(Montréal) Les cônes orange sont devenus tellement omniprésents sur nos routes que les automobilistes ne s’en préoccupent plus, avec toutes les conséquences tragiques que cela implique.

C’est ce que craint le syndicat des Métallos au lendemain d’un troisième décès en deux mois d’une signaleuse routière, jeudi, après qu’elle eut été happée par une automobile à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix, en Montérégie.

La collision s’est produite vers 11 h sur la rue Principale, dans une zone où il y a des travaux routiers.

La dame de 54 ans, originaire de Belœil, est décédée à l’hôpital après avoir été gravement blessée par un automobiliste sur le chantier.

Le président de la section locale 8922 des Métallos, Patrick Pellerin, affirme qu’« il y a plus d’accidents qu’à l’habitude dans le domaine de la signalisation routière. Déjà un c’est trop, mais trois en deux mois c’est énorme », s’est-il désolé lors d’une entrevue téléphonique avec La Presse canadienne.

Des cônes partout

Selon lui, l’explosion du nombre de chantiers routiers au Québec et leur présence maintenue quelle que soit leur activité ont modifié le comportement des automobilistes.

« Les gens, les premières années il y a 10 ans, quand on a commencé à voir des cônes, portaient une attention particulière.

« Maintenant, 10 ans plus tard, il y a des chantiers qui ne sont pas en fonction et il y a des cônes ; deux mois avant qu’un chantier ouvre, ils ont commencé à mettre des cônes. Il y en a partout. »

Les automobilistes, en fait, les remarquent à peine, selon M. Pellerin.

« C’est rendu comme des lignes blanches ou des lignes jaunes sur la route. À un moment donné, les gens ne portent plus une attention particulière. »

Des bandes transversales ?

Patrick Pellerin, dont le syndicat représente près d’un millier de signaleurs routiers, est convaincu que le temps est venu d’imposer de nouvelles mesures de sécurité sur les chantiers.

Cette démarche, estime-t-il, relève du donneur d’ouvrage ou de l’employeur qui doit s’assurer que le chantier est sécuritaire pour les véhicules qui l’approchent.

« Il n’y a pas de recommandation adaptable à toutes les situations », reconnaît-il, faisant valoir que l’environnement de chaque chantier — courbes, pentes, nature des travaux, excavation ou pas — est différent.

« Il faut que ce soit étudié avant de débuter un chantier. »

Il avance tout de même des pistes de solution.

« Est-ce que ça va prendre à l’approche d’un chantier actif des bandes qui sont déroulées sur la largeur de la route pour faire en sorte que le conducteur sache que le chantier qui s’en vient est actif ? Par exemple à 750 mètres, à 500 mètres, à 250 mètres, pour que chaque conducteur voie que ce chantier qui approche est actif, qu’il est fonctionnel et qu’il doit ralentir ? Je ne sais pas, mais il faut trouver une solution », dit-il.