Jeudi 31 octobre 2019. Une mère interpelle ses enfants : « Émilien, Marguerite et Jonathan, allez mettre vos déguisements, on va aller passer l’Halloween chez les voisins. » Le père intervient : 

« Es-tu folle, Catherine ?
— Pas du tout, Simon.
— L’Halloween, c’est pas aujourd’hui.
— Ben oui, c’est aujourd’hui, on est le 31.
— Non, c’est pas l’Halloween.
— Pourquoi ?
— Parce qu’il fait pas beau.
— Il fait jamais beau à l’Halloween.
— Cette année, c’est exceptionnel. C’est l’apocalypse. Le déluge !
— Ben non, regarde dehors, il mouille pas mal, mais c’est vivable.
— Si les experts disent que c’est l’enfer, c’est l’enfer ! On va pas commencer à les contredire. On va pas se mettre à regarder dehors pour savoir le temps qu’il fait. C’est pas à nous de juger. Eux, ils sont payés pour ça.
— Regarde, Simon, si tu veux pas venir, c’est pas grave, je vais accompagner les enfants toute seule. Comme ça, tu te mouilleras pas.
— Tu comprends pas ! Y est trop tard.
— Y est pas trop tard, y est juste 18 h.
— Y est trop tard, même s’il faisait super beau, c’est déjà annulé. Remis à demain.
— Qui qui a annulé ça ?
— La Ville.

— La Ville a rien à voir là-dedans. L’Halloween, ça appartient au monde. La Ville, elle peut annuler le Cocothon, mais elle peut pas annuler Pâques. Tu peux pas annuler ce que t’organises pas. C’est pas la Formule E. La Ville peut pas nous empêcher d’aller chez la belle-mère à la fête des Mères. Elle peut pas nous empêcher non plus d’aller nous promener costumés dans le quartier. L’Halloween, c’est personnel. Y en a qui se déguisent, y en a qui se déguisent pas, y en a qui donnent des bonbons, y en a qui en donnent pas. Ça nous appartient.

— Non, Madame. François Legault a dit que l’Halloween, c’était municipal.
— Pis Justin Trudeau, il dit quoi ?
— Justin Trudeau, il dit rien. Il se tient loin de la fête des déguisements, cette année. Je pense que son entourage annulerait l’Halloween jusqu’aux prochaines élections.
— Pis Donald Trump, lui ?
— Donald Trump, avec ses cheveux orange, c’est l’Halloween tous les jours, pour lui.
— Tu dis n’importe quoi. L’Halloween est pas annulée. Regarde dehors, y en a, des kids qui sonnent aux maisons.
— C’est des illégaux. La police va les arrêter.

DING DONG !

— Ça sonne !
— Réponds pas !
— Comment ça, réponds pas ! ? C’est des beaux petits Halloweens.
— Réponds pas, c’est demain, l’Halloween.
— On peut quand même leur donner des bonbons.
— Non ! Si on donne des bonbons, ce soir, aux illégaux, il nous restera plus de bonbons, demain soir, pour les légaux.
— Tasse-toi, j’ouvre. Bonsoir, les enfants, vous êtes bien beaux !

— Catherine, laisse-moi leur parler. Bonsoir, les jeunes, on est désolés, mais l’Halloween a été remise à demain, c’est pas de notre faute, c’est les autorités qui ont décidé ça pour notre bien, alors si vous voulez des bonbons d’Halloween, revenez demain. Je vais fermer la porte, maintenant. Est-ce que celui qui est déguisé en Pinocchio peut reculer un peu ? Je ne veux pas fermer la porte sur son nez.

— Papa ! Attends ! Papa ! Pinocchio, c’est moi, Jonathan. Je suis avec Émilien et Marguerite. On était tannés de vous attendre et de vous entendre, alors on est allés passer l’Halloween avec le voisin. Est-ce qu’on peut rentrer chez nous ?

— Ben oui, les enfants, rentrez. Papa va aller se reposer.

— Vous comprenez pas ! L’Halloween, c’est demain ! Mes enfants sont des délinquants !

— Simon, t’es lourd. Les enfants et moi, y a une chose qu’on comprend, c’est que la fête des Pères, ça va être dans cinq ans. »

Joyeuse Halloween à tous ceux qui fêtent ça, aujourd’hui, demain ou la semaine prochaine !