La situation n’est pas près de s’améliorer pour les sinistrés inondés, dont le nombre a recommencé à monter et dont plusieurs sont sous le coup d’une nouvelle menace.

Le barrage des Chutes-Bell d’Hydro-Québec, situé sur la rivière Rouge à une quinzaine de kilomètres de la rivière des Outaouais, est menacé de rupture et la sécurité publique a lancé jeudi après-midi une alerte avisant tous les riverains en aval de l’ouvrage d’évacuer immédiatement.

La Sûreté du Québec a aussitôt amorcé l’évacuation d’urgence de quelque 250 citoyens menacés par la rupture du barrage.

Une rupture de cette infrastructure construite en 1942 créerait un apport d’eau massif dans la rivière des Outaouais et, par la suite, vers le Saint-Laurent, là où des inondations ont déjà frappé des milliers de citoyens.

Selon le site d’Hydro-Québec, il s’agit d’un ouvrage de béton de 19 mètres de haut et de près de 60 mètres de longueur dont la capacité de retenue est de 4 millions de mètres cubes d’eau.

Nouveaux sinistrés

Pendant ce temps, le nombre de citoyens sinistrés par les inondations a recommencé à monter avec les nouveaux débordements de rivières dans les terres, qui sont soumises à leur tour aux dégels et débâcles dans les secteurs plus au nord de l’Outaouais, de Laurentides-Lanaudière et de la Mauricie.

Les baisses récentes du nombre de sinistrés étaient surtout attribuables au retrait des eaux de la Chaudière et à la réintégration des Beaucerons sinistrés, de loin les plus nombreux à avoir été inondés.

Toutefois, la fonte des neiges dans les montagnes des secteurs du nord de l’Outaouais, des Laurentides, de Lanaudière et de la Mauricie a entraîné des inondations dans ces régions, en plus d’accroître l’apport d’eau dans l’ensemble des cours d’eau qui se déversent dans le corridor déjà inondé de Gatineau à Trois-Rivières.

« On voit vraiment le phénomène de crue printanière qui est commencé pour ces régions », a expliqué le porte-parole de la sécurité civile, Thomas Blanchet, en entrevue avec La Presse canadienne.

« Il y a de bons couverts de glace et une bonne épaisseur de neige, ce qui fait qu’on a une fonte continue. On voit que les rivières réagissent plus fortement qu’à l’habitude, comme ce fut le cas à Lachute. On peut voir des similitudes avec ce qui est arrivé le long de la rivière Chaudière et ce secteur sera en haute surveillance », a-t-il ajouté.

Le bilan de jeudi après-midi fait ainsi état de 919 personnes évacuées, 2515 résidences inondées et 2184 autres qui sont coupées du monde, isolées soit par des routes ou ponts submergés ou par des routes coupées par des glissements de terrain.

C’est désormais la région des Laurentides qui vient au premier rang pour le nombre de résidences inondées ou isolées et au deuxième rang pour le nombre de personnes évacuées, la Montérégie occupant maintenant la tête de ce triste palmarès avec 254 citoyens chassés de leurs demeures, la totalité de ceux-ci provenant de la municipalité de Rigaud, le long de la rivière des Outaouais.

Hausse des niveaux assurée

Il n’y a aucun répit en vue à court terme pour les inondés dans le corridor Gatineau-Montréal-Trois-Rivières puisque des apports d’eau importants sont attendus à compter de vendredi matin jusqu’à la fin de la journée samedi ou dimanche matin, dans les régions plus à l’est.

« On voit venir un système qui va laisser plus de pluie que ce qui était anticipé en début de semaine », a expliqué Marie-Ève Giguère, météorologue à Environnement Canada, en entrevue téléphonique.

« Pour toutes les régions de l’Outaouais jusqu’au Bas-Saint-Laurent en passant par le Saguenay-Lac-Saint-Jean, on parle d’un 20 à 40 millimètres de pluie. La région qui sera la plus affectée, c’est au nord du fleuve, où on a vraiment un corridor qui comprend les Laurentides, Lanaudière, la Mauricie, le nord de Québec et Charlevoix, à cause du relief sur les contreforts des montagnes, on va avoir plus de précipitations. On parle d’une quarantaine de millimètres et potentiellement jusqu’à 50 », a-t-elle dit.

