(Mississauga, Ontario) Attaqué par le grand patron de Québecor, Pierre Karl Péladeau, le premier ministre François Legault a répondu, lundi, en le soupçonnant de vouloir détenir un monopole, alors que le « groupe Québecor prend déjà beaucoup de place ».

L’actionnaire de contrôle de Québecor et ancien chef du Parti québécois (PQ) y était allé d’une charge à fond de train dimanche contre le gouvernement caquiste, dans le dossier du sauvetage des journaux du Groupe Capitales Médias (GCM).

M. Péladeau exige qu’on reconsidère son offre de reprise de GCM alors que le gouvernement et la cour préconisent plutôt un rachat par des coopératives d’employés. Toutefois, M. Legault craint une concentration de la presse.

« Ce qu’on souhaite au Québec, c’est d’avoir une diversité dans l’offre d’information, le groupe Québecor prend déjà beaucoup de place dans l’information », a plaidé M. Legault, en mêlée de presse en banlieue de Toronto, en marge d’une réunion avec d’autres premiers ministres.

Si on veut une diversité, il faut souhaiter que d’autres médias qui appartiennent à d’autres groupes puissent continuer à vivre, a-t-il poursuivi.

« M. Péladeau doit comprendre qu’on a besoin d’une diversité d’information », a lancé comme message le premier ministre.

Quant à savoir comment il interprétait les critiques très dures du baron des médias à l’égard de son gouvernement, M. Legault s’est montré compréhensif tout en faisait remarquer que l’entrepreneur défendait des intérêts qui sont les siens.

« M. Péladeau défend son entreprise et le rêve de tout chef d’entreprise est d’avoir un monopole. »

M. Péladeau n’a pas mis beaucoup de temps à répliquer par son compte Twitter. Sur les risques de concentration de la presse et de monopole, il a relancé les hostilités sur un autre front, soit le rachat de Transat par Air Canada. M. Péladeau s’est opposé à cette transaction.

À titre d’ancien haut dirigeant et actionnaire majeur de Transat, « (M. Legault) doit certainement savoir ce dont il parle quand il appuie publiquement la transactionTransat/AC (Air Canada) qui donnera plus de 60 % des vols transatlantique et 40 % des destinations soleil » à un seul joueur.

Rappelons que la semaine dernière, le gouvernement a forcé Desjardins à revenir sur sa décision de se retirer du montage financier des coopératives de GCM, ce qui mettait en péril la relance des journaux.

Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, avait même soulevé un doute sur le rôle d’une administratrice de Desjardins, qui est aussi un poids lourd du conseil d’administration de Québecor. Il a par la suite reçu une mise en demeure de l’administratrice, mais a refusé de se rétracter.

Jusqu’à présent, Investissement Québec (IQ) a déjà accordé des prêts totalisant environ 15 millions à GCM. M. Fitzgibbon a déjà signalé que l’État québécois n’allait pas récupérer sa mise. Selon le ministre de l’Économie, il faudra injecter entre 10 millions et 15 millions dans le fonds de roulement du groupe de presse.

À l’abri de ses créanciers depuis le mois d’août, GCM compte quelque 350 employés permanents et publie les quotidiens régionaux Le SoleilLa TribuneLa Voix de l’EstLe DroitLe Nouvelliste et Le Quotidien.

GCM est un client de La Presse canadienne.