(Montréal) Les citoyens de Saint-Roch-de-l’Achigan, dans la région de Lanaudière, se sont prononcés résolument contre la relocalisation de l’aérodrome de Mascouche dans leur municipalité.

Le porte-parole du mouvement contre ce projet, Sébastien Marcil, rapporte que 96 % de ses concitoyens y ont dit « non » dans le cadre d’un référendum, dimanche. Le taux de participation était de 52 %, précise-t-il.

« Il n’y a aucune interprétation possible sur la volonté de la population de Saint-Roch-de-l’Achigan », a-t-il fait valoir, en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne.

La consultation n’étant toutefois pas contraignante, M. Marcil exhorte Justin Trudeau à en respecter les résultats.

« À l’aube des élections fédérales, on trouverait inconcevable que le premier ministre du Canada vienne nous dire que le vote de citoyens canadiens ne compte pas, plaide M. Marcil. Ce qu’on lance à M. Trudeau, c’est de respecter la démocratie, à plus forte raison que lui-même va solliciter les votes dans quelques semaines. »

Le promoteur, Aérodrome SRA, souhaite relocaliser l’aérodrome de Mascouche qui a fermé en 2016.

Les opposants au projet soutiennent que ceci affecterait la qualité de vie, l’environnement et l’économie de la région.

Lorsqu’on circule dans le secteur de Saint-Roch-de-l’Achigan, il est difficile de ne pas remarquer les immenses pancartes aux abords de l’autoroute 25 qui demandent au gouvernement fédéral de rejeter le projet.

Le groupe « la Coalition SRA », qui a déployé ces affiches, parle d’un projet bâclé et inacceptable.

« Il s’agit du déménagement d’un des aérodromes le plus achalandés au Canada. À Mascouche, il y avait 30 000 avions qui décollaient ou atterrissaient par année, c’est inacceptable pour une petite municipalité de 5000 habitants », souligne Sébastien Marcil, qui agit à titre de porte-parole pour la coalition.

Il soutient que les promoteurs n’ont pas « présenté d’études d’impact, acoustique, environnemental ou économique, concernant le projet ».

En entrevue avec La Presse canadienne, Alexandre Caron, propriétaire du Camping Horizon, a dit craindre pour « la tranquillité de ses clients » en raison de la nuisance sonore.

« Les gens profitent de mon camping de juin à septembre, c’est le moment ou cet aéroport va fonctionner au maximum de sa capacité. C’est comme avoir une tondeuse au-dessus de la tête à longueur de journée. Ça va avoir un impact direct sur mon entreprise. »

C’est le maire de Saint-Roch-de-l’Achigan, Yves Prud’homme, qui était à l’origine du référendum de dimanche. Il indique toutefois que « le conseil municipal avait décidé de ne pas prendre position sur le sujet ».

« Notre responsabilité est de représenter les citoyens, la municipalité sera porte-parole des citoyens auprès du ministre des Transports, peu importe le résultat du référendum », avait-il avancé.

Selon le maire, le ministre fédéral Marc Garneau doit statuer sur le projet d’ici le début du mois de septembre.

Même s’il dit que son « administration est neutre dans le dossier », Yves Prud’homme qualifie de « bâclé » le travail des promoteurs de l’aérodrome.

« Normalement, lorsqu’on met de l’avant un projet semblable, on doit travailler en partenariat avec les citoyens. On doit s’asseoir avec les représentants de la municipalité. »

De son côté, l’Union des producteurs agricoles (UPA) dénonce les conséquences d’un tel projet dans une région largement agricole.

« On asphaltera des terres de grande qualité, lesquelles sont cultivées depuis des décennies en cultures maraîchères et en grandes cultures » peut-on lire dans un communiqué émis par l’UPA.

Dans un document publié en ligne, les promoteurs du projet indiquent que le site aéroportuaire, qui aura une superficie de 357 000 m2, « deviendra un centre d’attraction pour le développement d’entreprises reliées à l’entretien mécanique, électrique et avionique » et que le projet créera « des emplois de haute technologie et bien rémunérés ».

Ce même document fait aussi valoir que l’ancien aéroport de Mascouche employait 75 personnes à plein temps et 70 à temps partiel.

La Presse canadienne a tenté de rejoindre les promoteurs d’Aérodrome SRA, mais n’a pas obtenu de réponse de ceux-ci.