(Montréal) Il devrait y avoir près de 10 millions de Québécois dans 50 ans, selon les projections de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). La province ne connaîtrait donc pas de déclin de sa population totale, mais verrait un ralentissement graduel de sa croissance.

À compter de 2030, l’augmentation de la population sera toutefois due en bonne partie à l’immigration, puisque le nombre de décès au Québec devrait alors surpasser celui des naissances, note l’Institut dans son plus récent rapport démographique dévoilé jeudi, dans lequel il scrute les naissances, les décès, mais aussi l’immigration.

Si le Québec comptait 8,4 millions d’habitants en 2018, ils devraient être 9 millions en 2030 avant de bondir à près de 10 millions en 2066.

« Je sais qu’il y a des gens qui pensent que la population du Québec diminue, mais ce n’est pas le cas. La population du Québec augmente actuellement et cette croissance devrait se poursuivre », a expliqué en entrevue Chantal Girard, démographe auprès de l’ISQ.

Malgré cette croissance, le Québec ne sera pas exempt de défis démographiques, souligne toutefois l’Institut.

« Car le vieillissement global, et plus particulièrement l’avancée en âge des générations du baby-boom, tend à réduire le poids démographique de la population constituant le bassin de main-d’œuvre potentielle dans l’ensemble de la population québécoise », est-il écrit dans le rapport en guise d’introduction.

Le groupe des 20-64 ans, souvent utilisé pour représenter le bassin de main-d’œuvre potentielle, devrait diminuer légèrement jusqu’en 2030, avant de remonter un peu au-dessus de l’effectif actuel. Évidemment, si cette fourchette d’âge est utilisée, elle ne représente pas la réalité ferme des travailleurs, alors que des Québécois de plus 65 ans sont toujours actifs sur le marché du travail.

Seules les régions de Montréal, de Laval et du Nord-du-Québec pourraient voir augmenter, d’environ 10 %, l’effectif des 20-64 ans. Pour les deux premières, l’immigration aide à pousser ces chiffres vers le haut, tandis que le Nord-du-Québec continue à bénéficier d’une fécondité élevée.

La part de ces 20-64 ans, qui sont généralement sur le marché du travail — qui paient des impôts et financent les services publics — est appelée à diminuer, passant de 61 % de la population totale en 2016 à 53 % en 2066. Une forte baisse, souligne l’ISQ.

Bref, dans 50 ans, environ un Québécois sur deux sera dans ce groupe de main-d’œuvre potentielle.

Une population qui vieillit

Sans surprise, le vieillissement de la population est mis en lumière par les projections : le nombre de personnes de 85 ans et plus pourrait pratiquement quadrupler, passant de 188 000 en 2016 à 736 000 en 2066.

Et le Québec pourrait compter 45 000 centenaires en 2066, comparativement à environ 2000 en 2016.

L’importante génération des baby-boomers (nés entre 1946 et 1966) est en train de quitter le groupe des 20-64 pour entrer petit à petit dans celui des plus de 65 ans. Cela a donc un impact sur le bassin de main-d’œuvre potentielle, fait remarquer Mme Girard.

En 2016, 1,5 million de Québécois avaient 65 ans et plus. Ils seront 2,7 millions en 2066, un bond important.

Les 65 ans et plus pourraient même représenter le tiers de la population de certaines régions en 2041, soit la Gaspésie – Îles-de-la-Madeleine, le Bas-Saint-Laurent et la Mauricie.

Globalement, l’âge moyen de la population québécoise passerait de 41,9 ans en 2016 à 46,4 ans, 50 ans plus tard. En 1971, l’âge moyen n’était que de 29,9 ans.