En début de semaine, le commissaire du baseball majeur a d’abord donné la permission au propriétaire des Rays de Tampa Bay de pouvoir envisager la possibilité de faire jouer son équipe à la fois en Floride et à Montréal. Han ? Quoi ? A-t-on bien entendu dans la même phrase : commissaire, baseball, Montréal ? Ça a beau être vague, c’est du sérieux. La balle est dans les airs.

Puis le lendemain, le propriétaire des Rays de Tampa Bay a exprimé son désir de jouer la moitié des matchs locaux de son équipe dans la ville de feu Jean Drapeau. Ben voyons donc ! C’est du très, très sérieux. La balle s’approche. Elle est au-dessus de la frontière.

Et le lendemain du lendemain, Stephen Bronfman, grand instigateur du retour des Expos à Montréal, a dit que c’était une excellente idée. Tout le monde est d’accord. La balle est rendue au-dessus du Stade olympique. Levez votre gant, il suffit de l’attraper.

Youppi ! Le baseball is back ! Ce n’est qu’une question de temps. D’ici deux ou trois ans, selon les experts. On est contents. Enfin une bonne nouvelle ! Les partisans des Nordiques sont jaloux de nous. Nos Z’Amours sont de retour !

Le petit problème, c’est que nos Z’Amours sont rendues aux deux. Dans le temps des Expos, elles n’aimaient que nous. Maintenant, elles sont mariées, et elles n’ont pas l’intention de divorcer. On s’ajoute à leur couple.

C’est de la polygamie. C’est un triangle amoureux. Un losange amoureux, si vous aimez mieux.

Ça va prendre une très grande ouverture d’esprit de notre part. Nos Z’Amours sont à la fois à Tampa Bay et à Montréal. Elles vont commencer la saison en Floride, la terminer au Québec, et retourner en Floride, si elles font partie des séries. Bref, la grande extase, ça ne se passera pas dans notre lit. Nos Z’Amours ont une conception très 2020 des relations conjugales.

Une équipe à deux villes, ça se vit comment, concrètement ? Va quand les villes sont proches comme Hull-Ottawa ou Minneapolis-Saint Paul. Mais Tampa Bay, même quand le pont Samuel-De Champlain est fluide, ce n’est pas à la porte. C’est à 2409 km. Selon Google Maps, ça prend 24 heures et 7 minutes pour s’y rendre, en conduisant sans arrêt. Ça élimine les chances de tenir un programme double dans les deux cités.

Quel sera le nom de cette équipe ? Les Rays de Tampa Bay/Montréal ? Les Rays de Montréal/Tampa Bay ? Ou, pour suivre le calendrier, les Rays de Tampa Bay/Montréal/Tampa Bay. Ou les Rays de Tamparéal ?

Comme le propriétaire ne cesse de répéter que son équipe demeure l’équipe de Tampa Bay, j’ai bien peur que ce soit les Rays de Tampa Bay point. Ce sont les Rays de Tampa Bay qui vont venir jouer plusieurs matchs à Montréal.

Bref, ce ne sera pas notre équipe, ce sera une équipe empruntée.

C’est comme lorsque les voisins partent au chalet et vous donnent la permission de vous baigner dans leur piscine. C’est pas parce que vous pataugez dedans que ça devient la vôtre. Ça reste leur piscine.

Les Montréalais risquent d’avoir un peu de difficulté à s’identifier à une équipe qui s’appelle les Rays de Tampa Bay. À défaut d’ajouter Montréal à l’appellation de son équipe, le propriétaire devrait faire un effort pour que l’enseigne nous représente un peu. Au lieu des Rays, ils pourraient s’appeler les Snowbirds de Tampa Bay. Ça donnerait un sens à toute cette entreprise. Ce qui lie Montréal et la Floride, ce sont les snowbirds. En plus, le baseball adore les noms d’oiseaux : les Cardinals, les Orioles, les Blue Jays. Les Snowbirds, pour une équipe qui est à Montréal en juillet, mais en Floride en avril et en octobre, c’est logique. Ça explique tout.

Bien sûr, ce que nous souhaitons tous, c’est que la garde partagée des Rays devienne, tôt ou tard, une garde permanente. Que cette procédure soit une subtile façon de sortir l’équipe de Tampa Bay, pour l’installer définitivement à Montréal. Que tout ça soit de l’étapisme. Espérons-le. Parce que, de toute façon, cette solution ne peut être que temporaire. Une équipe à deux domiciles, c’est comme un ménage à trois, ça dure rarement longtemps.

On se souvient qu’aux derniers jours de leur existence à Montréal, les Expos avaient joué plusieurs matchs locaux à Porto Rico. Tout le monde croyait qu’ils allaient déménager définitivement à Porto Rico. Ben non. Les descendants de Coco Laboy sont partis pour Washington. Imaginez si, après avoir vécu quelques saisons à Tampa Bay et à Montréal, les Rays déménageaient à Las Vegas. Oh boy ! On ne s’en remettrait pas. Le cœur brisé deux fois par nos Z’Amours.

Bref, on est bien prêts à se coiffer d’une casquette des Rays pour une secousse, pourvu qu’un jour, on se coiffe avec celle à trois couleurs des Expos.

En entendant, il y a l’Impact et les Alouettes. L’Impact va très bien et c’est réjouissant. Pour ce qui est des Alouettes, on ne serait pas contre une garde partagée ! Amis de Québec, ça vous intéresse ?