(Québec) Leur seul tort était d’être nées femmes, quand elles ont été assassinées froidement le 6 décembre 1989, pendant un cours à l’École Polytechnique de Montréal.

Trente ans plus tard, le Québec a fait son devoir de mémoire en rendant un hommage posthume empreint de solennité et d’émotion, jeudi, aux 14 jeunes femmes tombées sous les balles de Marc Lépine.

Les familles des victimes avaient été conviées à se présenter au Salon rouge du parlement, où on leur a remis une médaille de l’Assemblée nationale, au cours d’une cérémonie touchante, en présence de nombreux dignitaires dont le premier ministre François Legault, les chefs des trois partis d’opposition, Pierre Arcand, Manon Massé et Pascal Bérubé, de même que de nombreux parlementaires, dont la libérale Dominique Anglade, qui a étudié à Polytechnique quelques années plus tard pour devenir ingénieure.

Durant la cérémonie de commémoration, dans un Salon rouge aux lumières tamisées pour l’occasion, les photos des 14 étudiantes disparues défilaient en boucle sur grand écran, tandis que les mélopées d’un trio à cordes incitaient au recueillement.

Après la remise des médailles, les personnes présentes ont été invitées à défiler près de l’écran et à déposer sur une table une rose blanche en hommage aux disparues.

Les discours des chefs politiques ont été brefs et bien sentis. Si le style pouvait différer, le message, pour l’essentiel, était le même : nous avons collectivement un devoir de mémoire envers ces jeunes femmes et tout doit être mis en œuvre pour que nos valeurs d’égalité entre les sexes ne soient plus jamais attaquées.

Tel un mantra, tous ont repris la devise du Québec, qui prenait dans les circonstances une résonnance particulière : « Je me souviens ».

« On ne peut reléguer au second plan la lutte pour l’égalité des femmes », a déclaré le premier ministre Legault.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre François Legault

« Il y a eu, au Québec, un avant et un après Polytechnique. Le 6 décembre 1989 sonna la fin de notre insouciance collective, de notre sentiment absolu de sécurité, en bon peuple pacifique et tranquille que nous sommes », a soutenu le chef péquiste Pascal Bérubé.

Jeudi et vendredi, l’agora de l’Assemblée nationale sera transformée en lieu de recueillement à la mémoire des 14 victimes de cet attentat antiféministe.

C’est la première fois en 30 ans qu’une commémoration de cette ampleur est organisée à l’Assemblée nationale pour rappeler le massacre de Polytechnique.