(QUÉBEC) Québec donnera plus d’argent, voire plus de temps aux résidences pour personnes âgées afin qu’elles se conforment à l’obligation d’installer des gicleurs.

En entrevue hier, la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, a soutenu que le montant de l’aide, plafonné à 3300 $ par « unité d’habitation », sera revu à la hausse. Les subventions augmenteront donc par rapport aux 183 millions prévus.

« Les fils sont pratiquement attachés. On va faire une annonce incessamment qui va soulager les petits propriétaires, parce que c’est là où le bât blesse le plus. Il faut les soutenir davantage », a dit Mme Blais.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

En entrevue hier, la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, a soutenu que le montant d’aide, plafonné à 3300 $ par « unité d’habitation », sera revu à la hausse.

Comme La Presse l’a révélé hier, Québec a largement sous-estimé le coût de l’installation de gicleurs dans les résidences pour personnes âgées. La facture moyenne est 60 % plus élevée que prévu. On s’attendait à un coût moyen de 193 034 $ par résidence. Or, « le coût moyen constaté », celui observé dans les résidences qui ont fait les travaux, atteint 303 506 $ en date de décembre.

Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux, plus d’un millier de résidences n’ont pas de gicleurs plus de cinq ans après la tragédie de L’Isle-Verte, qui a vu 32 aînés périr dans l’incendie de la Résidence du Havre. Le Regroupement des résidences pour aînés conteste cette estimation et soutient que le nombre réel est moins élevé, mais tout de même important. Le Ministère inclut dans son décompte de très petites résidences qui n’ont pas l’obligation d’installer des gicleurs, fait-il valoir.

Des « irritants »

En date du 10 mars, seulement 52 résidences avaient fait une demande de paiement de la subvention et, donc, avaient installé des gicleurs en vertu du programme, selon les données du Ministère. Moins de 10 des 183 millions prévus ont été versés jusqu’ici. La vaste majorité des résidences en sont aux étapes préliminaires du programme visant, entre autres, à vérifier leur admissibilité.

« Le programme ne fonctionne pas. Dans sa forme actuelle, il n’est pas capable d’atteindre sa cible », a lancé Marguerite Blais.

Elle compte éliminer des « irritants » et s’attaquer au problème d’accès au crédit vécu par plusieurs propriétaires. Les subventions seront données plus rapidement aux résidences au lieu d’être versées sur une période de cinq ans, par exemple. Ce serait une façon de contourner la difficulté de plusieurs propriétaires à obtenir du crédit auprès des institutions financières.

Le gouvernement Couillard a décidé en 2015 d’obliger les résidences, à l’exception des très petites, à se munir de gicleurs, comme le recommandait le coroner dans son rapport d’enquête sur le drame de L’Isle-Verte. Québec leur a donné jusqu’au 2 décembre 2020 pour se conformer à cette obligation. Le ministère de la Santé reconnaît que bon nombre de résidences « peinent à réaliser les travaux avant la date butoir ». Marguerite Blais a laissé entendre que l’échéancier serait repoussé.

« Ça fait partie de la révision [du programme]. Mon intention, c’est de faire en sorte que tout le monde se conforme et de faire en sorte que les gens soient en mesure de se conformer », a-t-elle répondu.