux fois plus vite que les déplacements effectués par les Lavallois vers d’autres secteurs de la métropole. Quant aux déplacements internes, ils devraient augmenter de 23,6 % d’ici 2031 par rapport à leur niveau de 2013.

« Cette tendance accentuera la pression pour desservir plus efficacement les déplacements internes à Laval, un marché beaucoup moins populaire pour lequel la STL était traditionnellement beaucoup moins performante. »

Un réseau intégré nécessaire

Dans son plan stratégique, la STL relève toutefois que pour donner des résultats tangibles, l’amélioration de ses services d’autobus locaux devra être accompagnée d’un développement majeur des réseaux de transports collectifs métropolitains qui traversent son territoire.

La STL réitère ainsi son appui aux demandes formulées par l’ensemble des villes de la banlieue nord de Montréal, en avril 2018, pour la création d’un deuxième lien de transport collectif « lourd » entre Laval et Montréal, et l’implantation de voies réservées aux autobus sur les autoroutes 13, 15, 19 et 440, « afin de décongestionner Laval et les Basses-Laurentides ».

Le directeur général de la STM, Guy Picard, dit avoir bon espoir que ces demandes formulées par l’ensemble de la région trouvent un écho favorable à Québec. Les études sur l’implantation des voies réservées sur les autoroutes sont déjà en cours ; les projets de « bus à haut niveau de service » de la STL sur les boulevards des Laurentides et de la Concorde font partie des projets d’infrastructures présentement évalués par l’Autorité régionale de transport métropolitain ; enfin, le gouvernement Legault a mandaté la Caisse de dépôt et placement du Québec pour qu’elle examine la possibilité d’étendre son futur Réseau express métropolitain jusqu’à Laval, dans l’axe de l’autoroute 15.

On attend des nouvelles au printemps prochain, affirme le directeur général.

Principaux projets

Autobus

La moitié du programme d’immobilisations ira à l’acquisition de 285 autobus, dont 178 serviront à remplacer les véhicules en fin de vie utile. Dès 2024, la STL n’achètera que des bus électriques, ce qui accélérera considérablement la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). La STL prévoit une réduction de ses émissions de 45 % par kilomètre parcouru.

Bâtiments

Ce budget de 179,5 millions qui représente le quart du programme d’immobilisations sera essentiellement consacré aux projets de construction d’un nouveau garage et de maintien du patrimoine existant. L’ouverture du nouveau garage adapté aux besoins d’entretien et de recharge des autobus électriques, prévue en 2024, est au cœur de la stratégie d’électrification de la STL.

Voies réservées

La STL prévoit d’abord de terminer l’implantation des « mesures préférentielles pour bus » sur le boulevard Le Corbusier. Par la suite, des études seront entreprises en vue d’aménager des circuits de bus à haut niveau de service, sur des voies réservées en site propre, sur le boulevard des Laurentides et dans l’axe des boulevards de la Concorde/Notre-Dame. Le budget de 134 millions financera les coûts d’infrastructures et des remplacements d’abribus.

Autres projets

Une somme de 44 millions est prévue pour l’achat d’équipements embarqués pour bus (caméras, GPS, etc.) et le développement de systèmes d’aide aux opérations.

Source : STL