(Montréal) Si la grande majorité des enfants de 0 à 5 ans au Québec habitent dans des quartiers jugés sécuritaires par leurs parents, ils sont encore trop nombreux à vivre de l’insécurité alimentaire, indique le portrait dressé cette année par l’Observatoire des tout-petits.

L’Observatoire collige un rapport tous les ans, évaluant un aspect différent de leur vie qui a un impact sur le développement des tout-petits. Cette année, il se penche sur leur environnement de vie alors que l’an dernier, il portait sur leur santé physique et mentale.

Le portrait 2019 est parsemé de bonnes et de mauvaises nouvelles, mais un constat ressort : les environnements dans lesquels les 0-5 ans grandissent s’améliorent depuis les dix dernières années.

L’Observatoire juge important de surveiller les conditions de vie des tout-petits, car elles ont une influence déterminante sur leur développement. Par exemple, les enfants de milieux défavorisés connaissent à l’âge de 3 ans 600 mots de moins que ceux de milieux favorisés, et les écarts sur le plan du développement sont susceptibles d’influencer leur réussite scolaire, peut-on lire dans le rapport.

Bref, « ils ne partent pas sur la même ligne de départ », a souligné en entrevue Fannie Dagenais, la directrice de l’Observatoire.

Parmi les constats jugés préoccupants, celui-ci se démarque : un enfant sur 10 était en situation d’insécurité alimentaire en 2016.

Ceux-ci sont plus à risque de présenter, entre autres, des retards en ce qui a trait à leur développement cognitif et moteur. L’insécurité alimentaire est également un prédicteur de maladies chroniques durant la petite enfance, avertit l’Observatoire. On parle ici d’une insuffisance de nourriture ou d’une diversité d’aliments inadéquate.

L’Observatoire est aussi préoccupé du fait que de nombreux tout-petits fréquentent des services de garde éducatifs qui ne respectent pas encore les exigences de personnel qualifié. En 2015, seulement 18,7 % des garderies non subventionnées étaient conformes au règlement du ministère de la Famille exigeant que deux membres du personnel éducateur sur trois soient qualifiés.

Et puis, le constat est inquiétant, car ce type de garderies accueille de plus en plus d’enfants, a fait remarquer Mme Dagenais.

Par contre, le portrait 2019 révèle aussi que plus de 90 % des enfants de 6 mois à 5 ans habitent dans un quartier où ils peuvent jouer dehors en toute sécurité durant la journée et dans un quartier où il y a des parcs et des terrains de jeux sécuritaires.

Et si la proportion de tout-petits vivant dans une famille à faible revenu est passée de 21 % à 14 % entre 2004 et 2016 — une bonne nouvelle — ce 14 % représente malgré tout 75 000 enfants de 0 à 5 ans, selon les plus récentes données.

Aussi, 13,6 % des familles avec au moins un enfant de 0 à 5 ans habitent d’ailleurs dans un logement non abordable, ce qui signifie souvent que les bambins vivent dans un environnement stressant et qu’ils n’ont pas toujours à manger à leur faim.

L’Observatoire tient à apporter des pistes de solutions pour susciter la discussion et améliorer les conditions de vie des enfants.

Il suggère d’assurer un soutien financier aux familles défavorisées sur le plan économique, en ciblant en priorité les régions ou les quartiers marqués par de fortes proportions de familles à faible revenu. Ce type de mesure peut également contribuer à réduire l’insécurité alimentaire, écrit-il. Offrir du soutien pour que les familles puissent se trouver un logement abordable peut aussi aider celles à faible revenu : cela fait en sorte qu’il leur reste plus d’argent pour l’épicerie, les bottes d’hiver et les mitaines, explique Mme Dagenais.

Il y est aussi question d’offrir à tous les parents de jeunes enfants des mesures de conciliation famille-travail, notamment permettre aux parents un retour au travail plus souple après un congé parental.

Mis sur pied en avril 2016, l’Observatoire des tout-petits est un projet de la Fondation Lucie et André Chagnon qui a pour mission de contribuer à placer le bien-être et le développement des tout-petits au cœur des priorités de la société québécoise. Pour réaliser ce portrait, il s’est servi des données de l’Institut de la statistique du Québec et de celles de divers ministères, dont celui de la Santé et de l’Éducation.