Des experts de l’aviation ont exprimé lundi des préoccupations en matière de sécurité après qu’une femme endormie a été oubliée dans un avion d’Air Canada après son atterrissage, les lumières éteintes et l’équipage parti.

« C’est un ratage sur toute la ligne », a affirmé Ross Aimer, chef de la direction de la firme Aero Consulting Experts et ancien pilote de ligne, à propos de cette mésaventure.

Tiffani Adams s’est endormie au cours d’un vol Air Canada d’environ 90 minutes entre Québec et Toronto, selon une amie qui a raconté son expérience dans un message publié sur la page Facebook de la compagnie aérienne.

Lorsque Mme Adams s’est réveillée quelques heures après le vol, elle s’est rendu compte qu’elle était seule dans un avion sombre. Son téléphone s’étant déchargé peu de temps après, Mme Adams a trouvé une lampe de poche dans le poste de pilotage et a tenté d’envoyer un appel à l’aide par l’un des hublots de l’avion.

Elle a ensuite réussi à déverrouiller trois loquets sur la porte principale, l’a ouverte et a capté l’attention d’un opérateur de chariot à bagages à proximité, qui est venu à son secours.

M. Aimer, qui compte environ quatre décennies de service dans l’aviation, a indiqué qu’il n’avait jamais entendu parler d’une telle situation et estimé qu’il fallait commettre de nombreuses erreurs pour oublier un passager lors du débarquement.

Il est probable que les membres de l’équipage de l’avion arrivaient au terme d’une série de vols sur plusieurs jours et étaient impatients de rentrer rapidement à la maison, a-t-il estimé.

Règle générale, les équipages doivent regarder en haut et en bas de la cabine lorsqu’ils quittent l’avion, à la recherche de personnes ou d’objets que les passagers pourraient avoir oubliés, a-t-il expliqué.

Parfois, l’équipage effectuera également un nettoyage superficiel, a-t-il précisé, ou une équipe de nettoyage arrivera pour effectuer un travail plus approfondi avant le vol matinal.

Rien de cela ne semble s’être produit dans cette histoire, a observé M. Aimer, et il est possible que les agents de bord n’aient pas procédé aux vérifications habituelles, dans leur impatience de partir.

« Alors, ce sont de multiples ratages qui ont causé cela. »

Air Canada a confirmé la survenue de l’incident, mais n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires supplémentaires.

Un pirate de l’air ?

Selon M. Aimer, une équipe de nettoyage, de restauration ou de vol aurait découvert Mme Adams le lendemain matin si elle n’avait pas été aussi proactive et ne s’était pas tirée d’affaire par elle-même. Malgré tout, l’incident laisse croire qu’il est aussi possible qu’une personne mal intentionnée puisse se cacher dans un avion de cette manière.

« Il est beaucoup plus facile de rater une personne qui se cache sous les sièges », a-t-il souligné.

Dans ce scénario, une personne formée pour piloter des avions pourrait éventuellement tenter de détourner l’appareil, a-t-il ajouté, rappelant un incident récent survenu à Seattle.

En 2018, Richard Russell, un employé d’aéroport âgé de 29 ans, a volé un avion Horizon Air Bombardier Q400 et l’a piloté au cours d’un vol de 75 minutes, qui s’est soldé par un écrasement et la mort du pirate de l’air. Même si cet incident n’avait pas fait d’autres blessés, un concert à guichets fermés du groupe rock Pearl Jam avait lieu à proximité, et l’événement aurait pu être une cible.

Cependant, d’autres mesures de sécurité dans les aéroports, telles qu’une présence constante de la police et des forces de sécurité surveillant les lieux, empêcheraient vraisemblablement un détournement d’avion, a indiqué M. Aimer.

L’expérience de Mme Adams est très inhabituelle, a estimé Gabor Lukacs, un défenseur des droits des passagers aériens.

La principale préoccupation de M. Lukacs serait de voir le transporteur aérien oublier un passager malade ou paralysé, qui pourrait être beaucoup plus vulnérable dans ce genre de situation.