Le projet de loi sur l’abolition des commissions scolaires exclut les parents des prises de décisions qui concernent l’éducation et va bien au-delà de la simple réforme administrative, soutient l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).

Dans une fiche technique publiée jeudi, la chercheuse Eve-Lyne Couturier estime que le projet de loi tel que déposé par le ministre de l’Éducation « change la relation de la population avec le système scolaire. »

Ce sont les parents qui en feraient d’abord les frais, soutient l’IRIS. Dans le projet de loi 40, les conseils d’administration des centres de services sont composés de 16 membres : huit parents, quatre personnes issues de la collectivité et quatre représentants scolaires.

« Oui, les parents vont représenter la moitié du conseil d’administration, mais ils devront s’impliquer au sein des conseils d’établissements [d’une école], donc on leur demande une double charge bénévole », dit Eve-Lyne Couturier.

Dans les régions où on doit faire plusieurs centaines de kilomètres pour se rendre à un centre de services, demande-t-elle, quels parents auront ce temps à consacrer à l’administration scolaire ?

Le débat entourant l’adoption de la Loi sur la laïcité de l’État – qui interdit notamment aux enseignants et aux directions d’école de porter des signes religieux – montre que les parents ont encore une voix au sein des commissions scolaires telles qu’on les connaît actuellement.

« On a vu qu’il y a une possibilité d’avoir un débat entre les parents, les commissions scolaires, les gens qui travaillent dans les écoles. Il y avait une instance pour faire un intermédiaire entre les écoles et le gouvernement », estime Eve-Lyne Couturier.

Des écoles placées « en concurrence »

L’IRIS, qui se décrit comme un institut « indépendant et progressiste », fait aussi écho à des critiques entendues à la commission parlementaire pour étudier le projet de loi 40, notamment quand elle affirme que la réforme proposée par la Coalition avenir Québec mettrait les écoles en concurrence les unes avec les autres.

« Les écoles vont devoir se battre pour attirer et retenir les élèves dans leurs établissements. Leur vocation, ce n’est pas de faire de l’éducation un marché, c’est d’éduquer les élèves qui passent dans leurs établissements », dit Eve-Lyne Couturier.

L’IRIS estime en conséquence que le projet de loi « gagnerait à être morcelé afin de discuter des différentes mesures qu’il contient une à la fois ».

« Il n’y a personne qui est enthousiaste, sauf peut-être les associations de directions d’école. Les parents, les syndicats, les individus, les mémoires vont pas mal tous dans la même direction, c’est une loi qui a été écrite trop vite », dit Eve-Lyne Couturier.

Qui plus est, ajoute-t-elle, il n’y aura pas d’économie d’argent au rendez-vous.

« En supposant qu’on élimine les élections qui se tenaient aux quatre ans, les économies attendues seraient de 15 millions par année, ce qui représente 0,1 % du budget des commissions scolaires », écrit la chercheuse.