Plus de 48 heures après un intense épisode de verglas, encore 15% de la population de Laval, et un total de 110 000 abonnés dans la province, manquaient toujours de courant la mi-journée mercredi. Privés de courant, des citoyens jouent aux ingénieux, tentant de chauffer leurs demeures avec des barbecues et autres dispositifs causant plusieurs cas d'intoxications au monoxyde de carbone.

«C'est simple : dès qu'il y a un feu, il y une émanation de monoxyde qui doit être évacuée», explique Evelyne Boudreau, représentante de la sécurité civile pour le Service de police de Laval (SPL). Au CIUSS de Laval, on recense 25 cas liés au monoxyde de carbone depuis lundi. 

«Deux familles, chacune avec plusieurs enfants ont été transportées dans la nuit pour des intoxications», explique Sylvain Gariépy, chef de division pour le Service de sécurité incendie de Laval. Dans ces deux cas, il s'agissait de barbecues transportés à l'intérieur des demeures pour cuisiner et se réchauffer. À cet exemple s'ajoutent d'autres dispositifs tous aussi dangereux : des braises acheminées à l'intérieur des logis ou encore des foyers surchargés...«Il y en a qui ont emballé leurs petits poêles, ça ne fonctionne pas, il faut une cheminée...», rappelle M.Boudreau. 

À Laval deux centres d'hébergements d'urgence ont été mis en place pour aider les personnes manquant d'électricité. 112 personnes y ont dormi la nuit dernière sur des lits de camp mis en place par la Croix-Rouge.

Rétablir la situation

Au plus fort de la crise, 316 000 abonnés manquaient d'électricité, explique Maxence Huard-Lefebvre, représentant aux communications chez Hydro-Québec. Bien que le nombre de personnes privées de courant ait baissé, les branches d'arbres tombant sur les fils causent quelques nouvelles pannes, ajoute-t-il. Il mentionne que la situation devrait rentrer dans l'ordre au plus tard demain matin. Plus de 900 pannes étaient toujours recensées sur le réseau à la mi-journée.

Aux 380 équipes présentes en après-midi hier, plusieurs effectifs supplémentaires ont été ajoutés, des monteurs de lignes provenant du Saguenay, de Sherbrooke et du Vermont. Environ 1000 personnes faisant équipe dans 500 camions sillonnaient ce matin les routes de la province.

Lors de la ré-électrification des demeures, un autre risque s'ajoute, celui de feux créés par un dé balancement au niveau du courant. «Ça crée des arcs électriques, il y a des risques d'électrification! C'est un feu roulant, on a un appel toutes les 15 minutes», explique Étienne Lacharité, pompier à Laval. 17 feux de bâtiments ont eu lieu sur le territoire lavallois dans les dernières 48 heures. 

Les plus vulnérables 

Dans de telles situations, c'est l'accès aux personnes les plus isolées qui demeure la priorité, explique la représentante de sécurité civile, Mme Boudreau. Deux lignes d'autobus, la 27 et la 46, ont été offertes gratuitement aux citoyens pour qu'ils se rendent aux centres d'urgences, mais le défi demeure d'aviser les citoyens que ces ressources existent. «Il y a eu des appels au 911 pour des fauteuils roulants en panne, des personnes qui ne peuvent pas se déplacer, des gens sans téléphone...», explique Mme Boudreau qui assure que le CIUSS de Laval s'est occupé de contacter ces personnes dès le jour 1 de la crise. 

«J'avais froid, je suis allée au Tim Hortons, il n'y avait pas d'électricité, je suis allée au Subway et je suis tombée, j'étais pas bien», raconte Esther Lambert. Après avoir passé quelque temps à l'hôpital Jean-Talon, elle a été amenée au centre communautaire de Lausanne, dans le quartier Vimont, pour passer la nuit.

La famille Majid, a passé pour sa part les deux dernières nuits au centre de Lausanne. Des films et des jeux ont été organisés pour les enfants, des repas sont fournis et le wifi est disponible. Malgré la congruence des mesures d'urgence mises en place, une certaine impatience se fait ressentir sur les lieux.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

À Laval, deux centres d'hébergements d'urgence ont été mis en place pour aider les personnes manquant d'électricité.