(Ottawa) Des responsables de Statistique Canada estiment que deux fois plus de personnes auraient pu s’identifier comme juives dans le cadre du recensement de 2016 si le questionnaire avait été formulé d’une manière légèrement différente.

Le nombre de personnes s’identifiant comme ethniquement juives est en baisse depuis 2001, mais la dégringolade de 53,6 % observée entre 2011 et 2016 a largement excédé les baisses enregistrées entre les cycles de recensement précédents.

Si les tendances en matière de réponse s’étaient maintenues, le recensement aurait permis d’identifier entre 270 000 et 298 000 personnes juives au pays en 2016, au lieu des quelque 144 000 personnes juives recensées, indique un récent rapport technique de Statistique Canada.

L’agence fédérale fait valoir que le déclin enregistré ne peut pas être expliqué par les décès, l’émigration ou encore des erreurs dans la compilation des données.

Le déclin serait plutôt imputable à la reformulation de la question sur les origines ethniques et culturelles, estime-t-on.

La mention « juif » avait été retirée de la liste d’exemples accompagnant cette question, ce qui pourrait avoir porté certains répondants à croire qu’elle concernait seulement les origines liées à un pays particulier.

Des groupes ethniques et culturels se fient au recensement pour obtenir un portrait aussi précis que possible du nombre de membres de leur communauté, mais les données servent à plusieurs autres fins.

Élections Canada, par exemple, a évoqué le recensement lundi pour expliquer sa décision de ne pas changer la date du scrutin fédéral cet automne, même si elle coïncide avec une fête observée par les juifs pratiquants qui ne pourront ni voter ni participer à des campagnes ce jour-là.

Une nouvelle version de la question

En vue du prochain recensement prévu en 2021, Statistique Canada a décidé de mettre à l’épreuve une nouvelle version de la question, qui consiste à fournir non pas des exemples d’origine ethniques, mais bien une brève description de leurs différents types, en plus d’un lien vers « une liste exhaustive de plus de 400 origines » pour les répondants ayant besoin d’une aide supplémentaire.

« Cette approche pourrait mitiger l’effet de suggestion proposé par des exemples spécifiques », fait-on valoir dans le rapport technique.

Le retrait complet des exemples n’est toutefois pas une option, puisqu’il pourrait entraîner d’autres risques comme le fait que des répondants ne comprennent pas l’essence de la question.

« Nous sommes un pays qui accommode des identités multiples, mais mesurer ces identités multiples devient de plus en plus complexe », souligne le directeur de l’Association d’études canadiennes, Jack Jedwab.

Les données sur les diverses origines ethniques au sein de la population canadienne risquent selon lui de fluctuer encore davantage dans les années à venir en raison, entre autres, de l’« évolution de la manière que les gens comprennent la notion d’ethnicité » ainsi que l’intérêt grandissant envers les services de généalogie en ligne.