La population autochtone du Québec a bondi de 29 % entre les recensements de 2011 et de 2016, une augmentation en grande partie attribuable aux répondants qui se sont nouvellement déclarés autochtones.

C’est ce qu’a constaté Statistique Canada* en étudiant de près le phénomène des répondants qui, en Ontario, au Québec et dans les provinces atlantiques, sont tout particulièrement nombreux à afficher une identité fluctuante.

Statistique Canada a calculé la « mobilité de réponse nette ». Ses chercheurs ont calculé le nombre de personnes qui se sont nouvellement identifiées comme autochtones, duquel ont été soustraits ceux qui ont cessé de s’identifier comme tels, le tout exprimé en pourcentage de la population.

Cette seule « mobilité de réponse nette » a fait croître la population autochtone de 10,4 % pour l’ensemble du pays, mais avec de grandes disparités de province en province.

Au Québec, de 2011 à 2016, cette seule « mobilité de réponse », comme l’appelle Statistique Canada, a fait croître la population autochtone de 21,7 %.

En Nouvelle-Écosse, ce pourcentage grimpe à 49,7 % et il est de 27,4 % à Terre-Neuve-et-Labrador.

À l’inverse, le « taux net de mobilité de réponse » n’a été que de 0,1 % en Saskatchewan et de 5 % en Alberta.

Aussi, au cours des deux périodes de recensement étudiées (de 2006 à 2011 et de 2011 à 2016), « la population des Indiens inscrits des Premières Nations et la population inuite avaient fourni les réponses les plus cohérentes [dans le sens de constantes] tandis que la population des Indiens non inscrits des Premières Nations et la population métisse affichaient les réponses qui l’étaient le moins », écrivent les auteurs Vivian O’Donnell et Russell LaPointe.

Facteurs en cause

Plusieurs facteurs sont en cause, selon Statistique Canada, qui évoque entre autres l’environnement social des répondants, leur compréhension de leurs antécédents familiaux ainsi que « leur connaissance de la nature de l’identité autochtone ».

Parmi les autres explications possibles, Statistique Canada évoque les modifications importantes ayant été apportées aux critères d’admissibilité au statut d’Indien inscrit.

Le seul fait de donner des exemples dans le questionnaire de recensement — comme d’ajouter l’expression « Premières Nations » en 2011 — peut aussi avoir fait augmenter le nombre de répondants qui se déclarent autochtones, selon les chercheurs.

Statistique Canada estime par ailleurs que « les répondants peuvent avoir être influencés par la perception selon laquelle l’auto-identification peut présenter des avantages pour les autochtones en général, et pour la personne elle-même ».

Impact des fluctuations

Les auteurs de l’étude font remarquer que les grandes fluctuations des derniers recensements ont un grand impact.

« Les chercheurs, les décideurs et les évaluateurs de politiques peuvent se demander dans quelle mesure les différences observées dans les conditions économiques et sociales de la population autochtone entre les périodes de recensement sont le résultat de changements réels » et dans quelle mesure « ils sont attribuables à l’afflux de nouvelles personnes au sein de la population autochtone ».

N’empêche, Statistique Canada estime qu’il est toujours pertinent de documenter l’identité autochtone. « Même s’il peut y avoir une certaine fluidité dans les réponses, il est clair que les concepts de l’identité autochtone sont utiles », est-il écrit.

Les auteurs estiment que les caractéristiques socioéconomiques, démographiques et culturelles uniques des autochtones justifient qu’on se penche sur ces questions et que les identités changeantes sont dignes d’intérêt en elles-mêmes.

* Statistique Canada, Vivian O’Donnell et Russell LaPointe, « Mobilité de réponse et croissance de la population autochtone, de 2006 à 2001 et de 2011 à 2016 ».