(Montréal) Peu satisfaite de la réaction du gouvernement fédéral au conflit de travail sévissant au Canadien National, l’Union des producteurs agricoles (UPA) compte porter de nouveau son message, cette fois en manifestant lundi matin devant le bureau de circonscription du premier ministre Justin Trudeau.

La manifestation s’amorcera au complexe sportif Claude-Robillard, dans le quartier d’Ahuntsic. Les protestataires marcheront vers le bureau de M. Trudeau, situé tout près de là, au 1100, boulevard Crémazie Est.

Vendredi, un cortège formé d’une dizaine de tracteurs s’est rendu, depuis Châteauguay, en banlieue sud de Montréal, au centre-ville de la métropole afin de manifester à proximité du siège social du CN et dénoncer le manque de propane qui donne plusieurs maux de tête aux agriculteurs.

Déjà confrontés à une saison des récoltes difficile en raison des conditions météorologiques, ceux-ci sont incapables de faire sécher les grains récoltés puisqu’ils ne sont pas en mesure de se faire livrer du propane afin d’alimenter leurs séchoirs.

L’UPA dénonce ce qu’elle juge comme le peu de sensibilité du gouvernement fédéral dans ce dossier. « Le gouvernement canadien […] ne semble pas saisir l’ampleur de la crise vécue par des milliers d’agriculteurs au Québec qui lui demandent de trouver rapidement une solution », affirme l’organisation dans un communiqué publié samedi.

Rencontre avec le PLQ

De passage à Sherbrooke, où il a rencontré le chef intérimaire du Parti libéral du Québec Pierre Arcand et la porte-parole du parti en matière d’agriculture Marie Montpetit, le président général de l’UPA, Marcel Groleau, a dit vouloir que « M. Trudeau et son équipe mettent de la pression sur le CN pour que celui-ci priorise l’acheminent du propane vers ses clients ».

M. Groleau a souligné que les producteurs de grains ne sont pas les seuls qui seraient affectés par une éventuelle pénurie de propane, citant notamment les éleveurs de porcs, de veaux et de volailles.

« Le téléphone n’arrête pas. Les producteurs veulent une indication pour savoir quand les livraisons vont reprendre, a-t-il souligné. Il y a énormément d’inquiétude. Dans les prochains jours, cela va devenir dramatique pour certains d’entre eux. »

De son côté, Mme Montpetit a dit que la situation était « alarmante et préoccupante ».

« On voulait rencontrer [M. Groleau] parce qu’il y a de plus en plus de stress et de détresse chez les agriculteurs du Québec. »

La veille, le gouvernement québécois disait croire avoir suffisamment de propane pour répondre aux besoins jugés essentiels pour environ une semaine.

Le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, a fait savoir que des wagons qui transportent sept millions de litres de propane seront acheminés à Beauharnois, Saint-Hyacinthe et Lévis, à des fins de distribution. Un convoi en provenance d’Edmonton transportant environ sept millions de litres de ce gaz est également en direction de la province.

Avec ses 6 millions de litres déjà en stock, le Québec compte donc au total 20 millions de litres de propane, ce qui devrait pouvoir durer jusqu’à vendredi prochain, si l’on applique un rationnement de 2,5 millions de litres par jour, a indiqué M. Julien.

Marcel Groleau déplorait samedi l’absence de renseignements sur la disponibilité de ce stock. « Les producteurs ont besoin de savoir s’ils pourront être approvisionnés dans 24 heures, dans 36 heures ou dans 48 heures », a-t-il soutenu.