L’Ordre des agronomes du Québec déplore que le débat sur l’utilisation de pesticides soit devenu un exercice « émotif » et en « manque d’objectivité » et il appelle la classe politique à l’action.

Le vice-président de l’Ordre, Pascal Thériault, signe ce matin une lettre dans notre section Débats. Dans cette missive, il réagit au dossier publié samedi dans La Presse+ racontant le combat d’agriculteurs québécois, malades après avoir utilisé des pesticides, qui tentent de faire reconnaître le parkinson et les lymphomes non hodgkiniens comme des maladies professionnelles.

Bien qu’il reconnaisse que les pesticides sont « des poisons », M. Thériault rappelle dans sa lettre que « les ventes d’atrazine, pesticide hautement toxique, ont diminué de 40 % » depuis la mise en place en 2018 d’un règlement encadrant le recours à des pesticides à haut risque. Ceux-ci doivent désormais être « prescrits » par un agronome si un producteur veut les utiliser.

Cet élément n’a toutefois pas été souligné dans le cadre de la commission parlementaire sur l’impact des pesticides sur la santé publique et l’environnement – « une insulte au secteur agroalimentaire », aux yeux de M. Thériault.

« Capital politique »

En entrevue avec La Presse, le vice-président de l’Ordre des agronomes va plus loin : selon lui, « beaucoup de monde essaie de se faire du capital politique dans cette histoire ».

PHOTO FOURNIE PAR L’ORDRE DES AGRONOMES DU QUÉBEC

Pascal Thériault, vice-président de l’Ordre des agronomes

La population a des inquiétudes tout à fait légitimes, mais je vois malheureusement des députés faire un show avec quelque chose de très sérieux. On se demande après ça pourquoi le monde est cynique.

Pascal Thériault, vice-président de l’Ordre des agronomes

Pascal Thériault donne en exemple la sortie du sous-ministre de l’Environnement Marc Croteau qui, à la fin du mois de mai, a affirmé que 15 agronomes avaient à eux seuls signé 50 % des ordonnances d’atrazine l’année dernière. La nouvelle avait rapidement fait le tour de la province.

« On ne sait pas quelle superficie ça représente ni quel volume, illustre M. Thériault. Un agronome peut faire une prescription pour 400 hectares et un autre, 10 prescriptions de 0,1 hectare. Il nous manque de l’information. »

En attente

L’Ordre attend toujours les détails du ministère de l’Environnement dans le dossier de ces 15 agronomes. « Le Ministère s’est dépêché de les dénoncer, mais pour le suivi, c’est une autre histoire », ironise M. Thériault.

Ces informations seront ensuite transmises au bureau du syndic de l’Ordre, qui effectuera une enquête.

« Et s’il doit y avoir des accusations, elles seront portées », assure M. Thériault.

Ce dernier appelle par ailleurs le gouvernement du Québec à moderniser la Loi sur les agronomes – l’article de loi définissant le rôle de l’agronome date de 1973.

Pascal Thériault en a marre d’entendre que « l’Ordre ne fait rien », notamment dans le dossier des pesticides, alors que « son rôle est d’appliquer les lois mises en place par le gouvernement ».

« Que le gouvernement légifère et l’Ordre va le suivre », dit-il.