(Grenville-sur-la-Rouge, Montréal) La crue de la rivière Rouge est telle que le barrage Chute-Bell, à Grenville-sur-la-Rouge, dans les Laurentides, a atteint la capacité maximale pour laquelle il a été conçu, ce qui a amené les autorités à ordonner l'évacuation du secteur en aval. 

Un message « alerte de risque de rupture de barrage » a été diffusé sur les ondes des principaux postes de télévision. L’avis touche la rivière Rouge, en aval du barrage de la Chute-Bell, jusqu’à la rivière des Outaouais, à Grenville-sur-la-Rouge.

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La vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault s'est toutefois voulue rassurante, lors d'un point de presse en début de soirée au siège social d'Hydro-Québec, en insistant sur le fait qu'il s'agit d'une « mesure préventive ».

Il y a 23 résidences principales et 38 résidences secondaires dans la zone à risque, si bien que les autorités ignorent exactement combien de personnes se trouvent dans le secteur, a déclaré la ministre.

La montée actuelle des eaux constitue en une « crue millénale », qui survient une fois tous les 1000 ans, a expliqué Simon Racicot Daignault, directeur principal de la production d'Hydro-Québec.

Le niveau de l'eau au barrage a atteint 142,86 mètres au-dessus du niveau de la mer en début d'après-midi, ce qui correspond à la capacité maximale pour laquelle il a été conçu.

Les spécialistes d'Hydro-Québec calculent qu'il pourrait augmenter de 70 centimètres avec les précipitations attendues dans les prochaines heures et la fonte des neiges qui s'en trouvera accélérée.

Le débit de la rivière Rouge a quant à lui atteint 980 m3/secondes en après-midi et il pourrait augmenter de 30 %, selon la société d'État.

« On rentre dans une zone inconnue », a illustré M. Racicot Daignault, ajoutant cependant que l'ouvrage « est solide » et qu'il a fait l'objet d'un entretien constant et récent.

Par conséquent, le « protocole » prévoit l'évacuation des secteurs à risque en aval, a-t-il expliqué.

« L'état du barrage n'est pas en cause », a insisté la ministre Guilbault.

L'ouvrage, qui n'est plus en activité depuis 1999, est situé à 18 km au nord de l'embouchure de la rivière rouge, qui se jette dans la rivière des Outaouais.

Il s'agit d'un barrage au fil de l'eau, qui ne comprend donc pas de réservoir ; il n'empêche que sa rupture créerait une vague d'eau qui pourrait être dévastatrice.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Sur place, les routes sont barrées préventivement par les pompiers afin que personne ne puisse atteindre les secteurs menacés.

Les autorités évacuent les citoyens

Sur place, les routes sont barrées préventivement par les pompiers afin que personne ne puisse atteindre les secteurs menacés. Les autorités s'affairent toujours à évacuer des citoyens dans les zones touchées.   

Une douzaine de personnes de Grenville-sur-la-Rouge ont été évacuées devant la menace de rupture du barrage de la Chute-Bell.

Des policiers de la Sûreté du Québec et des pompiers font du porte-à-porte pour évacuer les résidants. Quelques-uns ont été transportés à l’hôtel de ville de Grenville-la-Rouge, où des informations leur sont données.

« Ça se passe très bien »,  a dit en point de presse l’agent Daniel Thibodeau, de la SQ.

« Les gars d’Hydro, ont mis des sondes pour pouvoir surveiller et ont quitté. Nous on a vidé le secteur, il y a encore des gars de la Sûreté du Québec qui surveillent », explique Neil Swail, directeur du service de sécurité incendie d’Harrington.  

« C'est dangereux pour les gens qui sont en bas, proches de la rivière », soutient pour sa part Raymond Jean-Louis, un citoyen évacué. Il est allé voir lui-même l'état du barrage, plus tôt en journée lors d'une promenade. Il a constaté les niveaux très élevés d'eau présente. N'en demeure pas moins qu'il croit que toutes ces mesures relèvent un peu du spectacle. « Moi, je veux juste rentrer chez moi! », rajoute-t-il. 

Québec invite les citoyens à consulter le site alerte.gouv.qc.ca ou les médias locaux pour plus d’informations.