« Au sud du fleuve, on en attend un peu moins, mais quand même de 20 à 40 millimètres », a ajouté Mme Giguère.

Elle ajoute que la situation sera aggravée par des températures oscillant autour de 10 degrés et plus, ce qui fera accélérer la fonte des neiges. Le couvert de neige demeure d’ailleurs assez important dans les secteurs nord des régions les plus touchées. Selon les cartes de profondeur de neige d’Environnement Canada, on voit par exemple qu’il reste toujours entre 50 et 60 centimètres de neige sur toute la bande allant de Maniwaki à La Tuque et plus d’un mètre et demi dans Charlevoix.

Toute cette neige, une fois fondue, s’ajoutera aux systèmes hydriques qui s’écoulent vers le fleuve Saint-Laurent.

« On va assurément voir des hausses de niveau », confirme Thomas Blanchet en parlant de la rivière des Outaouais, du Lac des Deux-Montagnes, de l’archipel de Montréal et du fleuve et du lac Saint-Pierre, déjà inondés.

« On est sur le terrain avec les municipalités pour continuer notre préparation et s’assurer aussi que les Forces armées canadiennes nous donnent un coup de main, mais c’est sûr qu’on a un fort risque d’avoir de nouvelles inondations », a-t-il expliqué, ajoutant que « les hausses sont lentes, parce que ce sont de grosses rivières et ça réagit plus lentement ».

Dans les terres, dit-il, avec les couverts de neige en forêt et de glace sur les rivières, « c’est sûr qu’il y a des risques d’embâcle. L’eau peut monter très vite. »

À Ottawa, le maire Jim Watson a déclaré l’état d’urgence pour faire face aux inondations.

Selon M. Watson, environ 400 soldats des Forces armées canadiennes devraient participer aux efforts de lutte aux inondations dans la ville. Il assure que la déclaration d’état d’urgence aidera les équipes de la ville, les bénévoles et les résidants des zones touchées.

Renforts avant le répit ?

Pour l’instant, la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, assure qu’avec la sécurité civile, les services municipaux, les policiers municipaux et provinciaux et les quelque 1000 militaires déployés « les ressources sont suffisantes, elles font le maximum déjà et continueront de le faire ».

De passage à Lachute, nouvellement inondée jeudi, elle a toutefois précisé qu’elle n’hésiterait pas a déployer d’autres effectifs : « Si on devait éventuellement demander d’autres moyens, je n’hésiterais pas à le faire de la même façon que j’ai fait appel à l’armée très tôt dans le processus. »

Le répit ne viendra pas avant dimanche, au mieux, mais au moins tous les éléments seront finalement combinés pour aider les services d’urgence.

« Une fois que le système de pluie sera passé, on va tomber dans des températures plus de saison et même un peu en-dessous », a rapporté Marie-Ève Giguère.

« Après le système de samedi, on a trois quatre, jours de répit jusqu’à au moins mercredi prochain, avec peu de précipitations, des mercures autour de 5 à 10 degrés de jour et des nuits un peu au-dessus du point de congélation dans la vallée du Saint-Laurent, mais partout ailleurs on va descendre quelques degrés sous le point de congélation », a-t-elle précisé, ce qui va ralentir la fonte.

Cependant, les sinistrés n’auront d’autre choix que de s’armer de patience. « On parle de niveaux d’eau qui vont rester élevés et on ne parle pas de jours, mais bien de semaines », a averti la météorologue.

Inondation majeure

-Fleuve Saint-Laurent, au lac-Saint-Pierre, en hausse

-Lac des Deux Montagnes, à Pointe-Calumet, en hausse

-Rivière de la Petite Nation, en amont de Ripon, en hausse

-Rivière des Outaouais, à la Baie Quesnel, en baisse

-Rivière des Outaouais, à la Baie de Rigaud, en baisse

Inondation moyenne

-Fleuve Saint-Laurent, à Trois-Rivières, en baisse

-Lac des Deux Montagnes, à Sainte-Anne-de-Bellevue, en baisse

-Lac des Deux Montagnes, à Terrasse-Vaudreuil, en baisse

-Lac des Deux Montagnes, Sainte-Anne-de-Bellevue, en hausse

-Lac Louise, à Weedon, en baisse

-Lac Maskinongé, à Saint-Gabriel-de-Brandon, en baisse

-Rivière Chaudière, en aval du barrage Mégantic, en baisse

-Rivière des Mille Îles, en amont du barrage du Grand-Moulin à Deux-Montagnes, en hausse

