Un ancien monastère de style néoroman en excellent état s'apprête à tomber sous le pic des démolisseurs à Berthierville, pour faire place à un développement domiciliaire, au grand dam des défenseurs du patrimoine religieux.

L'édifice imposant qui a déjà abrité 45 dominicaines a été vendu la semaine dernière par les religieuses. L'acheteur, un entrepreneur, a obtenu lundi le permis de démolition, même si l'édifice fait partie de l'inventaire du patrimoine religieux de la MRC d'Autray.

«La municipalité a octroyé le permis de démolition mais n'a consulté personne, n'a averti personne, déplore Maryse St-Amand, directrice générale de la Corporation du patrimoine de Berthier. C'est choquant, car la MRC recommande la sauvegarde du bâtiment et indique que la municipalité devrait protéger l'édifice.»

Selon une fiche produite par la MRC d'Autray, l'ancien monastère des Dominicaines de Berthierville, construit en 1934, a une valeur patrimoniale «exceptionnelle» et son état de conservation est «excellent».

L'entrepreneur qui en a fait l'acquisition confirme à La Presse que la démolition doit commencer «dans les prochaines semaines». Mais selon André St-Martin, le bâtiment n'a pas de valeur patrimoniale. «Ce n'est pas du patrimoine, si ç'avait été du patrimoine on n'aurait pas eu le permis», fait valoir le président de Construction Germain St-Martin.

Pourquoi la municipalité de Berthierville permet-elle de démolir un bâtiment que la MRC recommande de protéger ? Mercredi après-midi, la mairesse n'était pas disponible pour une entrevue.

Les religieuses se disent désolées de voir le sort réservé à leur ancien monastère. Mais les Dominicaines expliquent qu'elles n'avaient pas le choix de vendre, les coûts d'entretien du bâtiment étant trop lourds à porter.

«Ç'a été compliqué de trouver un acheteur car le bâtiment est grand et Berthierville n'est pas une ville immense», explique Micheline Turcotte, des moniales dominicaines.

«On a quitté Berthierville pour à Shawinigan en 2012 et ça fait sept ans que l'on cherche un acheteur. Ça coûte cher d'entretenir ce monastère et il fallait faire quelque chose.»

«Mais c'est un très, très beau monastère, avec une belle architecture romane dedans. C'est une tristesse pour nous de le voir partir mais on n'avait pas le choix», dit-elle.

Le promoteur a l'intention d'aller de l'avant avec la destruction. «Les gens paniquent sept, huit ans plus tard. Y'a des gens qui viennent de découvrir la bâtisse, elle est abandonnée depuis sept ans!», lance André St-Martin.

La Corporation du patrimoine de Berthier aimerait des explications de la municipalité. Mme St-Amand affirme qu'un processus de consultation pour trouver une vocation communautaire au monastère avait été enclenché.

«Et là tout d'un coup on apprend que ça va être démoli. Est-ce qu'on peut être mis au courant ? C'est une partie de notre histoire, de notre patrimoine, dit-elle. Comment ça cette décision a été prise sans consulter la population ? Tout le monde est pas mal sous le choc.»