L’ex-professeur de McGill accusé d’être un espion impliqué dans le développement de missiles chinois dit être victime d’une manœuvre « purement politique et commerciale » de la part des États-Unis.

« Notre client maintient son innocence depuis le début des procédures et entend contester avec vigueur toute demande éventuelle d’extradition. La poursuite américaine dans cette affaire est de nature purement politique et commerciale, et n’a rien à voir avec la sécurité nationale des États-Unis », ont déclaré les avocats Julio Peris et Rose-Mélanie Drivod, dans un courriel hier.

La Presse révélait hier comment Ishiang Shih avait reçu des centaines de milliers de dollars de financement fédéral pendant la période où, selon le FBI, il aurait dirigé secrètement un programme de développement de puces électroniques à usage militaire en Chine. Les enquêteurs américains ont notamment saisi des courriels dans cette affaire évoquant un plan quinquennal de développement de missiles basé sur une technologie de pointe dérobée illégalement au fabricant américain de puces électroniques Cree.

Le professeur Ishiang Shih, un résidant de Brossard, a même soumissionné à un appel de propositions afin de développer des puces pour l’Agence spatiale canadienne en 2015, sans que quiconque sonne l’alarme sur ses liens allégués avec l’armée chinoise.

Certains analystes reprochent à Washington d’utiliser parfois le prétexte de la sécurité nationale pour empêcher la Chine de développer sa propre industrie civile de fabrication de puces électroniques à haute performance.

Les conservateurs veulent une réponse plus ferme

Pour le Parti conservateur, la réponse du gouvernement Trudeau dans cette affaire manque de mordant.

« À un moment donné, le gouvernement a besoin d’être plus strict et de prendre des décisions fermes », a martelé hier le député conservateur Pierre Paul-Hus, critique de son parti en matière de sécurité publique.

« Ce qui me dérange, c’est que c’est le FBI qui avertit le gouvernement ici, mais ici, on n’a rien. C’est un Canadien, pourquoi il n’est pas interrogé par la GRC ? Ça prend le FBI pour nous dire ce qui se passe chez nous ? », s’interroge M. Paul-Hus.

Le député, qui a une formation d’officier militaire et a servi 22 ans dans les Forces armées canadiennes, souligne à quel point les avancées technologiques doivent être mieux protégées face aux puissances étrangères. 

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Pierre Paul-Hus, député conservateur

« Avant, tout était mécanique, maintenant, tout est informatisé. Dans le développement militaire actuellement, comme pour les F-35 et les autres avions dits de cinquième génération, les sous-marins, les satellites, tout est interconnecté. Si une puce ou un autre morceau de technologie tombe entre les mains d’adversaires, c’est dangereux », dit-il.

Inquiétude quant à Huawei

M. Paul-Hus en profite d’ailleurs pour réitérer son inquiétude quant à la présence du géant chinois Huawei dans le secteur des télécommunications au Canada.

« Est-ce qu’on devrait bannir ou non Huawei du Canada ? Je sais qu’il y aurait un impact sur les entreprises qui font déjà affaire avec eux, comme [Bell] ou Telus, mais c’est la sécurité du Canada qui prime. Et là, d’avoir un individu qui transmet des informations, ça fait juste rajouter à notre inquiétude par rapport à la sécurité nationale », dit-il.