La centaine de touristes québécois qui étaient coincés dans un hôtel en Haïti en raison des manifestations violentes dans ce pays sont enfin arrivés à Montréal samedi soir.

Un vol d'Air Transat transportant les 113 passagers, ainsi que quelques personnes qui devaient voyager avec d'autres compagnies aériennes, a atterri à l'aéroport Pierre Elliott Trudeau peu après 21 h.

Les évacuations par hélicoptère avaient commencé en matinée pour conduire les voyageurs en petits groupes depuis un hôtel de villégiature situé sur la Côte des Arcadins, dans les Caraïbes, jusqu'à l'aéroport de la capitale, Port-au-Prince.

Air Transat a déclaré que les gouvernements du Québec et du Canada avaient aidé à coordonner les efforts d'évacuation.

« Nos clients, ainsi que leurs proches, ont vécu une semaine difficile sous le signe de l'incertitude », a déclaré la porte-parole Annick Guérard dans un communiqué.

« Depuis la montée des tensions en Haïti, nos équipes sont mobilisées et travaillent dur pour rapatrier nos clients en toute sécurité et le plus rapidement possible. »

Transat refusait jusqu'à vendredi soir de les transporter à l'aéroport par hélicoptère « pour des raisons de logistique et de sécurité » alors que d'autres touristes étrangers avaient pourtant été évacués par leur voyagiste la semaine dernière.

Sur place samedi matin, le Québécois Normand Rosa s'est dit heureux qu'Air Transat ait finalement entendu raison, devant la pression exercée par les médias et sur les réseaux sociaux, ainsi que par sa clientèle obligée de prolonger son séjour dans un hôtel tout inclus, sans internet ni téléphone, et qui fonctionne sur des génératrices puisque l'électricité y a été coupée.

Joint sur son téléphone portable à l'hôtel situé sur la Côte des Arcadins, alors qu'il attendait d'être évacué par hélicoptère à son tour, M. Rosa a souligné que les Américains avaient pu partir de cette façon dès la semaine dernière parce qu'il s'agissait du moyen d'évacuation jugé le plus sécuritaire.

Normand Rosa a raconté que des Québécois à l'hôtel pleuraient samedi matin alors qu'ils réalisaient l'ampleur du désespoir pour le peuple haïtien. Même si les pharmacies et les banques étaient toutes fermées, les Haïtiens qu'ils croisaient ne leur demandaient pas d'argent, mais s'ils avaient de l'eau potable en bouteille à leur laisser.

M. Rosa n'avait que de bons mots pour le personnel de l'hôtel, insistant sur le fait que les touristes québécois ont été bien traités et n'ont jamais manqué de nourriture. Par contre, il a avoué que l'inquiétude commençait à s'installer alors que le complexe hôtelier cherchait à économiser de l'énergie en fermant une piscine et la climatisation le jour.

Les manifestations réclamant la démission du président Jovenel Moise ont fait plusieurs victimes cette semaine.

Les manifestants sont mécontents de l'inflation galopante et de l'incapacité du gouvernement à poursuivre les responsables d'un détournement de fonds lié au programme vénézuélien de plusieurs milliards de dollars qui exportait du pétrole à prix réduit en Haïti.

Des reproches

Marie-Christine Remy, une Sherbrookoise dont la mère était coincée au même hôtel en Haïti depuis dimanche dernier, n'avait pas de félicitations pour Air Transat qui ne l'a pas rappelée.

« Air Transat ne nous a pas contactés », a-t-elle laissé tomber sèchement alors qu'elle était en entrevue à La Presse canadienne samedi, avant l'arrivée des passagers.

Pour Mme Remy, il était clair que sans l'intervention des médias, tous ces Québécois en vacances seraient toujours coincés là-bas bien malgré eux.

« Je suis contente face à l'ampleur de la mobilisation qui a contribué à sortir ces gens de là », a-t-elle affirmé alors qu'elle venait tout juste de recevoir la photo de sa mère à l'aéroport de Port-au-Prince avec son billet d'avion.

À l'inverse, elle a reçu des appels du bureau de la députée fédérale de son comté Marie-Claude Bibeau, qui est aussi la ministre du Développement international.

On lui a fait part de l'évolution du dossier, confirmant le retour de sa mère et du conjoint de celle-ci ce week-end, tout en la rassurant.

« Je suis vraiment contente que tout se soit mis en branle pour aider ma mère et tous ces Québécois. C'était vraiment super de voir que ça leur tenait à coeur de les sortir de là autant qu'à moi. »

Depuis Munich en Allemagne, la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland a tenu à souligner en après-midi que le Canada fournissait les services consulaires aux Canadiens sur place en Haïti et qui avaient besoin d'aide.

PHOTO FOURNIE PAR Terry Watson

Plusieurs touristes québécois sont arrivés à l'aéroport de Port-au-Prince.