Des représentants des chauffeurs de taxi sont sortis amèrement déçus d'une rencontre avec des fonctionnaires du ministère des Transports, lundi, à Montréal.

Espérant établir un dialogue, ils ont plutôt eu une fin de non-recevoir sur leur demande d'une pause de deux semaines des travaux parlementaires sur le projet de loi 17, qui vise notamment une déréglementation de l'industrie, a indiqué le porte-parole du Regroupement des intermédiaires de taxi de Québec, Abdallah Homsy.

« Quand vous mettez 22 000 familles en faillite, et vous savez très bien que c'est ça qui est en train d'arriver, et vous n'êtes pas sensibles au fait de prendre deux semaines, il y a un problème », a exprimé en entrevue, lundi soir, M. Homsy.

Les représentants des chauffeurs de taxi souhaitaient aussi convaincre le ministère des Transports de faire une étude sur les répercussions de la déréglementation projetée, notamment sur ses coûts sociaux.

Mais selon M. Homsy, le dialogue ne s'est pas tout simplement pas ouvert lors de cette rencontre de plusieurs heures.

« Ils ont voulu travailler sur des articles de loi, alors que la base la plus importante, c'est le principe de ce projet de loi », a-t-il fait valoir.

Le ministre des Transports, François Bonnardel, a annoncé une déréglementation de l'industrie du taxi qui prévoit notamment la fin du contingentement, faisant ainsi chuter le prix des permis.

Québec offre en retour aux chauffeurs et propriétaires de taxis un dédommagement de 250 millions pour une deuxième année consécutive, mais cela est insuffisant aux yeux des chauffeurs. Des chauffeurs ont payé leur permis de taxi 200 000 $ et certains détiennent plus d'un permis.

La semaine dernière, le ministre des Transports a précisé que la somme de 500 millions sur deux ans était finale et qu'elle respectait la capacité de payer des Québécois. Devant la grogne des chauffeurs, il a fait valoir que ceux-ci pourront bénéficier d'un fardeau administratif moindre, après sa réforme, et qu'ils pourront imposer une « tarification dynamique » - qui peut varier.

« On se présente ici pour demander une chose : faire une étude sérieuse, indépendante, transparente, une étude d'impact, les coûts sociaux et ce qui arrive », résumait plus tôt lundi M. Homsy, avant d'entrer au ministère des Transports.

Le gouvernement Legault, selon lui, a agi de façon prématurée sans mesurer pleinement les conséquences économiques et humaines de la déréglementation projetée. « On n'est pas certain qu'ils ont toutes les études nécessaires. Ils sont en train de lancer des chiffres à gauche et à droite » a critiqué M. Homsy.

« Si le premier ministre ou le ministre veut négocier, je l'invite à négocier premièrement avec Uber. Nous, on n'a pas demandé à être exproprié. (Le ministre Bonnardel dit) qu'il n'a pas les moyens de payer, bien tant mieux, car nous on n'a pas demandé à être expropriés. Qu'il commence par s'asseoir avec Uber au lieu de protéger Uber », s'est exclamé M. Homsy.

Il a aussi invité le premier ministre, le ministre des Transports et les membres du gouvernement à faire preuve de retenue dans le choix de leurs mots, la situation actuelle étant « critique », a-t-il affirmé. La semaine dernière, le propriétaire de plusieurs permis de taxi a fait une tentative de suicide en direct à la télévision.

« Il faut qu'on soit sérieux et transparent parce qu'il y a des vies en jeu », a lancé M. Homsy.

À la suite de la rencontre, M. Homsy ne s'est pas avancé sur d'éventuels autres moyens de pression. « C'est certain qu'il y aura des réactions. On va discuter avec la base aujourd'hui et demain, et on va voir », a conclu le représentant.