-Rivière des Mille Îles, en aval du barrage du Grand-Moulin à Deux-Montagnes, en hausse

-Rivière des Mille-Îles, à Bois-des-Filion, en baisse

-Rivière du Nord, en amont du pont du CN à Saint-Jérôme, en baisse

-Rivière du Nord, en aval du pont du CP près de Sainte-Agathe-des-Monts, en baisse

-Rivière Rouge, en amont de la chute McNeil, en hausse

Inondation mineure

-Fleuve Saint-Laurent, à Lanoraie, en baisse

-Fleuve Saint-Laurent, à Bécancour, en baisse

-Fleuve Saint-Laurent, à Port-Saint-François, en baisse

-Fleuve Saint-Laurent, à Sorel, en baisse

-Lac Aylmer, au quai de Stratford, en baisse

-Lac Champlain, dans la baie Missisquoi à Saint-Armand, en hausse

-Lac des Trente et Un Milles, à Sainte-Thérèse-de-la-Gatineau, en hausse

-Lac Memphrémagog, à Memphrémagog, en baisse

-Lac Saint-Louis, à Sainte-Anne-de-Bellevue, en baisse

-Rivière des Outaouais, à Ottawa au parc Britannia, en hausse

-Rivière des Outaouais, à la marina de Hull, en hausse

-Rivière des Prairies, à la tête des rapides du Cheval Blanc, en baisse

-Rivière du Diable, en amont du pont de la route 117, en baisse

-Rivière du Nord, au pont de la route 148 à Lachute, en hausse

-Rivière L’Assomption, au pont-route 158 à Joliette, en baisse

-Rivière Maskinongé, au pont du CN près de Sainte-Ursule, en baisse

-Rivière Matawin, en aval du pont-route 131 à Saint-Michel-des-Saints, en baisse

-Rivière Noire, en amont du pont-route à Sainte-Émélie-de-l’Énergie, en baisse

-Rivière Ouareau, à la tête des chutes Dorwin, en baisse

-Rivière Picanoc, chemin du Lac-Cayamant à Gracefield, en baisse

-Rivière Richelieu, à Carignan, aux rapides Fryers, en baisse

-Rivière Richelieu, à Saint-Jean-sur-Richelieu, en baisse

-Rivière Saint-Charles, en amont de la Lorette, en baisse

-Rivière Saint-François, au lac Aylmer à Weedon, en baisse

-Rivière Saint-François, en aval du barrage Aylmer, en hausse

Rivières et plans d’eau sous surveillance

-Du Loup, en aval du ruisseau Carufel, en baisse

-Fleuve Saint-Laurent, à Montréal près du boulevard LaSalle, en hausse

-Lac Champlain, à Rouses Point, en baisse

-Lac Mégantic, à Lac-Mégantic, en baisse

-Rivière Beaurivage, en aval du pont-route 171 à Saint-Étienne, en baisse

-Rivière Chaudière, au pont-route 218 à Saint-Lambert-de-Lauzon, en baisse

-Rivière Chaudière, en aval du barrage Sartigan, en hausse

-Rivière Chaudière, au pont-route 271 à Saint-Georges, en baisse

-Rivière Chaudière, au nord du pont-route 171 à Scott, en baisse

-Rivière Chaudière Au pont-route 276 à Saint-Joseph, en baisse

-Rivière du Lièvre, en amont du pont-route 311 à Lac-Saint-Paul, en hausse

-Rivière du Loup, au pont-route à Saint-Joseph-de-Kamouraska, en baisse

-Rivière Famine, en amont du pont-route 173 à Saint-Georges, en baisse

-Rivière Gatineau, au pont du boulevard Fournier, en hausse

-Rivière l’Assomption, à Saint-Charles-Borromée, en hausse

-Rivière l’Assomption, à Sainte-Mélanie, en baisse

-Rivière Mastigouche, en aval du lac Sainte-Rose, en baisse

-Rivière Richelieu, à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix, en baisse