Un groupe de citoyens issus de différentes régions craint la mainmise de promoteurs immobiliers dans les municipalités à la faveur de la loi 122 qui a augmenté l'autonomie des villes et villages un peu partout au Québec il y a près de deux ans, et qui bâillonnerait la population. La ministre des Affaires municipales est invitée à intervenir.

« Il y a des abus partout. La commission Charbonneau s'est penchée sur les contrats de construction, mais la corruption municipale rime souvent avec les changements de zonage faits au nom du développement. Les promoteurs immobiliers prennent le contrôle en coulisses à plusieurs endroits », dénonce Huguette Therrien, une citoyenne préoccupée par certains dossiers menés à Saint-Jean-sur-Richelieu, dont l'un visant un boisé.

Dans une stratégie de bouche à oreille, Mme Therrien et son entourage ont tissé des liens avec d'autres citoyens installés dans une quinzaine de municipalités et tout aussi engagés qu'elle, notamment à Saint-Lambert, Mont-Saint-Hilaire, Longueuil, Rivière-du-Loup, Rimouski, Contrecoeur, Sainte-Julie, Mascouche et Sainte-Lucie-des-Laurentides. D'un commun accord, ils ont sollicité une rencontre avec la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, il y a une dizaine de jours. Selon eux, il y a urgence.

La loi 122 « permet aux élus municipaux de retirer le seul pouvoir décisionnel des citoyens, le droit aux référendums municipaux ». La loi réduit également, écrit Mme Therrien dans sa lettre à la ministre, « les contrôles gouvernementaux sans exiger en retour une plus grande imputabilité ».

Réponse du gouvernement

Au cabinet de la ministre Laforest, on explique que le gouvernement s'apprête à « répondre » à plusieurs questions soulevées par le groupe de Mme Therrien. L'attaché politique responsable de « ce dossier se fera un plaisir de rencontrer Mme Therrien pour échanger sur les différents enjeux », a-t-on précisé à La Presse.

Le groupe estime que tout doit être fait pour favoriser l'implication citoyenne et propose une modification législative à cet égard. Le but est d'éviter que « les grands promoteurs » puissent s'installer dans des milieux humides, des forêts ou sur des terres agricoles.

« Les municipalités ont le champ libre. C'est une aberration sans nom ! », lance Mme Therrien qui estime qu'il n'y a « aucun respect à l'égard des citoyens ». « On nous traite de chialeux, mais ce qu'on veut, c'est simple, c'est de la transparence », conclut-elle.

Outre les problèmes qui pointent les promoteurs immobiliers, le groupe de citoyens réclame des balises pour assurer la reddition de comptes au sein des municipalités. Il souhaite notamment que le monde municipal soit assujetti au Vérificateur général du Québec sauf pour les villes de 100 000 habitants et plus, qui ont l'obligation d'avoir un vérificateur général indépendant qui les surveille. Soulignons toutefois qu'en vertu de la loi 155, c'est la Commission municipale du Québec qui a hérité de cette responsabilité dans les autres municipalités.

Les doléances du groupe de citoyens rappellent les manquements des dernières années dans plusieurs municipalités comme Terrebonne, Laval, Saint-Constant et plus récemment Chambly, qui est sous la tutelle de la Commission municipale du Québec.