(Québec) Les routes du Québec sont de plus en plus sécuritaires, surtout pour les automobilistes. La situation des piétons stagne, toutefois, alors qu’ils meurent en aussi grand nombre qu’il y a 10 ans.

La Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) a publié hier son « meilleur bilan routier en 50 ans ». Le nombre d’accidents diminue au Québec, alors que celui des véhicules immatriculés augmente.

Mais si la situation s’améliore pour presque tous les usagers de la route, elle fait du surplace pour les piétons. Ceux-ci représentent une proportion de plus en plus importante des morts sur les routes : 13,7 % des morts de la route en 2009, mais 19,2 % en 2018.

« Pour moi, l’ombre au tableau du bilan routier de cette année est chez les piétons. Je suis préoccupée par la situation, explique la présidente et chef de la direction de la SAAQ, Nathalie Tremblay. On a mis en place un groupe de travail, qui inclut d’ailleurs Piétons Québec et plusieurs acteurs. »

Une situation qui stagne

Avec 69 morts en 2018, la situation des piétons s’est quelque peu « améliorée » au regard des 76 morts de 2017, une année particulièrement meurtrière.

Mais si l’on exclut cette anomalie, on constate que la situation des piétons stagne. Il y a 10 ans, en 2009, il y avait aussi eu 69 piétons tués sur les routes du Québec, exactement comme l’année dernière. Sauf que cette année-là, 347 automobilistes étaient morts, contre 211 en 2018.

« Ce qu’on constate, c’est que la proportion des piétons augmente parmi les morts, que les utilisateurs les plus vulnérables ne profitent pas tant que ça de l’amélioration du bilan routier. » 

— Jeanne Robin, co-porte-parole de Piétons Québec

La SAAQ explique avoir mis sur pied un comité pour se pencher spécifiquement sur la sécurité des piétons. « J’attends les recommandations du groupe de travail au début de l’automne », dit Nathalie Tremblay, de la SAAQ. « C’est vraiment ma priorité numéro un. »

Taille croissante des véhicules

Comment expliquer ce phénomène ? Piétons Québec pense que la sensibilisation ne suffit pas. C’est à l’aménagement des routes qu’il faut s’attaquer.

Le groupe de défense des piétons s’interroge aussi sur la taille croissante des véhicules au Québec. Les camions légers, qui regroupent les camionnettes et les VUS, occupent de plus en plus de place dans le parc automobile québécois, selon les données de la SAAQ.

Les piétons sont-ils plus susceptibles de mourir dans un accident impliquant un véhicule lourd et de grande taille ? « On a demandé au comité de la SAAQ de se pencher sur ce phénomène », explique Jeanne Robin, co-porte-parole de Piétons Québec.

La sécurité des piétons est d’actualité, d’autant que la population vieillit. La SAAQ note que 38 % des personnes de 75 ans et plus mortes sur les routes en 2018 étaient des piétons.

Le bilan routier en bref

Plus d’autos, moins d’accidents

La sécurité routière a fait des bonds importants au Québec dans les dernières décennies. En 1973, il y avait eu 2209 morts pour 2,3 millions de véhicules en circulation. En 2018, avec quasiment trois fois plus de véhicules (6,6 millions), il y a eu 359 morts (dont 211 automobilistes).

Les jeunes moins attirés par l’auto ?

La SAAQ constate que les jeunes sont moins pressés que par le passé de conduire une voiture. « On est en train de voir chez les jeunes une baisse d’intérêt pour les permis de conduire, mais c’est tout nouveau et je n’ai pas de données, de statistiques pour appuyer ce qu’on entend », affirme la présidente et chef de la direction de la SAAQ, Nathalie Tremblay. Le bilan routier s’est amélioré chez les 15-20 ans : le nombre de morts dans cette catégorie est passé de 77 en 2017 à 50 en 2018.

Progrès chez les cyclistes et les motocyclistes

Le nombre de cyclistes accidentés a baissé de 17,6 % en 2018 par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Dix personnes sont mortes à vélo l’année dernière, soit le même nombre qu’en 2017. Chez les motocyclistes, le nombre de morts a aussi été le même entre les deux années (49), mais le nombre de blessés légers et graves a baissé.