Dans le cadre des 12 jours d’action contre les violences envers les femmes, le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale sollicite cette année le soutien des employeurs et syndicats.

L’organisme qui représente une quarantaine de refuges a dévoilé samedi sa campagne de sensibilisation qui fait valoir que « la violence conjugale ne s’arrête pas au seuil de la maison », car plus de la moitié des victimes continueraient de se faire harceler jusqu’à leur lieu de travail. Leur conjoint ou ex-conjoint violent peut se présenter sur place ou encore les inonder d’appels, de messages texte et de courriels, illustre-t-on.

Les employeurs et les syndicats ne devraient pas hésiter à aborder ces problèmes de front, malgré leur nature personnelle, puisqu’il en va de leur responsabilité d’assurer un milieu de travail sain et sécuritaire, plaide Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale.

Sa présidente, Chantal Arseneault, suggère la mise en place de mesures pour mettre les employées à l’abri de telles intrusions au travail, comme leur offrir la possibilité de modifier leur adresse courriel et leur numéro de poste téléphonique.

« Les employeurs peuvent charger un cadre ou une personne des ressources humaines à écouter, à être attentive, à soutenir les victimes à les orienter vers des ressources », propose celle qui agit également à titre de coordonnatrice de la maison l’Esther à Laval.

Des protocoles peuvent également être établis dans l’éventualité où un partenaire ou ex-partenaire violent se présente sur le lieu de travail. Quant aux autres employés, ils peuvent aussi être formés pour reconnaître les signes de détresse chez leurs collègues et savoir témoigner de leur soutien.

Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale offre aux employeurs et syndicats l’appui de ses intervenantes pour accorder des formations sur la problématique et faire connaître les services en la matière, entre autres.

Quant aux syndicats, leur influence se situe surtout sur le plan de la négociation des conventions collectives, indique-t-on. Ils peuvent chercher à y inclure des clauses prévoyant des congés payés afin de consulter un avocat ou un professionnel de la santé et préparer son départ vers un refuge par exemple.

France Paradis, une vice-présidente de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, préconise aussi des protections contre les éventuelles mesures disciplinaires. La violence conjugale étant une importante source d’angoisse, le rendement professionnel des victimes en pâtit souvent, explique-t-elle. « La productivité baisse. Les absences augmentent. Les retards augmentent. »

Anticipant déjà les objections des employeurs, Mme Paradis martèle qu’ils n’ont pas à craindre que des travailleuses abusent de leur souplesse.

« Je ne connais personne qui va se vanter d’avoir été victime de violence conjugale pour le “fun” », affirme avec fermeté celle qui est chargée de représenter les femmes au sein de la centrale syndicale.